Mortel

Chapitre 2

Who’d have thought that I’d be in such a mess ?

The Script- Man on a wire

Un ‘Entrez !’ sec me parvint de l’autre coté de la porte et je pénétrai pour la première fois dans le bureau de mon boss.

Il était presque exactement comme je me l’étais imaginé. Un immense bureau, des fauteuils confortables et une large baie vitrée par laquelle on pouvait admirer le fleuve, une bibliothèque garnie de livres. Le seul truc un peu bizarre était l’énorme tableau qui représentait un phoque. 

Mais bon. Chacun ses gouts. Et de toute façon dans l’état où j’étais, y’aurait-il eu un vrai phoque dans cette pièce, que je ne m’en serais même pas soucié.

En prenant soin de marcher d’un pas calme et relativement gracieux, j’avançai en direction des deux hommes présents dans la pièce.

L’un était Mr Cissé, le Directeur des Ressources Humaines et l’autre Mr Badiane évidemment. Le Président Directeur General du Groupe GreatCom. Si j’avais déjà eu l’occasion de discuter avec le premier, je n’avais encore jamais adressé la parole au second. Pour ainsi dire, c’était carrément la première fois que je le voyais d’aussi près. Les seules fois où je l’apercevais étant lorsqu’il traversait le hall en se dirigeant d’un pas énergique vers les ascenseurs.

Honnêtement, ça ne m’aurait pas plus dérangé que ça de continuer à l’apercevoir de loin. Parce qu’en ce moment il me regarde d’un air tellement sinistre que je me suis demandée s’il n’allait pas brusquement jaillir de son siège pour me plaquer au sol et me rouer de coups.

Mais, avec ses deux touffes de cheveux ridicules, regroupées sur les cotés, il a plus l’air d’un koala en colère que d’un PDG mécontent. Je me mordis l’intérieur de la joue pour m’empêcher de rire. Cela aurait été assez mal placé étant donné les circonstances.

C’est Mr Cissé qui rompit le silence.

-        Asseyez-vous, proposa-t-il en me désignant le fauteuil qui leur faisait face.

J’obéis sans un mot.

-        Savez-vous pourquoi vous êtes là ? reprit-il.

Mr Badiane émit un ricanement méprisant.

-        Bien sur qu’elle le sait, répondit-il à ma place, non sans m’avoir jeté un autre regard noir.

-        Non, en fait je ne le sais pas, répliquai-je le plus poliment possible.

Et c’était la vérité. Il était hors de question que je prenne en considération ce que Demba m’avait raconté tout à l’heure.

-        Bon, dit Mr Cissé après s’être raclé la gorge, des images très euh…  fâcheuses où l’on voit Mr Badiane se sont mises à circuler sur le net hier à partir de 21h et tout porte à croire que vous êtes à l’origine de cette… situation.

Je sentis mes mains devenir moites. Des images ? quelles images ?

-        Je… je ne sais pas de quoi vous parlez. Je vous assure, c’est vous qui m’apprenez que…

Je ne savais même pas quoi dire.

-        Vous voulez dire que vous n’étiez au courant de rien ?

-        Non, je ne…

Mr Cissé se leva et se dirigea vers le bureau. Il prit l’ordinateur qui était posé dessus et le ramena avec lui. Après avoir cliqué et tapé des mots que je ne pus identifier, il le retourna pour me montrer la page qu’il avait ouverte.