Chapitre 13 - Réveil

14 4 15
                                    


— Evanna ! Evanna ! Réveille-toi, Evanna !

Elle savait que quelqu'un lui parlait, mais la voix semblait en même temps dans ses oreilles et à l'autre bout du monde, dans ses rêves.

— Evanna, réveille-toi !

Elle crut tout à coup reconnaître la voix de Frère Albin. Elle se demanda si elle était morte. Elle repensa à sa course nocturne, à cette douleur qui lui avait donné l'impression que sa tête éclatait, à son impuissance à se cramponner au cheval, à sa chute, puis au noir qui l'avait engloutie...

— Réveille-toi, Evanna !

Elle ouvrit les yeux. Tout d'abord, elle ne vit rien, puis des lueurs floues, et enfin des contours et des couleurs. C'était bien Frère Albin ! Il était penché au-dessus d'elle et tamponnait doucement son crâne avec un linge humide. Il sourit en la voyant revenir à elle puis l'aida à se redresser pour s'asseoir contre le mur.

— Enfin, tu te réveilles ! Tu m'as fait peur ! Que t'est-il arrivé ? Comment te sens-tu ?

— Je vais bien, merci. Ne vous en faites pas. Et vous ? Nous pensions que vous étiez morts ! Ça fait du bien de vous revoir ! Mais où sommes-nous ? Est-ce qu'on est morts ?

— Non, sourit tristement le religieux, on n'est pas morts. On est dans les cachots de Noxara.

Evanna observa la cellule dans laquelle elle se trouvait : des murs de pierre épais et une porte qui semblait tout aussi infranchissable, avec une petite ouverture munie de barreaux pour que le geôlier puisse les surveiller sans ouvrir. On entendait des gémissements lointains. De douleur ? De peur ? Des cauchemars ? Des tortures ?

Evanna eut un frisson.

— Comment je suis arrivée là ?

— Ça, c'est à toi de me le dire, répondit Frère Albin en reposant dans un bol d'eau le tissu trempé du sang de la jeune fille.

— On a volé des chevaux pour s'échapper, raconta-t-elle. On s'est fait pourchasser par des gardes. J'ai reçu un coup sur la tête et tout est devenu noir. Et voilà. Je me souviens juste que je me suis réveillée ici, avec vous. Depuis combien de temps je suis arrivée dans cette cellule ?

— Depuis hier soir, murmura sombrement son ami, qui devait lui aussi s'inquiéter pour Tristan et Keros.

Une voix résonna depuis un coin sombre de la pièce :

— Une chance qu'elle soit encore vivante. Ils ont mis des jours avant d'évacuer le cadavre du dernier prisonnier qu'ils m'ont laissé pour mort.

Evanna se pelotonna contre le mur.

— Ne t'inquiète pas, la rassura Frère Albin. C'est Darkalu, un rebelle comme nous, et qui a malheureusement aussi fini en prison. C'est un ami.

Des bruits de pas se firent entendre dans le couloir.

— L'heure du déjeuner, l'informa Darkalu. J'vous préviens : c'est immonde.

Le Démon aux yeux rouges - Tome 1 - Le Royaume des GlacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant