TW violences physiques, armes
Mardi 2 février 2016
De la peur. Dans les yeux de Paul, de la peur. Il était terrifié, recroquevillé sous ce bureau, dans cette salle de classe. Il sentait le sang battre à ses oreilles. Il sentait la mort arriver, approcher à pas feutrés et venir les chercher, tous; La promesse qu'avait prononcé son ami Simon, collé contre lui, valable pour eux deux. « Tout va bien se passer. Je te le promets. Ça va aller. ». Prononcée avant que quatre hommes ne défoncent la porte et poussent la table qui la barricadait. La peur. Toujours la même. Qui fait se taire tout le monde. Trop peur. Trop peur pour pleurer. Trop peur pour hurler. Trop peur pour faire autre chose qu'obéir.
A onze heure cinq, Simon sortait d'un cours avec des cinquième, et avait cinq minute pour changer de bâtiment, et traverser le collège, pour rejoindre la salle de sa classe de troisième. Trente secondes plus tard, un étage plus bas, une alarme hurla. Deux seconde pour reconnaitre celle de l'alerte intrusion. Son corps en pilotage automatique, il se jeta dans la première salle de classe avec une porte encore ouverte. Le professeur chargé de la classe de sixième qui était présent, l'aida à barricader la porte, puis les deux hommes se cachèrent sous le bureau (les élèves déjà eux-mêmes sous leur table, plus silencieux que jamais). Aucun exercice n'avait été prévu. L'homme en face de lui était Paul. Les deux hommes se connaissaient depuis la rentrée, il y a six mois, et entretenaient une relation compliquée à définir. Ses yeux reflétaient la peur panique qu'il abritait, bien plus altérée chez Simon, détenant certainement plus de contrôle de lui-même. Paul ferma les yeux le temps d 'un instant, une larme coula au moment où les hommes rentrèrent.
Les minutes qui passèrent dans cette salle avaient perdu tout sens. Elles n'avaient jamais été aussi longues. Elles n'avaient jamais été aussi difficiles. Combien passèrent? Les hommes étaient quatre. Trois d'entre eux étaient masqués, ils firent évacuer les élèves dans de grands cris. Le quatrième était entré en dernier. Il était grand, avait les cheveux d'un blond presque blanc et la peau si pâle. Ses yeux étaient d'un bleu similaire à celui des yeux de Paul, à la différence près que les siens était sans vie. Une cicatrice barrait son visage de sa mâchoire carrée à son il droit. Il fit une sorte de grimace, un sourire tordu, en s'avançant vers les deux hommes sous le bureau. Il n'était fait que de muscles. Un mètre quatre-vingt-dix de muscles. Ses cheveux étaient rasés. Il sembla vouloir se charger personnellement de Paul. Simon fut emmené juste devant lui par un des trois molosses. Le professeur de français avait une mitraillette pointée dans le dos. Il n'entendait plus rien. Ses sens ne répondaient plus.
Combien se firent piétiner? Combien tombèrent? Des troupeaux d'élèves, mélangés aux adultes, étés menés à l'extérieur par une trentaine de terroristes. D'autres étaient déjà alignés dans la cours en huit colonnes, les primaires, les différentes classes du collège, puis le personnel de la cantine et en charge du ménage, puis les professeurs et le reste du personnel éducatif. Ils étaient dispatchés autours des milliers de personnes. Deux étaient autours du grand blond, regardant tout le monde avec une espèce de démence morbide. Tous, sauf le grand blond, avaient leurs armes pointées. La peur était maitresse désormais. Qui allait mourir? Elle? Lui? Ellui? Toustes? Celleux-là? Ce petit là-bas qui pleure? Cette personne ici qui se tord les doigts?
Ils ne semblaient pas savoir parler un mot de Français. Le grand blond pris la parole. Du russe? Sa voix était comme la lame d'un couteau. Monotone. Lisse. Tranchante. Effrayante. Morbide.
Tout le monde aurait voulu mourir plutôt que rester une minutes de plus dans le froid et la peur. Paul regarda la foule en face de lui. Pourquoi n'en faisait-il pas parti? Pourquoi était-il là? Qu'avait-il de si spécial? Pourquoi comprit-il ce que dit le grand blond? Il baissa les yeux et regarda ses chaussures. Fixer cette assemblée lui était insupportable. Il se sentait exclu. Toujours la même arme pointée dans le dos. Il devait traduire ce que disait l'homme. Il traduisit.
" - Je m'appelle Piotr Matveïev. Je ne suis pas ici pour rien. Comme on dit, la vengeance est un plat qui se mange froid. Je vais détruire cette école. Pourquoi? C'est bien simple. Imaginez un homme qui détruit votre famille parce que votre oncle a fait quelque chose qui ne lui plait pas. Imaginez que votre oncle soit quelqu'un de très important en Russie. Imaginez que l'homme ai enlevé ses deux fils jumeaux, les ai tués lui et sa femme. Imaginez que ce soit mon histoire et imaginez que son fils soit le directeur de ce collège."
Il marqua une pause, puis reprit.
" - Je sélectionnerai soigneusement mes victimes pour faire tomber tous les piliers de ce collège un par un. "
Des personnes furent emmenées devant un mur de plastique blanc. Il y avait le prêtre, le diacre, le jeune séminariste et ceux qui enseignaient l'éducation religieuse. Jeanne, la femme de Paul et faisait partie. Elle ne fairait plus chier personne. Le premier des deux hommes en soutane tomba au sol, touché d'une balle au cur. Le sang gargouillait et tachait son habit noir. On vit des personnes s'évanouir dans la foule, d'autre hurler (et mourir pour cela). Le diacre et le séminariste tombèrent à leur tour. Un-e troisième poussa un cri. Lae pauvre, surement amoureux-se du brun -le séminariste- en chemise moulante. Jeanne était morte en regardant son mari dans les yeux. Il ne pleura pas et était même soulagé.
Un des piliers du collège venait de s'écrouler.
Le personnel administratif, le directeur et son adjoint, les responsables de niveau moururent. Il n'y avait plus de direction. Tout le personnel de cantine tomba tel un jeu de domino.
Les professeurs les plus anciens suivirent. Le sol était jonché de cadavres blêmes.
Sans savoir pourquoi, Simon aussi se retrouva devant le mur désormais rouge. Il prononça une prière silencieuse. Paul le fixait dans les yeux, lui envoyant un adieu insonore. Une connexion invisible se fit entre eux, plus rien d'autre existait. Une balle vola. Elle était destinée à Paul. Le grisonnant n'avait pas réfléchi avant de se jeter entre lui et cette balle qu'il se prit dans le thorax. Il tomba la tête la première dans la boue faite de sang et de neige.
Paul ne put s'empêcher de le regarder. Il ne put s'empêcher de pleurer. Plus rien n'existait. Il ne voulait pas le voir mourir devant lui. Plus rien avait plus d'importance que cet homme agonisant devant ses yeux. Depuis quand avait-il autant d'importance pour lui ? Il ne devait pas laisser ses sentiments parler pour lui. Il ne devait pas montrer une once d'amour pour lui, pour un homme. Il ne devait pas faire comprendre aux autres que malgré tout, il l'aimait. Il regarda autours de lui, et son corps rejoint celui de Simon au sol, évitant les balles qui volaient en tous sens. Un tir au pigeon dans un établissement scolaire avec des mitraillettes.
Des sirènes de police hurlaient en s'approchant. La suite était floue. Il vit sa fille en vie, une couverture sur les épaules.
Il souffla avant de tomber dans les pommes.
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melancholia (en cours de réécriture)
General FictionL'amour c'est con. L'amour ça fait mal. Un jour on vous aimes, et le lendemain on vous jette. Puis on veut vous récupérer. Alors on doute. L'amour ça brûle. Paul avait trente-huit ans et tout semblait aller pour le mieux dans sa vie. Il était marié...