Chapitre 21 - Entraînement

20 2 20
                                    


Il devait être vingt heures passées. La nuit tombait sur la cour du palais, mais il se montrait intransigeant avec lui-même : il devait s'entraîner. S'il avait été minuit, il aurait fait de même, car l'examen qui ferait de lui un soldat de l'Empereur le lendemain matin n'attendrait pas, et il ne devait pas échouer.

Il attrapa un haltère d'une trentaine de kilos et le souleva, le rabaissa, le souleva encore... et ceci une centaine de fois pour chacun de ses deux bras. Puis il saisit son arc et son carquois, prêt pour sa séance de tir quotidienne. Il encocha un premier trait, visa la cible, se concentra, bloqua sa respiration... et entendit soudain les voix de deux hommes qui le firent se retourner. Il reconnut sans peine la voix du maître d'armes, qui lui avait déjà donné quelques leçons.

Confirmant ce qu'il pensait, celui-ci apparut accompagné d'un autre homme qui portait une couronne.

L'Empereur Noxara !

L'apprenti mit immédiatement un genou à terre et se tint tête baissée. Les deux arrivants parlaient à voix basse sans lui accorder d'attention :

— Êtes-vous bien sûr, Altesse, que la première mission des nouvelles recrues doive être de retrouver Tristan IV ? Ils sont inexpérimentés, et la tâche me semble nécessiter des guerriers plus chevronnés...

— Peu m'importe votre avis. Ils iront. Leur nombre compensera leur jeunesse, et il faut bien qu'ils apprennent. Cinq cents hommes devraient suffire pour arrêter un vieillard, vous ne pensez pas ?

Le maître d'armes acquiesça avec humilité. Remarquant enfin le soldat agenouillé, l'Empereur lui dit sèchement :

— Toi, fiche le camp de là !

— Oui, Votre Majesté ! répondit-il en obtempérant.

Croyant qu'ils étaient de nouveau seuls, le maître d'armes reprit :

— Je pense vraiment qu'il faudrait quelqu'un de plus sûr pour cette mission, Votre Seigneurie. Tristan IV est imprévisible, et il vaudrait mieux que le peuple ne se pose pas de questions...

— Suffit ! trancha Noxara. Ces jeunes gens seront très bien. Que penserait ce fameux peuple, justement, si j'envoyais l'élite de notre armée de guerriers à la poursuite d'un gâteux ? D'ailleurs, regardez celui-ci, qui vient de partir : il est obéissant, et il s'entraînait sérieusement. Nommez-le chef de cette mission. Vite, allez le chercher ! Ne restez donc pas planté là !

Le maître d'armes se crispa mais obéit, partant au petit trot à la poursuite du garçon. Caché derrière la porte des écuries, celui-ci détala pour ne pas être accusé d'espionnage. Si on découvrait qu'il avait écouté la conversation, il était mort. Il feignit de s'occuper d'un cheval et d'être surpris par l'arrivée de son aîné.

— Vous, ordonna sèchement le messager de Noxara, l'Empereur veut vous voir !

— Oui, Messire, répondit le presque soldat en retournant avec empressement auprès du monarque.

Le Démon aux yeux rouges - Tome 1 - Le Royaume des GlacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant