Le Démon aux yeux rouges - Tome 1 - Le Royaume des Glaces

Chapitre 1 - Une trouvaille inattendue

— Pfiou ! J'en ai marre de travailler tant de temps tous les jours ! se plaignit Keros à voix basse. Je ne suis qu'un enfant !

— Je sais, chuchota Evanna. Moi aussi. Mais, si on ne finit pas ce mur aujourd'hui, le patron nous fouettera, et on ne sera pas payés... Et moins fort ! Les autres vont nous entendre...

Cela faisait quatre heures qu'ils s'acharnaient avec d'autres ouvriers à démolir la vieille maison de l'ancien Chef du Conseil.

— Tu penses que je peux me reposer un instant ? demanda le garçon à sa sœur jumelle.

— Bon, céda Evanna, mais après c'est mon tour !

— Ouais ! Merci !

Keros n'en pouvait plus, et sa sœur n'était pas en meilleure forme : ils transpiraient de partout et étaient sur le point de s'écrouler de fatigue. Le garçon alla s'asseoir contre un mur.

Depuis l'âge de quatre ans, ils avaient toujours travaillé très dur pour se payer à manger le soir. Les deux enfants faisaient quelques économies dans l'espoir de pouvoir un jour s'offrir un toit, car ils étaient orphelins et avaient toujours vécu dans la rue.

— Ah ! Que ça fait du bien de s'asseoir ! murmura Keros en poussant un soupir de soulagement.

— Arrête de me faire bisquer ! répliqua sa sœur.

Et elle continua de travailler, frappant sur les pierres du mur pour les détacher, et transportant péniblement les gravats vers le bord du chantier. Au bout d'un moment, elle dit à son frère :

— À mon tour de m'asseoir, sinon je crois que je vais m'évanouir d'épuisement !

— D'accord, accepta-t-il à contrecœur. Je te laisse la place.

Et il se remit à l'œuvre tandis qu'Evanna allait s'asseoir — ou plutôt s'effondrer — contre une des parois encore debout de l'ancienne chambre du propriétaire. S'appuyant contre les pierres, elle entendit un déclic tel qu'elle l'avait toujours imaginé dans les histoires de trésor, et elle se retourna pour vérifier. Une trappe s'était entrouverte juste derrière elle, et une lettre reposait à plat dans la niche secrète.

Le souffle suspendu, elle reconnut le sceau de Miraca Alasso, l'ancien Chef du Conseil. Le courrier était adressé à Tristan IV, le précédent Empereur d'Oragon. Evanna se rappela que Miraca Alasso était mort sept ans plus tôt, mais bon, elle n'avait alors que quatre ans et se souvenait peut-être mal.

Un frisson d'excitation lui parcourut le dos, et elle glissa la lettre dans sa poche avant de refermer soigneusement et discrètement le compartiment caché. Tout à l'heure, elle en parlerait à son frère, mais, pour l'instant, il y avait trop d'oreilles suspectes, et beaucoup trop de travail...