TW POIDS, TCA, anxiété, pensées intrusive, nourriture, sexe
vendredi 1er avril
Il toisa son reflet pâle dans le miroir de sa salle de bain. On aurait presque dit qu'il n'avait pas guéri. Peut-être n'avait-il jamais vraiment su le faire. Peut-être n'avait-il jamais commencé, à guérir. Il était terne. Comment Simon faisait-il pour l'aimer? Il avait changé en vingt-ans. Il avait maigri. Il ne pensait même pas cela possible. Il s'était toujours demandé comment il avait pu être encore plus la peau sur les os qu'il ne l'était avant. Il avait un peu grossi, vers trente ans, mais ça n'avait pas duré. Cette obsession pour son poids prenait toujours le dessus. Sur tout. Il avait toujours été trop maigre. Il avait toujours eu le souvenir de ces satanées courbes de poids, il était toujours trop en dessous. Et ces médecins, qui disaient qu'il devait manger, pour prendre du poids. Mais pas trop, pour ne pas être gros. Mais apparemment ça n'avait jamais été grave, c'était sa morphologie. Tous ses os ressortaient. Ses hanches, ses genoux, ses omoplates. Tous un jours finiraient par déchirer sa peau translucide. Il était cadavérique. Et cette peau, toute blanche. Le soleil ne l'aimait pas et c'était réciproque. Comment peut-on sincèrement aimer cramer et suer comme un buf ? Et cette cicatrice ? Rose et épaisse, qui lui barrait la joue gauche. Il était laid. Il l'avait toujours été et il le serait toujours. C'était peut-être pour ça que Simon l'avait largué la première fois. Il s'était juste rendu compte, d'a quel point il était laid. Et ça allait recommencer, c'était sûr. Il fallait profiter du moment présent. Ça n'allait pas pouvoir durer. Il faisait tache à côté de lui.
Parce que Simon n'avait pas ses yeux clairs et fuyants, ni sa peau terne et ses os qui ressortaient. Lui était beau, magnifique même. Comment avait-il pu passer à côté de ça avant qu'il ne se rende compte que ses sentiments étaient toujours présents? Il avait ignoré si longtemps ses yeux doux, passant d'un marron à un doré au soleil. Cette caractéristique, il l'avait d'ailleurs transmise à son fils. C'était beau. Et puis il faut bien avouer qu'il était vraiment bien foutu. Il était bien plus large d'épaule que Paul, et bien plus musclée aussi. Enfin, Paul était musclé grâce à l'équitation, au niveau des abdominaux, du dos, et de l'ensemble des jambes, mais sa musculature était fine et discrète. Simon était plus grand aussi, de presque dix centimètres. Il mesurait un mètre quatre-vingt-trois et Paul un mètre soixante-quinze.
Oui, vraiment, Simon était bien plus beau. Son sourire était plus beau - plus sincère, ses yeux étaient plus beaux, son corps, la couleur de ses cheveux aussi. Tout son être était magnifique.
Paul soupira, et détourna les yeux de ce miroir. Ça ne servait à rien de juger une nouvelle fois son corps. Il le savait depuis longtemps tout cela. Il espérait toujours, en fait, se réveiller beau. Mais ce n'était pas le cas, ce ne le sera jamais. Il attrapa le polo posé sur le bord de la chaise à ses côtés et l'enfila lentement. Évitant désormais de se regarder. Il avait assez la nausée comme ça. Et à se regarder, s'observer, il finissait par ne plus se reconnaître. Il voyait un étranger dans son reflet.
Ses cheveux goûtaient encore sur son haut. Il les ressuya, il était en train de le faire lorsqu'il avait croisé son propre regard dans le miroir.
En sortant de la pièce, l'air sembla lui parvenir beaucoup mieux. Dans cette salle de bain, il avait eu l'impression de suffoquer. La nausée se fit moins forte, aussi. Il avait quitté la pièce où il se faisait vomir, tout allait forcément mieux en dehors.
Il rejoint Simon dans leur chambre. Il finissait de boutonner sa chemise lorsqu'il entra. Il alla se mettre à côté de la fenêtre, d'où il voyait le parc. C'était par cette fenêtre qu'il avait jeté son alliance. Il sourit cette pensée, qui le rendait vraiment très fier. Ça avait été aussi une façon de se détacher définitivement de ses parents. C'étaient eux qui l'avaient achetée. Le petit anneau en or devait sans doute être quelque part dans l'herbe, dans l'eau, ou ramassée par une pie. Quoique à cette époque, il n'y en avait pas encore.
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melancholia (en cours de réécriture)
General FictionL'amour c'est con. L'amour ça fait mal. Un jour on vous aimes, et le lendemain on vous jette. Puis on veut vous récupérer. Alors on doute. L'amour ça brûle. Paul avait trente-huit ans et tout semblait aller pour le mieux dans sa vie. Il était marié...