Chapitre 46

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*30 avril 844*

En ce milieu de matinée où les soldats du Bataillon d'exploration avaient quartier libre jusqu'aux entraînements de cet après-midi, je me baladais dans les couloirs. Bien que ça faisait un mois qu'on m'avait enrôlé de force chez les Explorateurs (comme mes amis, le 1er mars), j'arrivais encore à me perdre à travers les couloirs de l'immense quartier général situé au District de Trost. Normalement, le Bataillon en possédait un au District de Shiganshina où ses soldats y passaient la plupart de l'année, mais dans le cadre des réunions avec le commandant Pixis de la Garnison et le fait que la forêt des arbres géants se situait au sein du Mur Rose, ils se déplaçaient donc là-bas pour quelques temps.

Comment faisaient-ils pour ne pas se paumer dans ces fichus couloirs qui se ressemblaient tous ?

Entre nous, les soldats du Bataillon d'exploration n'arriveraient pas non plus dans les bas-fonds, s'ils devaient y vivre 24 heures sur 24. Un vrai terrain de jeu pour moi, qui y avais vécu les dix-huit premières années de ma vie. Là-dessus, chacun maîtrisait son propre terrain de jeu.

La honte pour moi, au sein de leur maudit QG !

Et la honte pour eux, à travers la ville souterraine !

Il n'empêche que c'est assez déprimant de ne pas avoir le sens de l'orientation sur la terre ferme, à l'air libre. Pour quelqu'un qui n'avait connu que les bas-fonds, je devais reconnaître que je ne pouvais m'en sortir sans demander de l'aide à une autre personne.

C'est perdue dans mes pensées que je m'arrêtai en plein milieu du couloir. Et c'est aussi en cet instant que des bruits de pas résonnèrent à quelques mètres de moi, dans mon dos précisément. Je ne m'en étais pas rendu compte avant parce que mes réflexions me prenaient la tête comme pas permis. De plus... le sixième sens prévint que le nouveau venu n'était pas un soldat comme les autres — il possédait des pouvoirs comme Erna Rosenberg, moi et ma mère.

Un Métamorphomage.

Sans réfléchir, je saisis mon fouet à la vitesse de l'éclair et l'envoyai en direction de l'impertinent qui osait me suivre. Presque aussitôt la voix d'un jeune homme s'éleva :

- Je ne suis pas votre ennemi ! Tout va bien, maman m'a parlé de vous. Anna Laguerra, c'est ça ?

Maman ?!

C'est là que la conversation avec Erna Rosenberg me revint en mémoire, lors de ma convalescence au Q.G. de la Garnison. Elle disait avoir eu quatre enfants avec son défunt mari, et que son fils aîné terminait ses trois années dans la 98ème Brigade d'entraînement fin avril ; il s'y était engagé en 841 lors de l'ouverture — unique — aux jeunes dès 10 ans (avec les autres jeunes à partir de 12 ans). Expérience n'ayant plus été renouvelée par la suite, moins d'un an après, à cause de la colère de la population qui avait mis la pression à l'armée pour la supprimer. (Ce qui n'avait pas empêché les rares privilégiés de l'année 841, qui en avaient profité, de se former.)

Ce souvenir permit de confirmer mes doutes lorsque je levais les yeux vers l'interlocuteur.

Ce souvenir permit de confirmer mes doutes lorsque je levais les yeux vers l'interlocuteur

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« 𝓐 𝓵𝓲𝒇𝒆 𝔀𝓲𝓽𝓱𝓸𝓾𝓽 𝓻𝒆𝓰𝓻𝒆𝓽𝓼 [SNK ~ Livaï x OC] »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant