Chapitre 41

515 14 2
                                    

*14 mars 844*

Bon, bon. Finalement, ce n'était pas si facile que ça d'avoir la chance à ses côtés éternellement, et de réussir à échapper aux soldats des trois corps d'armée.

La chance s'était peut-être effritée avec le temps, ou alors c'était un mauvais calcul de ma part, mais en tout cas, lors de ma fuite de Trost pour l'enceinte du Mur Maria, il y a quatre jours, quelques soldats s'étaient mis à ma poursuite et l'un d'eux m'avait tiré dans l'épaule.

Une vive douleur s'était manifestée alors que je tentais de rester accrochée à mon cheval. Le bougre m'ayant visé était trop loin pour tirer dans les pattes de ma monture... mais il n'avait sans doute pas prévu de me blesser et de causer une forte fièvre par la suite.

Ne pouvant continuer ma route à cause de la douleur, j'avais dû me résigner à m'arrêter...

//flash-back — 10 mars 844\\

La blessure à l'épaule m'avait obligée à m'arrêter au premier arbre croisé sur notre chemin. Le sang dégoulinait et je souffrais trop pour penser à quoi que ce soit d'autre. Les animaux possédant une sorte de sixième sens pour comprendre les émotions humaines, mon cheval avait dû sentir que quelque chose n'allait pas, et il ralentit sa course. Il trotta tranquillement jusqu'à l'arbre en question. La descente de son dos fut terrible car la douleur resta très vive, et me poussa à ne pas faire de gestes brusques.

C'est pâle comme un linge et en sueur que je m'approchai de l'arbre avec lenteur, faisant tout pour ne pas m'écrouler. Ma vue commençait à s'embrouiller sous le coup de la douleur. Le soleil de la fin de journée éblouissait encore dans le ciel. De mon épaule gauche encore valide, je pris appui contre le tronc de l'arbre.

C'est donc ainsi que ma vie allait se finir ? Mourir de fièvre et d'une balle dans l'épaule droite à tout juste 18 ans ? Mon rêve de liberté allait-il s'évanouir de la même manière que ma courte vie ? C'est tellement ironique... D'autant qu'il y a dix ans, papa avait rendu son dernier soupir au fin fond d'une ruelle de la vie souterraine — et moi, c'est auprès d'un arbre, peu de temps après être remontée des bas-fonds, que j'allais rendre le mien, de dernier souffle.

Papa... je suis tellement désolée. Tu m'avais pourtant recommandé de toujours faire attention, de toujours regarder si les gens en face de moi avaient une arme sur eux. Et comme une idiote, mon envie de liberté était trop forte pour garder cette règle d'or en mémoire.

J'espère que tu me pardonneras pour cet écart.

Peu de temps avant de tomber dans l'inconscience, des bruits de galop et des cris me parvinrent. Comme lointain. Un soldat arriva à ma hauteur pour s'assurer de mon état, et hurla quelque chose que je ne compris pas. Seuls quelques mots furent clairs : soins, blessure à l'épaule, s'évanouir, prévenir, Pixis (c'est qui ?), et aussi "Qu'est-ce qu'il t'est passé par la tête ? Cette gamine souffre le martyre, à cause de toi !"
C'est donc la preuve que celui ou celle qui m'avait tiré dessus n'avait pas l'intention de me blesser, mais seulement de me faire m'arrêter dans la course.

Eh bien, on pouvait dire que c'était réussi !

Puis plus rien. Le noir de l'obscurité m'engloutissait sans me donner le temps de comprendre ce qui se passait.

//fin du flashback — retour dans le présent\\

Maintenant, je me retrouvais dans une sorte d'infirmerie militaire, aux murs blancs, où je m'étais réveillée pour de bon il n'y a même pas deux heures. Les soldats avaient dû me donner un sédatif ou quelque chose dans le genre, car — d'après ce qui était parvenu à mes oreilles lors d'un demi-sommeil de temps à autre — ils murmuraient que ma blessure mettrait du temps à guérir, et à quel point j'avais de la chance d'être encore en vie.

« 𝓐 𝓵𝓲𝒇𝒆 𝔀𝓲𝓽𝓱𝓸𝓾𝓽 𝓻𝒆𝓰𝓻𝒆𝓽𝓼 [SNK ~ Livaï x OC] »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant