TW: homophobie, séparation, mort, attentat, fusil
CHAPITRE TRANSITOIRE
Samedi 13 janvier 1996
La neige arriva après la pluie, recouvrant tout d'un drap blanc. Elle tomba presque sans discontinuer pendant de semaines. Les rues de Caen avaient été salées au maximum. Elle se transformait en bout à force de marcher dessus. On pouvait à peine conduire. Cela n'empêcha tout de même pas les parents de Paul de le convier plusieurs fois, volontiers avec Simon. À chaque fois, le plus âgé se sentait mal. Il mentait peut-être pour protéger Paul, mais il mentait quand même. Il avait envie que son amant s'assume devant ses parents, comme il le faisait lorsqu'ils sortaient dans la rue. À la place, il était obligé de faire la convention avec Jeanne de Saint-Barthélemy, sa très chère promise. Simon, quant à lui, parlait avec le de Vergie père pour ne pas mourir d'ennui. Sa mère faisait une tarte à chaque fois, son frère n'était venu qu'une seule fois, et souvent sa sur était en cours.
Jeanne n'était pas franchement un canon de beauté. Même, peut-être cela n'était dû qu'à de la jalousie, Simon ne la trouvait vraiment pas belle. Elle avait des cheveux noir de jais coupés au carré, presque à la coupe au bol. Ses yeux étaient marron, basiques, elle avait un gros nez et des lèvres quasi-inexistantes. Au moins, il n'avait pas peur d'avoir de la concurrence. De plus, Paul lui envoyait parfois des regards qui voulaient dire "je n'en puis plus d'elle, sort moi de là s'il te plaît". Elle, et c'était le problème, semblait complètement amoureuse de Paul. Elle le collait où qu'il aille, lui faisait sans arrêt des compliments. Qu'est-ce qu'elle était chiante...tous deux étaient à chaque fois bien contents de rentrer.
Ils en riaient, mais savaient que c'était un sujet sensible. Parfois, Paul avait l'air triste le soir. Il savait que malgré tout ce qu'ils s'étaient promis, ils ne pourraient continuer à vivre ensemble, et leur relation serait encore plus cachée. Il était aussi triste parce que lorsqu'il se marierait, aux yeux du monde, ils ne seraient plus ensemble. Il faudrait que Paul arrête de se cacher, et parle de son homosexualité à ses parents. Et puis, se disait Simon, si il devait ne plus les voir, ce ne serait pas une grande perte.
Ils en avaient discuté plusieurs fois de cela, mais Paul ne voulait pas en entendre parler. Simon ne comprenait pas, pour lui, ça avait été si simple avec son père. Il n'imaginait pas à quel point Paul n'était pas prêt. Pas prêt, jusqu'à ce jour.
Pour la troisième fois de la semaine, ils allaient chez les parents de Vergie, pour manger. En arrivant, sa mère s'excusa parce que Jeanne n'avait pas pu venir. Simon vu le petit sourire de Paul lorsqu'ils se retournèrent et accrochèrent leur manteau dans le hall. Sourire qu'il ravala en rentrant dans la pièce à vivre. Ils saluèrent le frère et la sur de Paul qui étaient présents, et s'assirent à table. Le père, qui les avait accueillis s'assit en bout de table, sa femme à sa droite, son fils aîné à sa gauche. Anne, la petite sur de Paul était à l'autre bout de table, Simon était à sa gauche et à droite de la mère. Paul, lui, était à côté de son frère. C'était le samedi treize janvier. Personne ne savait ce qui allait se passer, à part peut-être Paul. Il en avait été le principal acteur.
Ils mangèrent l'apéritif, ces petits fours, toujours les mêmes, et les toasts de fromage blanc et de saumon. Puis l'entrée. Comme d'habitude, la mère réprimandait Anne de monopoliser la parole et de laisser parler son frère aîné. Paul se taisait. Enfin, plus que d'habitude. Là, il sembla même ruminer quelques choses. Des pensées ? Ce qu'il allait annoncer ? Ce qui, alors que l'on finissait de manger le plat principal, un rôti, mettrais un blanc. Oui. Paul s'entraînait, dans sa tête, à assembler les mots, les phrases, les syllabes.
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melancholia (en cours de réécriture)
General FictionL'amour c'est con. L'amour ça fait mal. Un jour on vous aimes, et le lendemain on vous jette. Puis on veut vous récupérer. Alors on doute. L'amour ça brûle. Paul avait trente-huit ans et tout semblait aller pour le mieux dans sa vie. Il était marié...