Chapitre 23

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*31 octobre 843*

- Tes soupçons se sont révélés justes, Anna. La filature du 6 et les suivantes ont fonctionné, les recherches effectuées n'ont fait que les confirmer : on a le nom du commanditaire ! C'est un noble du nom de Nicholas Rovoff.
À la réaction choquée d'Isabel et à l'étonnement de Livaï et moi, Furlan agita une feuille, résultat des recherches des voyous qui travaillaient avec nous. Le fruit de longues heures d'observation et de filature, des jours entiers avant que ça ne confirme ce qu'ils avaient entendu dans les conversations de ces fumiers... et ce que je pressentais intérieurement, dans le même temps. C'était réjouissant, et aussi ça donnait un coup car une partie de moi espérait que ce ne soit pas le cas. J'espérais que ça ne soit pas Nicholas Rovoff.
Et ce que je craignais était finalement bel et bien vraie. Ça ressemblait plus à une putain de mauvaise blague qu'autre chose !
Mon cerveau accusa difficilement le choc. Je buguais littéralement sur place alors que mon visage se décomposa et que le sourire qui l'arborait disparut. Je croyais même que mon cœur s'était arrêté à la seconde où Furlan annonça sa grande nouvelle !
Prise d'un besoin soudain de me défouler, je pris la décision de sortir de la maison sans prendre mon équipement tridimensionnel, celui-ci étant dans ma chambre. De toute façon, il ne me sera pas utile là où je m'apprêtais à me rendre... Furlan était en train d'expliquer à Livaï et Isabel le procédé qu'il avait utilisé pour connaître le nom du commanditaire, quand je fermais doucement la porte derrière moi. Aucun ne remarqua mon départ. Ce n'était pas plus mal.
Je rasai les murs des maisons en me faisant la plus discrète possible. Les passants ne remarquèrent aucunement ma présence, pas plus que les pauvres bougres assis pitoyablement au sol, le regard vide, la peau sur les os. Cette vue me serra le cœur, mais je ne m'arrêtais pas pour autant. Je n'étais pas d'humeur, de toute façon.
Après une longue traversée de trois quarts d'heure, je regardai aux alentours pour m'assurer que personne ne m'avait suivie, avant de me changer sous ma forme de Métamorphomage par la simple pensée, les yeux luisant durant une demi-seconde. Mes ailes d'ange se déployèrent dans mon dos et je décollai en direction de la crevasse en hauteur, où je m'étais réfugiée avec Livaï le jour de notre rencontre. Quand le moral n'était pas au beau fixe, j'éprouvais le besoin de m'y rendre pour me changer les idées. Ça évitait ainsi de « retourner toute la maison » quand je me mettais en rogne, comme Livaï aimait le faire remarquer. Il n'avait pas tout à fait tort : les émotions négatives se succédaient et mon cerveau se retrouvait ainsi au bord de l'explosion. Ça me donnait un fichu mal de crâne !
Réfugiée au fond de la crevasse, l'épée et le fouet toujours accrochés à la taille, je remis de l'ordre dans les idées en marchant de droite à gauche. Ce magouilleur de Nicholas Rovoff comme commanditaire du futur meurtre d'un soldat du bataillon d'exploration, j'avais du mal à le digérer... Comment est-ce qu'un être humain pouvait-il émettre le souhait d'assassiner un autre être humain ? Et sans se salir les mains, en plus ? Je n'avais jamais compris cette façon de penser ; on n'ignorait pas que les vendettas étaient compressibles d'une longue peine de prison. Mais on savait aussi que les nobles, prêts à tout pour que la vérité ne se sache pas, et aussi pour que la justice ne gagne pas en faveur des personnes ayant découvert le pot-aux-roses, échangeraient des pots-de-vin pour faire assassiner les « fouineurs », et tout ça sans s'en occuper eux-mêmes. Tous des pourris sans scrupules, ces politiciens !
La vie aurait été plus belle, si ce genre de pourritures n'existait pas dans ce bas-monde... Mais la réalité montrait bien que, de toute façon, les plus « forts » gagnaient et non les faibles. Les faibles, ça concernait la population des Murs Maria et Rose ; les forts, celle du Mur Sina et de la Capitale Royale. La véritable justice était corrompue par les politiciens, les nobles et le Culte du Mur, qui refusaient que la vérité sur les origines des Titans n'éclate au grand jour.

 La véritable justice était corrompue par les politiciens, les nobles et le Culte du Mur, qui refusaient que la vérité sur les origines des Titans n'éclate au grand jour

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« 𝓐 𝓵𝓲𝒇𝒆 𝔀𝓲𝓽𝓱𝓸𝓾𝓽 𝓻𝒆𝓰𝓻𝒆𝓽𝓼 [SNK ~ Livaï x OC] »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant