Chapitre 16

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- Vu que vous semblez particulièrement mal à l'aise lorsque nous abordons le sujet de mon frère, je souhaiterais en connaître la raison.

- Je... commencé-je, prête à m'être fin à cette conversation avant qu'elle n'ait débuté.

L'Archange Raphaël m'interrompt avant que je n'aie pu placer une seule phrase.

- Maintenant que votre soif de connaissance est étanchée, je désirerais parler de vous. Un procédé d'échange à échange, voyez-vous. Imaginez que je ne suis qu'un médecin, m'inquiétant de la santé de mon patient.

Je retiens un ricanement mauvais, n'ayant jamais réussi à approcher un médecin de près ou de loin. Rares sont les Humains ayant fait suffisamment d'études pour exercer, et les praticiens non humains n'ont que faire, d'êtres comme nous. Encore heureux qu'Adèle et moi n'en ayons jamais eu vraiment besoin.

- Ça vous intéresse réellement ? l'interrogé-je, entre la méfiance et la véritable surprise.

- Je suis un médiateur, mademoiselle Walker. Et un Archange. M'occuper des autres fait partie... de ma nature.

C'est un argument que je pourrais retourner facilement, mais il doit me sentir faiblir, car il reprend, en tapotant les accoudoirs de ses longs doigts fins.

- Parlez-moi de vos crises, je vous prie.

- Je... J'ignore ce qu'il faut en comprendre. Je ne suis jamais allée voir le moindre médecin à ce propos, et mise à part cela, je me suis toujours portée comme un charme. Adèle ne souffrait pas de ces... névroses. Pourtant, elles sont là depuis longtemps, depuis un évènement malencontreux, à l'orphelinat.

Et je lui raconte. Tout. L'orphelinat, le contrat sur nos têtes, notre fuite. Tout.

- De mes premiers jours à mes dix-sept ans, j'ai vécu dans cet orphelinat, qui s'apparentait bien plus à une prison qu'à un foyer. Adèle et moi avons rusé, pour ne pas nous faire adopter, et finir séparer. À dix ans, nous savions voler, nous battre et... tuer.

- Et après dix-sept ans ?

- Peu de temps avant notre majorité, nous avons découvert des papiers nous concernant. Un contrat, indiquant qu'à nos dix-huit ans, nous serons confiés à nos parents respectifs. Nos vrais parents, ceux nous ayant abandonnées dans cet endroit désolé, abominable, où nous avons dû affronter nos plus grandes peurs. La vérité s'est alors dévoilée à nous.

- Quelle vérité ?

J'ai un sourire amer en posant mes avant-bras sur mes genoux, observant le sol sans vraiment le voir.

- Nous n'étions pas plus malines que les autres. Nous n'avons jamais reçu de demandes d'adoption, car la matrone les bloquait toutes. Car nous étions déjà réservées... et nous allions finir par être séparées. C'était... impossible, impensable. Alors, nous nous sommes enfuies. Au départ, nous nous savions poursuivies par la police. Puis celle-ci s'est lassée. Comme nous n'étions pas sûrs que nos parents aient abandonné les recherches, nous avons décidé de nous introduire au sein de la capitale, là où personne ne pourrait nous retrouver. Un an pour effacer nos traces et pour gagner notre ticket d'entrée dans la grande ville de Londres.

- Mais ce ticket, vous avez dû le payer cher. N'est-ce pas ?

Un rire sans joie traverse mon corps, alors que je redresse la tête, pour croiser le regard limpide de l'Archange.

- Connaissez-vous les Bas-fonds de Londres ?

- Gabriel s'y est rendu, pour éprouver la vérité, au-delà des mensonges.

L'enfer est un paradis, TOME 1 : La Peine des RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant