Mortel

Chapitre 17

We keep this love in a photograph

We make these memories for ourselves

Where our eyes are never closing, hearts are never broken

And time’s forever frozen still

Ed Sheeran- Photograph

Le deal lorsqu’on termine une mission c’est qu’après on a une semaine de congés. Bon d’accord, durant ces derniers mois il nous était déjà arrivé d’avoir moins d’une semaine pour nous reposer. Plusieurs fois en fait. Mais, je ne m’en suis jamais formalisée – enfin, pas toujours-, j’étais consciente qu’être membre de l’Equipe d’Elite n’était pas de la tarte. D’ailleurs, on avait toujours eu au moins deux à trois jours de repos. C’était pas grave.

Mais là…

-        C’est pas juste ! s’écria Lamine d’une voix plaintive.

Perchée sur l’accoudoir d’un des fauteuils qui se trouvaient dans le bureau du Chef, j’imitai Kader et Saliou qui acquiesçaient avec énergie en signe d’approbation.

-        Je sais que c’est… difficile, fit le Chef d’une voix douce.

-        Difficile ? marmonnai-je avec humeur.

Le Chef me jeta un regard d’avertissement et je m’éclaircis la gorge, gênée. J’avais beau me sentir trahie, il ne fallait pas que j’oublie qu’il s’agissait de mon supérieur.

-        Chef, repris-je d’un ton plus respectueux, on vient à peine de rentrer d’une mission qui a duré deux mois et vous nous dites qu’on doit en effectuer une autre ? Genre tout de suite ?

J’avais été intriguée lorsque Le Chef nous avait demandé de le rejoindre dans son bureau, alors qu’on aidait à Saliou rédiger le compte rendu de notre dernière mission. Mais je ne m’attendais pas à ça. Alors là, pas du tout.

Moi qui étais impatiente de rentrer chez moi et paresser avec Kader et Jeudi… Je pouvais aller me rhabiller !

-        Je vous comprends, assura le Chef d’une voix lasse, mais il s’agit d’une situation d’extrême urgence.

Quelque chose dans le ton de sa voix, excita ma curiosité et je l’observai avec attention. Son expression me fit penser à celui de quelqu’un qui est dépassé par les événements.

-        Qu’est ce qui se passe ? demanda Saliou d’une voix prudente.

-        La Colombe Dorée a encore frappé.

Ma respiration se bloqua dans ma poitrine à l’annonce de ce nom et j’échangeai des regards interloqués avec les trois autres.

La Colombe Dorée était une association de voleurs qui avait installé la panique à Dakar depuis près de huit mois. Aux dernières nouvelles, l’organisation comptait dorénavant plus de soixante membres tous âgés entre 15 et 30 ans. 

Au début, ils n’étaient pas pris au sérieux, ils se contentaient de s’attaquer par groupes variant de 5 à 10 personnes à des cafés miteux ou des stations services. Après chacun de leurs méfaits, ils taguaient « La Colombe Dorée s’est nourrie » à côté du dessin d’un petit oiseau.

Les forces de l’ordre avaient rassuré les propriétaires des petits commerce en leur disant qu’il s’agissait juste d’une bande de gosses qui voulaient faire les intéressants et qu’ils allaient bientôt tous être arrêtés.