coucou :)
cette histoire est la suite d'une autre, nommée le soleil du coin de la fenêtre donc allez lire celle-ci auparavant sinon vous ne comprendrez pas celle qui suit
voilà voilà
bonne lecture :) <3[golden child — lebanon hanover]
« le 03/11/21
mon cher sacha,
j'ai été pris par une terrible envie de t'écrire une lettre. je crois que c'est l'une des choses que j'ai beaucoup regretté dans notre relation ; ne pas pouvoir s'écrire de lettres. en même temps je n'en ressentais pas le besoin, on vivait dans le même appartement. enfin bref, aujourd'hui je trouve qu'une lettre est plutôt adéquate vu la situation...tu le sais déjà, mais je suis bien arrivé. j'ai beau me dire que je ne suis pas à l'autre bout du monde je me sens quand même très loin de toi. et tu me manques déjà. c'est tellement plus simple de te dire ça à l'écrit, maintenant sur ce bout de papier déjà froissé, plutôt qu'au téléphone. comment puis-je être capable de te dire que tu me manques, que je regrette, que je n'aurai pas dû partir alors que c'est moi qui l'ai décidé ? et que je suis parti depuis cinq jours seulement.
tu sais, je me sens pitoyable. je ne devrais pas culpabiliser autant. on savait très bien ce qui allait se passer, on était préparés. je croyais m'être fait à l'idée que ce serait difficile. mais tout ce que je parviens à remarquer c'est que c'est beaucoup plus dur que tout ce que j'imaginais.
bref, je suis désolé. je ne veux pas te plomber le moral. j'ai déjà fait assez de conneries comme ça.
je veux te parler de novembre, d'ici ou bien de là-bas. il fait très froid ici, pire qu'en france mais il ne pleut pas. je suis désolé de te partir pendant ce mois assassin, mais sache que tu ne crains rien. j'ai beau être à des kilomètres de toi je reste dans ton cœur, sacha. essaie de ne pas en douter s'il te plaît.
novembre va bien se passer, c'est — »
j'envoyai valser la feuille avant de finir la phrase et elle dégringola dans l'air avec une fluidité imperturbable. j'étais dépourvu de mots, déjà lassé par ces lettres mal formées et sombrant dans le papier. une grande colère me parcourut brusquement de part en part avant de mourir à la lisière de mon cœur. et, de nouveau, je fus pris par un sursaut de mon cœur, un changement d'émotion brutal et inespéré qui me faisait perdre pied. et peu à peu, je n'étais plus en colère ni même triste. je ne fus plus que soulagé, presque joyeux d'avoir reçu cette lettre.
après quelques minutes, je me levai, récupérai la feuille et la pressai sur mon visage pour lui voler toute sa chaleur. j'avais déjà peur qu'elle s'estompe ; une partie de moi l'avait déjà oublié. je respirai doucement, essayant vainement de contenir mes émotions destructrices. j'avais peur de pleurer, de m'effrondrer et de ne plus jamais avoir l'envie de me relever.
je voulais entendre sa voix tabasser mes oreilles. mais était-il disponible ? avait-il envie de me parler ? sa lettre me faisait dire que oui, alors je secouai mes draps, dans l'espoir d'y retrouver mon téléphone. je le laissai toujours traîner n'importe où. je finis par le trouver, perdu dans les fins fonds de ma chambre, puant la mort.
quelques secondes après je tombai sur son répondeur. je soupirai, retenant comme je le pouvais les larmes qui me montaient aux yeux. pourquoi tout était si dur ? et à cet instant il me manqua plus férocement que jamais.
je restai un petit moment allongé dans les froissement de mes draps et j'eus une pensée amère en réalisant qu'ils n'avaient déjà plus son odeur. j'eus beau les froissé d'avantage sur les traits de mon visage, les faire glisser partout sur ma peau, les respirer avec avidité, il n'y avait rien. rien. il n'y avait plus son odeur dans nos draps ; nos draps devenus mes draps. je ne les avais pas changé, j'avais même pris la décision de ne jamais les changer avant qu'il ne revienne. pourquoi m'obstinais-je à croire que son retour serait bientôt ? il venait seulement de partir.
mes pensées se mirent à dériver et je ne sus même plus à quoi je pensais réellement. à lui ? à moi ? à nous ? mes jambes nues et recroquevillées dans ce lit grinçant me faisaient penser à lui ; ce lit me faisait également penser à lui et à nos ébats d'amour ; cette lueur tendre de la nuit de novembre qui tombait me faisait penser à lui ; mon appartement tout entier et chacun des objets qui s'y trouvaient me faisait penser à lui. à bien y réfléchir, je crois même que la vie elle-même me faisait penser à lui.
soudain, je repris la lettre que j'avais fini par mettre en boule et jeté au coin de ma chambre. j'étais indécis, partagé entre le soulagement de lire ses mots et la colère qu'ils engendraient en moi. que devais-je ressentir face à tout ça ? et surtout, qu'avais-je le droit de ressentir ? mon esprit me torturait, je voulais cesser de penser mais pourtant je ne pouvais pas m'en empêcher. je revis cette soirée de novembre deux années auparavant et toute la douceur qui l'entourait. pouvait-il, encore ce soir, sonner et me faire vivre une nuit inoubliable ?
mon téléphone vibra et je fus brutalement arraché à la férocité de mon esprit en cage. je frottai mes yeux, massai mes tempes, inspirai, expirai et souris d'un sourire qui me fit du bien. un sourire qui me rappela à quel point j'étais amoureux. c'était lui, je le savais sans même avoir vu son nom s'afficher sur l'écran. c'était lui car ça ne pouvait être que lui.
VOUS LISEZ
les mots du bout des lèvres
Short Storyles voix s'élevaient dans les airs, cherchaient-elles à se pendre ? - jeunesse amochée | avril > juillet 2021 | suite du soleil du coin de la fenêtre