« 𝓐 𝓵𝓲𝒇𝒆 𝔀𝓲𝓽𝓱𝓸𝓾𝓽 𝓻𝒆𝓰𝓻𝒆𝓽𝓼 [SNK ~ Livaï x OC] »

Chapitre 21

*6 octobre 843*

Si j'avais prédit un jour que je me ferais des alliés dans les bas-fonds, dont la soif de liberté allait dans la même direction que la mienne, j'aurais bien rigolé. Pourtant, ce n'étaient pas les espoirs qui manquaient, chez les habitants de la ville souterraine. Mais l'absence d'argent et la criminalité y allaient bon train et c'était de plus en plus difficile de survivre comme il le faut - ce qui n'arrangeait en rien l'augmentation des décès dans les bas-fonds. Ça donnait un sacré coup au moral.
Avec Livaï, Furlan et Isabel, nous étions partis chercher de quoi nous nourrir, les réserves s'épuisaient. Et avec Isabel comme morfale, ça n'arrangeait pas la situation. D'ailleurs, Furlan n'hésita pas à le lui reprocher :
- Bon sang, Isabel ! On t'avait dit d'y aller mollo, sur la nourriture ! Qu'est-ce que tu as fichu ? Tu ne peux pas te retenir deux minutes ?
- Ça va, je suis désolée ! se défendit la principale accusée. Je ne pouvais pas deviner que ça deviendrait critique à ce point !
- Pourtant, ce n'est pas faute de t'avoir prévenue, lui rappelai-je. On n'a eu de cesse de te le répéter et pourtant, tu fais mine de ne pas nous écouter.
- Et si on revenait plutôt sur notre objectif ? coupa froidement Livaï. Vous me cassez les oreilles, à brailler comme ce n'est pas permis ! Encore un mot, et je vous plante là !
Livaï était d'une humeur massacrante aujourd'hui. La nuit dernière, Isabel avait eu « la brillante idée » d'utiliser son équipement tridimensionnel pour envoyer les crochets au plafond de sa chambre, et ainsi faire tomber le monstre qui lui fichait la trouille en faisant apparaître son visage hideux. Tout ça à cause d'une histoire d'horreur que Furlan lui avait racontée avant de se coucher, une histoire de faucheuse ou je ne sais quoi, qui attaquerait une fois les personnes endormies. Aussi que son visage hideux apparaîtrait au plafond... Forcément, ça ficherait les chocottes à n'importe qui !
Mais ça s'était révélé être l'un des tonneaux situés au grenier (donc au-dessus des pièces de la maison) qui fuyait, ce qui était la cause du « visage hideux » au plafond de la chambre d'Isabel. Et Livaï qui l'avait remarqué, durant son ménage nocturne, s'apprêtait à enlever le tonneau concerné pour nettoyer le sol... mais les crochets ne lui avaient pas laisser le temps de s'en occuper. Et il avait chuté avec le tonneau et le plancher, jusqu'à atterrir sur le sol de la chambre d'Isabel - elle était fin prête à passer à l'attaque. Vous aurez dû voir la tête de Livaï à ce moment-là ! Trempé par le contenu liquide du tonneau (c'était de l'eau), il avait lancé un regard noir en direction de la rouquine, qui avait hurlé de terreur.
Entre ça et le boucan d'avant, j'avais brusquement été tirée de mon sommeil et je m'étais précipitée jusqu'à la chambre d'Isabel, suivie de près par Furlan, lui aussi réveillé. Là, on ne pouvait que constater les dégâts, et Livaï, furax, obligeait Isabel à tout nettoyer. Le pauvre n'avait pas eu d'autre choix que de se changer. Vous comprenez mieux pourquoi Livaï était hyper remonté aujourd'hui.
En silence, je m'approchai de lui et posai une main apaisante dans son dos, histoire qu'il se détende. J'en profitai pour lui murmurer quelques mots à voix basse. Cela porta ses fruits : Livaï se calma un peu et retrouva un semblant de tranquillité. De tout le groupe, j'étais la seule à pouvoir le calmer par de simples paroles, ayant déjà eu du vécu avec lui lorsque Furlan et Isabel nous avaient rejoints. Faut dire qu'il fallait adopter une attitude adéquate face à chacune des facettes de Livaï.
Quand je me retournais, nos compagnons nous fixaient bouche bée.
- Un jour, tu devras m'expliquer comment tu fais pour calmer grand frère, dit Isabel (pour info, elle appelait Livaï « grand frère »).
- C'est clair, acquiesça Furlan. Ça se voit, que vous vous connaissez depuis longtemps.
- Tch. Vous n'avez pas fini de raconter des âneries, tous les deux ? ironisa Livaï. Allez, on bouge : la nourriture ne va pas se trouver toute seule.
Sauf si elle comptait nous rejoindre à pied ! Franchement, quel humour...