« 𝓐 𝓵𝓲𝒇𝒆 𝔀𝓲𝓽𝓱𝓸𝓾𝓽 𝓻𝒆𝓰𝓻𝒆𝓽𝓼 [SNK ~ Livaï x OC] »

Chapitre 40

*10 mars 844*

Mon cœur se mit à battre plus fort qu'à ma première rencontre avec le commandant des Brigades Spéciales. Je fus tellement pétrifiée que mes jambes refusèrent d'obéir, d'avancer plus loin. Et il semblait même que je n'étais pas loin de frôler la crise de nerfs.

Mon Dieu, depuis ma première sortie des bas-fonds hier, et tout ce qui s'était passé par la suite, j'avais connu plus d'un rebondissement inattendu. Plus d'une fois je n'avais jamais été loin de me faire pincer — et la bonne étoile m'avait toujours tiré de ce mauvais pas. Le cheval volé que j'avais réussi à voler sans me faire prendre, Jaycen Lilipucia m'ayant sauvé la vie tôt ce matin, ma bagarre, la rencontre avec Naile Dork...

Allez savoir comment la chance avait forcé le destin pour me porter secours.

Et là, une fois encore, un nouveau danger était apparu. Pourtant, j'ignorais comment j'allais me débrouiller cette fois-ci pour m'en tirer — d'autant qu'Erwin ne tarderait pas à découvrir le pot-aux-roses si Naile Dork lui racontait notre rencontre.

Il comprendrait rapidement que le village de Stykadès, dans les montagnes situées au sein du Mur Rose, était bidon, tout comme mon identité et l'histoire que j'avais inventée.

Karen Hydargos.

À défaut de reprendre le nom de famille de Livaï, ou de choisir celui d'un de mes amis, j'en avais inventé un qui sonnerait plutôt bien avec le prénom de ma mère. Pas un nom courant comme Dupont, Martin, Vincent et compagnie. J'avais dû faire très vite un choix car le commandant des Brigades Spéciales m'avait interpellée et avait entamé la discussion avec moi. Il n'avait pas mis longtemps à mordre à l'hameçon (ce qui, entre nous, m'avait rassurée car il pouvait à tout moment me démasquer). C'était vraiment un coup de bol !

Et pourtant... à quel prix ?

À présent qu'Erwin Smith avait fait son entrée en scène, ma magnifique histoire allait tomber à l'eau. Ça allait partir en vrille sous peu.

Je ne savais pas ce que les deux hommes se racontaient, ma position était trop loin de la leur. Cela ne s'arrangea pas quand des éclats de voix s'élevèrent non loin. Deux petits groupes étaient en train de se quereller (visiblement pour une femme), et ils n'allaient pas tarder à en venir aux mains. Je roulais des yeux en marmonnant dans ma barbe :

- Décidément, ce n'est pas mon jour.

L'attroupement venait par ici. Quelques soldats arrivèrent en renforts pour éviter les débordements et appréhender par le même temps les individus perturbateurs. Naile Dork et Erwin Smith furent avertis ; ils s'approchaient du lieu de la dispute.

Moi... j'assistais au loin à la scène, et je faisais mon maximum pour rester éloignée. Ce n'était pas le moment de me faire repérer une nouvelle fois — cela pourrait entraîner ma chute, cette fois.

- Tout doux, mon beau, murmurai-je en caressant le museau du cheval, qui paniquait. On ferait mieux de ne pas trop traîner dans le coin. Il y a trop de mauvaises ondes. Ça risque de partir en cacahuètes sous peu...

Alors, on s'éloigna en quatrième vitesse de la scène de dispute. La porte de Trost ne se trouvait plus très loin, je pourrai rejoindre l'intérieur du Mur Maria et disparaître pour Shiganshina. Il fallait que je me tire d'ici au plus vite, avant de me faire choper par l'armée.