Chapitre 11

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Malgré l'ambiance tendue suivant mon éclat, les choses retrouvent petit à petit leur calme, en grande partie grâce à la présence d'Ismaël et de Caleb. Ce dernier passe entre les tables, assurant que tout cela n'est qu'un malentendu. Il ne manque pas, Hector à l'appui, de rendre la situation ridicule, pour dédramatiser mon acte. Le Djinn, quant à lui, reste collé à moi, m'aidant dans mes tâches, et apaisant les ultimes remous. Après quelques heures, Hector finit même par revenir au bar, abandonnant Armand à une table, pour me donner des leçons de self-défense.

À son contact, j'apprends que mon coup de poing aurait pu atteindre un Dragon s'il avait été lancé un peu plus bas. Malgré la promesse qu'Ismaël m'arrache, de ne plus recommencer, mon regard revient plus d'une fois au soldat que j'ai frappé, comme en attente d'un second round.

- Arrête de me fixer comme ça ! intervient brusquement Armand, en s'avançant dans le dos d'Hector. Je passe de toute évidence mon tour.

- Dommage, réplique son camarade en l'observant s'asseoir à sa gauche. Tu ferais un très bon cobaye.

Les soldats les plus proches rient à la blague d'Hector tandis qu'Armand fait la moue en se frottant la mâchoire. Je ne l'ai pas frappé assez fort pour que sa peau prenne une quelconque couleur, mais il risque de s'en souvenir pendant un moment. Si l'on m'avait dit que je cognerais un jour un membre de la prestigieuse armée du Rhôc et en sortirais vivante...

- Aller, sans rancune, déclare subitement le lieutenant en tendant la main vers moi.

- C'est une ruse pour m'en foutre une ? lui demandé-je, suspicieuse. Parce que je risque de bien moins encaisser un coup que toi.

- Absolument pas, me répond tranquillement Armand. Caleb avait raison, j'ai... tendance à être un gros con avec les femelles. Et je suis sûre que tu es capable de recevoir une branlée sans t'évanouir.

Je cale ma paume contre la sienne, et la découvre rafraîchissante, allant avec le sourire de son propriétaire.

- Je préférerais ne jamais le découvrir, répliqué-je en me reculant.

- Rien de surprenant ! s'exclame Hector en bousculant Armand. Cette grosse brute est aussi délicate avec les filles qu'avec ses ennemis.

- Super... soupire l'intéressé. Merci, mon pote...

- Ce n'est que la simple vérité, lieutenant !

- Vous êtes du même grade ? les questionné-je, soudain curieuse.

Les deux dragons cessent de se chamailler et Hector reprend la parole en premier.

- Eh oui, madame. Ce n'est pas inscrit sur nos fronts, mais nous sommes tous deux lieutenants chez les Rhôciens.

- Il y en a beaucoup, au sein de l'armée ?

- Pour une armée de plus de dix mille individus ? Oui, ça me semble la moindre des choses.

- Nous sommes découpés en plusieurs unités, m'explique Armand en accueillant sa nouvelle bière avec un grand sourire. Elle est gratuite ?

- Je t'en dois une, annoncé-je en lorgnant Ismaël.

S'étant rassis depuis peu, notre conversation atteint ses oreilles, et il redresse légèrement la tête.

- Ce sera pris sur ton salaire, m'informe-t-il platement avant de se retourner vers Caleb. Et donc ? Pourquoi avez-vous deux jours de retard ?

Bien qu'Armand et Hector se disputent devant moi pour établir le nombre exact de lieutenants dans leur armée, leur débat m'échappe tandis que mon attention se tourne vers la discussion entre le Dragon et le Djinn.

L'enfer est un paradis, TOME 1 : La Peine des RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant