« 𝓐 𝓵𝓲𝒇𝒆 𝔀𝓲𝓽𝓱𝓸𝓾𝓽 𝓻𝒆𝓰𝓻𝒆𝓽𝓼 [SNK ~ Livaï x OC] »

Chapitre 26

*2 janvier 844*

- Tu es complètement inconsciente, ma parole ! Et si le Bataillon d'exploration revenait et te chopait cette fois-ci ?
- Ils étaient à deux doigts de me mettre la main dessus si le plan ne m'avait pas sauvée les miches ! Livaï, tu restes trop sur tes gardes, et ce n'est pas ça qui nous « sauvera les miches » à chaque fois, comme tu dis.
- C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! As-tu oublié que tu avais failli te faire serrer par ces salopards dans une ruelle, il y a quelques années ?
Depuis ce matin, c'était le branle-bas de combat. J'avais émis le souhait d'aller chercher de la nourriture, comme l'autre fois, puisque mon tour était arrivé. (Notons que, depuis la tentative ratée des Explorateurs, mes amis avaient insisté pour me remplacer à cette tâche, même quand cela devait être à moi de le faire. Autant dire que ce n'était pas la joie pour moi...) Évidemment, ma demande n'était pas passée inaperçue : Livaï faillit s'étouffer avec son thé, Isabel recracha le morceau de pain qu'elle mangeait alors et me fixait avec de grands yeux, et Furlan beugua. Des réactions différentes.
Face à l'incompréhension générale, j'avais tenté d'argumenter et de les rassurer que tout se passerait bien. Mais Livaï ne l'entendait pas de cette manière. Il n'avait pas oublié ce qu'il m'était arrivé l'autre jour, et pour être tout à fait franche, il me protégeait à sa façon en essayant de freiner mes ardeurs. Ce qui avait conduit de but en blanc à cette dispute. Furlan et Isabel s'étaient éclipsés pour ne pas y interférer — merci pour votre soutien, les gars. Faux frères !
- Bien sûr que je ne l'ai pas oublié ! m'exaspérai-je, en levant les bras au ciel. Je n'ai jamais oublié cet événement, et je te suis reconnaissante de ton geste depuis ce jour. Mais est-ce que tu peux au moins imaginer la panique qui me serre la gorge lorsque Furlan, toi et Isabel partez chaque jour pour aller chercher de quoi tenir quelques temps, après ma friction avec les Explorateurs ? Je flippe à mort pour vous trois ! Tu sais ce qui se passe, quand mes instincts de Métamorphomage se mettent en branle au cours de votre absence ?
- J'entends bien, et je ne sais que trop bien ton fonctionnement, souffla Livaï, tout aussi énervé que moi. Mais sache que ça fait des années que je m'inquiète pour toi ! Je ne le montre pas, c'est vrai, mais j'ai toujours la crainte qu'il t'arrive quelque chose de grave. Je ne suis pas certain que tu saisisses le danger, là.
- Rhaaaa, tu m'énerves ! Si tu es si inquiet que ça, pourquoi tu ne viens donc pas me surveiller pour qu'il ne m'arrive rien, hein ? Cette conversation ne rime à rien ! On tourne autour du pot depuis trois plombes, et on n'avance toujours...
- Et si vous vous posez un peu, afin de mieux réfléchir aux propos de chacune des deux parties ? nous interrompit Furlan. Vous dites ce que vous ressentez, et c'est très bien, mais ça commence à devenir du grand n'importe quoi. Il y a du vrai et du faux dans ce que vous venez de dire, et je pense que vous devriez y réfléchir.
L'intervention de Furlan tombait vraiment à pic. D'autant qu'en-dehors de la tension qui était palpable, il marquait un point : nous étions tellement pris par notre dispute que nous n'avions pas pris compte de nos propos. Il y existait effectivement du vrai et du faux, dans tout cela.
Furlan avait raison. Nous prendre la tête et nous brouiller pour des choses qui n'avaient aucun sens ne servait à rien, et pourtant c'était ce que nous étions en train de faire, moi et Livaï. Se poser permettrait de se remettre tranquillement en question et de mieux comprendre la position de l'autre — et aussi faire le ménage entre le vrai et le faux. Même si on était encore hyper remontés, il fallait ressasser les bonnes interrogations.
Même si ça ne semblait pas être le bon moment, on décida de faire une trêve. Livaï et moi nous échangeâmes un dernier regard meurtrier avant que je ne lui lance :
- On en parlera une autre fois. Exceptionnellement, je veux bien être accompagnée, mais c'est la dernière fois, d'accord ?
- Ça marche, approuva Livaï.