Chapitre 23 - Le plan

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— Mais pourquoi est-ce qu'elle n'est toujours pas revenue ? maugréa Darkalu. Ça fait déjà presque une heure ! Je vais réveiller Tristan IV, si...

— Tu peux m'appeler Tristan, le coupa celui-ci en se redressant.

— Vous êtes réveillé ? s'étonna l'ancien prisonnier.

— Non, je dors ! railla le vieil empereur. Ça ne se voit pas ? Et puis tu n'arrêtes pas de jacasser sur la prétendue disparition d'Evanna !

— Vous savez où elle est, peut-être ?

— Oui, derrière toi !

Tristan se mit rire tandis que le rebelle se retournait vivement. En effet, la jeune fille était debout à quelques mètres d'eux. Une autre silhouette apparut à ses côtés, et Darkalu brandit son épée en se jetant sur elle.

— Attention ! hurla-t-il.

Mais Evanna ne s'écarta pas. Au contraire, elle s'interposa.

— Non ! C'est Eneline, ma mère ! Elle vient de me sauver la vie !

Darkalu se figea, et le silence s'abattit sur eux.

— Maman ?

La petite voix ensommeillée et hésitante de Keros avait mis fin à la stupéfaction, et leur mère ôta son capuchon pour lui sourire.

— Maman !

Keros se jeta dans ses bras, et Evanna le rejoignit tandis que leur mère les serrait contre elle. Tristan et Darkalu se détournèrent et s'éloignèrent un peu.

— Où est-ce que tu étais ? la questionna Keros. Pourquoi t'es partie ? Où est Papa ?

Eneline écarta ses enfants pour les regarder dans les yeux, agenouillée à leur niveau.

— Je suis une Machabine, et je n'ai pas eu le choix.

— Pourquoi tu es revenue ? lui demanda Evanna d'une toute petite voix.

— Je vais tout vous expliquer...

À travers le feuillage, la clarté de l'aube se laissa deviner, et Tristan IV déclara :

— Nous devons repartir.

Darkalu acquiesça, et le vieux roi s'adressa à la petite famille réunie :

— Le soleil se lève. On discutera en chemin pendant qu'on avancera vers la jungle d'Oras.

— Non ! s'opposa Keros en lui faisant face. Avant, on va chercher Frère Albin ! Evanna, tu sais où il est ? ajouta-t-il en se tournant vers sa sœur, comme si la décision était tranchée.

— Je crois avoir entendu qu'il a été emmené au palais de Noxara, mais je n'en sais pas plus.

— Alors, on a toutes nos chances ! ironisa Tristan. On n'a pas d'armes, et aucun d'entre nous ne sait se battre : c'est comme si c'était fait !

Evanna se tourna vers Darkalu.

— Vous voulez bien nous aider ?

Le rebelle acquiesça.

— Sans toi, je serais toujours dans cette prison. Considère que ma vie t'appartient.

La petite lui sourit et se tourna vers sa mère.

— Maman, Frère Albin s'est occupé de nous depuis que vous êtes partis, Papa et toi. On ne peut pas l'abandonner.

Elle soutint le regard de la femme, qui hocha gravement la tête à son tour.

— Tu as raison : je dois le remercier.

Keros frappa dans ses mains et adressa un grand sourire au vieil empereur.

— Bon ! C'est parfait ! Quel est le plan pour libérer Frère Albin ?

Tristan IV grimaça, hésita, puis il finit par bredouiller :

— Euh... On s'infiltre dans le palais discrètement, on le trouve, on le libère et on s'enfuit ? Non ?

— On y va ! s'écrièrent les deux enfants.

Les trois adultes se regardèrent sombrement.

— Bon, eh bien, on y va, répéta à son tour le doyen du groupe, prenant d'un pas lourd la direction de la capitale qu'ils venaient de fuir.

Le Démon aux yeux rouges - Tome 1 - Le Royaume des GlacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant