Chapitre 16

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*7 février 841*

C'est bientôt mon anniversaire... Je fêterai mes 15 ans le 12 février. Ça me fera bizarre, mais, comme d'habitude, Livaï rétorquait qu'il ne fallait pas que je m'en fasse parce qu'« on se prend tous un an dans la gueule, à un moment ou à un autre, et que c'est pour cette raison qu'il ne voit pas l'intérêt de souhaiter les anniversaires chaque année ». Voilà ce qu'il disait à chaque fois, lorsque le sujet était abordé. Son visage restait toujours — et habituellement — neutre. Genre le mec qui n'en avait rien à foutre de lâcher des paroles rarement « réjouissants ».
Franchement, merci pour ta franchise, Livaï ! J'adorais !
Mais je l'aimais malgré tout et on veillait l'un sur l'autre, et c'était tout ce qui comptait à mes yeux.

*
*  *

Le soir arriva. Les quelques habitants qui travaillaient en journée se dépêchaient de rentrer chez eux afin de profiter de leur famille, et éviter de se faire dépouiller (et, dans le pire cas, se faire assassiner !) par des bandits sans scrupules. Ça se comprenait, ils étaient suffisamment sensés et tenaient à la vie pour éviter de trop traîner une fois la journée terminée. Être égorgé et laissé pour mort dans une ruelle sombre, très peu pour eux. C'était l'instinct de survie naturel chez tous les êtres humains, même chez les plus pourris d'entre eux.
Furlan était sorti chercher de quoi manger, et toujours pas de nouvelle. J'arpentai nerveusement la pièce de vie, une main posée sur la taille, l'autre tenant mon menton. L'angoisse me tirait les entrailles. Livaï, lui, restait cependant extrêmement calme. Il était assis à sa chaise favorite, à côté de la table.
Il devait sans doute en avoir ras-le-bol de me voir aller-et-venir, parce qu'il ne tarda pas à lâcher le fond de sa pensée.
- Bon, as-tu fini de stresser comme une jeune mariée ? On dirait que tu viens d'apprendre la mort de quelqu'un.

- Bon, as-tu fini de stresser comme une jeune mariée ? On dirait que tu viens d'apprendre la mort de quelqu'un

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- Furlan aurait dû revenir depuis un quart d'heure, lui rappelai-je. Or ça fait une heure, et il a quitté la maison depuis deux heures et demie. Tu ne crois pas que nous devrions aller voir s'il n'est pas en danger ?
- Il a peut-être eu un contretemps en chemin. Maintenant, arrête de stresser ou je te refais le portrait.
Livaï n'allait pas le faire, mais il serait bien capable de m'entraver chacun de mes mouvements avec ses bras pour que je cesse d'angoisser. Je savais très bien qu'il en serait parfaitement capable. Et mieux valait ne pas se frotter à sa force « surhumaine » : pour l'avoir vu à l'œuvre un bon nombre de fois (au point de ne plus compter), des gars plus grands et baraqués que lui s'étaient retrouvés à terre en deux secondes sans avoir eu le temps de comprendre quoi que ce soit de leur vie.
Dans le même temps où Livaï finit de prononcer ses mots « menaçant », un petit rire s'échappa de mes lèvres. Il n'avait pas non plus dit cela pour faire rire l'assemblée, froid et inaccessible comme il était. Son espèce de sarcasme noir n'arrangeait en rien sa sociabilité avec les autres. Mais, par moments, la plupart de ses propos étaient si inattendus qu'avec Furlan, nous avions du mal à retenir notre fou rire.
- . Je t'ai dit de ne pas stresser pour Furlan, répéta Livaï, ce qui me fit sursauter. Il est assez grand pour se débrouiller tout seul et, au pire, descendre les mecs qui l'emmerdent.
Voyant que je ne me calmais pas pour autant, malgré ses paroles, Livaï s'était levé et dirigé vers moi. Ses mains avaient attrapé mes épaules pour me faire m'arrêter dans ma marche.
L'angoisse me tiraillait de part et d'autre, elle ne semblait pas vouloir partir. C'est rare que je perde le contrôle de mes émotions, mais, là, ça donnait l'impression que quelque chose de grave allait se produire. Je sentais le danger approcher. Mes sens surdéveloppés de Métamorphomage étaient en alerte. Les cauchemars que je faisais certaines nuits, où je fus témoin de la mort des personnes qui m'étaient chères, c'était de la gnognotte, comparé aux instants de pure terreur ressentie quand je pressentais le je-ne-sais-quoi qui, même à des milliers de kilomètres, « puait » le mauvais coup à plein nez.
Livaï avait très rapidement dû comprendre le problème, parce qu'il me demanda si ça allait. Je lui décochai un regard apeuré.
- Furlan est en danger, annonçai-je d'une voix blanche. Je le sens, Livaï, il est en danger. Il se trouve dans une ruelle, coincé par des brigands. J'ignore combien ils sont, mais Furlan risque de ne pas tenir long...
Un bruit m'interrompit soudain. Livaï m'avait lâchée pour attraper sa cape et son couteau posés dans un coin, et sans un mot il passa en vitesse à côté de moi. Il avait tout de suite compris le problème.
Avant de claquer (violemment) la porte, Livaï ordonna que je la ferme à double tour derrière lui, puis il partit sans demander son rester. L'inquiétude se trahissait dans sa voix, bien que son visage et ses réactions montraient le contraire. Il se souciait profondément des personnes proches de lui et ferait tout pour les protéger. Mais ça, jamais Livaï ne le montrera jamais à cause de sa fierté. Cette même fierté pouvait être sa plus grande force... et aussi sa faiblesse. Cela lui causerait sans doute problème un jour. On n'en était pas encore arrivés là, il n'empêche que ça trottait à l'esprit.
Roulée en boule sur le canapé, une fois la porte verrouillée comme convenu, je ne contrôlai à présent plus du tout les tremblements de mon corps. Évidemment j'avais peur pour Furlan et Livaï, mais je craignais aussi qu'ils se fassent tuer par les gus qui s'en prenaient actuellement à Furlan, et que je ressente leur mort à travers mes instincts de Métamorphomage. Une telle évidence fichait les jetons. Mais je ne le supporterais pas si cela arrivait !
Qu'est-ce qui arriverait, si cette pensée plus que morbide venait à se réaliser ? Que deviendrai-je ?
Mes angoisses finirent par me plonger dans un sommeil profond et sans rêve. Malgré tout je craignais encore pour la vie de mes deux amis et je ne pouvais empêcher quelques larmes couler sur mes joues, ça n'arrangeait en rien mon inquiétude grandissante. Que se passerait-il s'il arrivait vraiment malheur à Livaï et Furlan ? Cette question m'obséda parce que j'ignorai tout du déroulé des évènements. Je flippais comme ce n'était pas permis et je détestais ça ! Cela m'angoissait encore plus qu'au départ ! Comment aurais-je pu rester calme avec toutes ces questions hantant mon esprit ?
C'était sur ces pensées terrifiantes que je m'étais donc endormie sur le canapé, le cœur gros, une boule dans le ventre, recroquevillée, les joues désormais rougies et striées de larmes. Ça me tuait de ne pas savoir comment allaient mon petit copain et mon ami ! Pourquoi ne revenaient-ils pas ? Où étaient-ils ? Ce genre de questions me hantaient.

« 𝓐 𝓵𝓲𝒇𝒆 𝔀𝓲𝓽𝓱𝓸𝓾𝓽 𝓻𝒆𝓰𝓻𝒆𝓽𝓼 [SNK ~ Livaï x OC] »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant