Chapitre 32

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✨Aujourd'hui, j'ai pas beaucoup de temps ! Alors, je vous envoie ce chapitre et je répondrai à vos messages sur le dernier plus tard !

Des bisous et amusez vous bien (prenez plutôt des mouchoirs 🤧) ❤️

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-        Je vais partir.

Elle va partir... et mon monde s'effondre. Quelque chose se brise en moi, me faisant comprendre qu'il s'agit là de mon cœur. Tout du moins, ce qu'il en reste. Adèle aurait pu tout me dire, tenir le moindre discours. J'aurais écouté religieusement ses mots, bu ses paroles jusqu'à en crever. Mais, ça, c'est au-dessus de mes forces. Mes membres tremblent alors qu'elle fait un pas. Je recule par automatisme, incapable d'affronter... le vide m'envahissant. Me terrassant. Pas encore, pas maintenant. Je m'enveloppe de mes bras, cherchant à barricader la brèche, déjà béante. Encore béante.

-        Non... chuchoté-je faiblement, le souffle court.

Adèle m'offre un sourire, bouleversant. Sa tristesse m'entoure, m'attrape et me vole le peu de forces qu'il me restait. Je tombe à genoux en même temps qu'elle, et ma chute est lente. Brutale. Violente. Amère. Je ne peux pas le supporter. Je ne peux pas le revivre. Ce deuil, je n'ai pas réussi à y faire face une première fois. La deuxième ne m'épargnera pas plus. Ma sœur s'approche, glissant jusqu'à mon corps tendu à l'extrême, détruit à l'excès. Mes frissons sont autant de lames tranchant mon épiderme, et le sang étalé dans le salon n'est rien face à celui se glaçant dans mes veines. Surtout lorsque sa main se dépose sur la mienne... et ne la traverse pas.

Incapable de bouger, j'observe sa peau translucide recouvrir la mienne, et ferme les yeux pour mieux ressentir son toucher. Celui que je pensais emporter à jamais. Et c'est là que ça me frappe. Son odeur. Son parfum me caresse dans une tendre étreinte alors que les larmes s'accumulent au coin de mes cils. Quand mes paupières se relèvent, les perles s'écoulent le long de mes joues, nourrissant mon désespoir.

-        Tu peux me toucher.

Il n'y a pas d'accusation, aucun blâme à donner. Ma respiration se coupe complètement lorsqu'elle me tire à elle pour me serrer dans ses bras. Sa force me prend par surprise, bien que je ne devrais pas être étonnée. Je l'ai toujours protégé, de tout et tous. Les menaces pesant sur nos têtes, les combats bousculant nos vies, le sang maculant mes mains. Mais elle sera toujours plus forte que moi. Toujours. Car elle porte le poids de mes morts. Des victimes que j'ai fait tomber dans les Bas-fonds, alors que la foule m'acclamait pour une chose qui me dégoûtait. J'assurais peut-être le devant de la scène, le sang me servant de seconde peau, mais Adèle... c'était elle, depuis le début. Celle qui me tenait la main lorsque mes cauchemars devenaient dévastateurs pour mon esprit épuisé. Adèle étouffait mes sanglots, me berçait jusqu'à ce que je m'apaise et me rendorme. Elle veillait sur mon sommeil tandis que je menais les batailles pour garantir notre sûreté. Je n'aurais pas tenu une seule nuit sans elle.

Parce qu'au fond, je ne suis rien sans elle.

Je ne suis rien de plus qu'une meurtrière, un paria, un monstre. Adèle est la lumière, celle me maintenant hors des profondeurs de ce monde. Grâce à elle, je ne me suis pas perdue, et j'ai vaincu des armées pour nous élever suffisamment. Suffisamment pour entrer à Londres et l'emmener loin des champs de bataille. Je ne voulais pas la pervertir, je ne souhaitais rien de plus que la voir conserver son innocence. Je n'ai compris que bien trop tard que la vie que nous menions ne pouvait souffrir d'un retour en arrière. Adèle avait autant de sang sur les mains, et ce, depuis l'orphelinat. Nous étions des meurtrières, des parias. Et les monstres me hantant l'ont avalé, jusqu'à ce qu'elle devienne leur reine. Ma reine rouge, ma reine froide.

L'enfer est un paradis, TOME 1 : La Peine des RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant