Chapitre 20 - Bataille

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Une main s'agrippa à son épaule, et Evanna poussa un cri. Elle se retourna, prête à griffer et frapper son agresseur, mais Darkalu surgit à son tour de la cellule et ceintura le garde, lui faisant lâcher la jeune fille. Elle courut vers la porte la plus proche et essaya fébrilement les clefs du trousseau l'une après l'autre.

Derrière elle, les bruits de coups et les plaintes de douleur se multipliaient.

Enfin, Evanna parvint à déverrouiller, et le prisonnier qui y était enfermé bondit dans la mêlée, redonnant courage à la petite, qui se précipita sur la geôle suivante.

— Gardes ! hurla le soldat en voyant qu'il n'aurait pas le dessus. Évasion !

Evanna se pressa autant qu'elle le put et parvint à libérer un second prisonnier, puis un autre, et encore davantage. Le soldat avait vite été submergé, désarmé et assommé, mais d'autres accouraient déjà. Les prisonniers étaient courageux et désespérés mais inoffensifs. Face à des guerriers équipés et entraînés, ils seraient forcés de reculer.

Pourtant, ils se jetèrent sur les cinq hommes venus prêter main forte sans hésiter, menés par Darkalu, qui brandissait l'épée dérobée au geôlier. Malgré ses efforts, il fut projeté contre le mur. Il y avait longtemps qu'ils étaient captifs et étaient affaiblis. Mais ils ne lâchaient rien : ils n'avaient plus rien à perdre.

Evanna continuait à ouvrir les cellules, mais cela semblait ne jamais devoir suffire : déjà six des leurs gisaient à terre. Elle fit jouer ses clefs dans un énième cadenas, puis, consciente qu'elle ne pourrait pas tout déverrouiller assez vite, elle chercha une autre solution.

Tout à coup, elle courut jusqu'à la cellule où Darkalu était retenu et s'agenouilla près du garde inanimé, fouillant vivement ses habits. Enfin, elle trouva ce qu'elle cherchait : un poignard !

Elle se redressa, s'approcha des combattants puis s'immobilisa. Concentrée, elle chercha dans la mêlée le meilleur angle et lança sa lame. Mortel, le trait toucha son but, et un soldat s'écroula, la gorge transpercée. Surpris, un autre garde ne vit pas arriver la lame de Darkalu, qui s'était relevé.

Alors que la bataille semblait enfin tourner à leur avantage, elle se rendit compte qu'elle n'avait plus de poignard à disposition. Elle attrapa une épée abandonnée, mais elle ne put la soulever : elle était bien trop lourde ! Néanmoins, elle avait donné une idée à un autre prisonnier, qui s'empara de l'arme et replongea dans la mêlée. Un autre garde tomba sous sa lame, puis un autre, la nuque en morceau.

Vint le moment où il ne resta plus qu'un seul garde, et ce fut fini : le dernier s'écroula, le plexus solaire défoncé.

Le silence retomba sur les oubliettes, et Evanna fit le point sur les dégâts. Sans compter les soldats, une douzaine de personnes gisaient au sol.

Soudain, elle s'inquiéta pour Darkalu. Son ami avait fini par être balayé, mais elle poussa un soupir de soulagement en le voyant s'appuyer contre un mur du couloir pour se relever. L'atmosphère était lourde, comme pour une veillée funèbre. Evanna fut la première à prendre la parole :

— Dépêchons-nous avant que d'autres gardes arrivent !

Elle attrapa un couteau à la ceinture d'un garde mort et marcha vers la porte. Sans bruit, les rescapés de la bataille la suivirent le long d'un escalier sombre, puis à travers une salle où une table avait été dressée pour six personnes qui ne viendraient plus finir leur repas. Tout comme ses camarades avaient eux aussi volé les armes des vaincus, ils se servirent dans les plats sans parler et continuèrent à remonter vers la surface.

Entrouvrant une nouvelle porte, Evanna aperçut un garde assis à un bureau, près de la sortie. Elle pouvait voir la lumière du jour à travers les barreaux. Les fuyards ouvrirent en grand et se ruèrent sur la sentinelle, qui sursauta mais mourut un poignard fiché dans la gorge avant d'avoir pu parler ou se relever. Ses yeux se voilèrent, et l'homme bascula lentement en avant.

Evanna sortit en courant de la prison. Elle avait convenu avec Darkalu qu'il la suivrait dans la forêt, et celui-ci lui emboîta donc le pas, mais les autres prisonniers se dispersèrent dans les rues au milieu des passants affolés qui se hâtèrent de s'enfermer chez eux ou hurlèrent pour donner l'alerte.

La jeune fille et son compagnon accélérèrent autant qu'ils purent et filèrent vers la forêt. Une fois sous le couvert des arbres, ils firent une pause, à bout de souffle.

— Comment... comment tu as fait... ça ? haleta Darkalu. Avec les poignards ?

— De l'entraînement, répondit péniblement Evanna. Ça peut servir... dans la rue... Tu comprends ?

Le rebelle hocha la tête, et ils reprirent en silence leur fuite, mais en marchant. Au bout d'une dizaine de minutes, un cri de joie retentit dans leur dos :

— Evanna !

Le Démon aux yeux rouges - Tome 1 - Le Royaume des GlacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant