MADAME KRATOS

𝕏𝕍

XV.

Le soir même, Lulaïbia s'est éclipsée avec Anis alors que c'est littéralement la première fois qu'ils se sont vus.

Quelques minutes après leur départ, je ne sais où, la sonnette de chez moi a retenti jusque dans ma tête.

Mon cœur s'est emballé. Brusquement. Ardemment.

Vrr. Vrr.

IMESSAGE : Anis

ANIS :
Courage.

FIN IMESSAGE

IMESSAGE : Lulaï

LULAÏ :
T'es forte. Dis lui TOUT ce que t'as sur le cœur, permets à ton cœur de souffler.

FIN IMESSAGE

Le cœur au bord des lèvres, je m'approche de l'entrée et main sur la poignée, je souffle avant d'ouvrir cette foutue porte. Immédiatement, je suis plongée dans son regard miel, pétillant.

Depuis quand lorsque je le vois je ressens un calme olympien plutôt qu'une sombre haine ? Je ne sais pas mais ce que je sais c'est que je me sens mieux comme ça. Je veux la paix.

On se fixe, dans un silence de mort.

Je finis par reculer bien que je me sens toute brouillée. Dieu seul sait pourquoi le fait de devoir avoir une vraie conversation avec lui me met dans cet état.

Qu'en est-il de lui ? Pourquoi a-t-il l'air si posé ? Ça ne lui fait rien de me voir ? Il s'attendait à ce que je flanche un jour ? Il me connaît toujours aussi bien ?

— Entre, réussi-je à lâcher calmement.

RAMÈS - Choukran.

Il s'avance en regardant brièvement autour de lui avant de s'arrêter au milieu du salon.

— Assis-toi. J'arrive.

Je n'ai que le temps de le voir exécuter en allant dans la cuisine me chercher de l'eau. Je prends également un verre pour lui même si je sais qu'il n'aime pas l'eau.

Je pose ça sur la table et m'assois à l'opposé de lui, donc en face. La table basse nous sépare.

— Euh... c'est moi qui ai dit à Anis de te faire venir.

Ses yeux regardent autour de nous avant de pénétrer les miens.

RAMÈS - Oui, je sais.

— Merci d'avoir fait vite.

Il ne répond rien. Ah, le retour des réponses concises ? C'est vrai, ça m'étonnait d'entendre Ramès parler autant.

— Je t'ai fait venir pour qu'on parle de... de tout ce qu'il s'est passé.

RAMÈS - T'as changé d'avis ?

Il boit.

— Lulaï est perspicace, faut avouer.