Mortel

Chapitre 18

You know that I love you

I can’t help myself

 I love you and nobody else

Jessica Mauboy- I can’t help myself (Sugar Pie Honey Bunch)

Il existe des moments dans la vie où lorsqu’on se trouve face à une situation, on a vaguement conscience que quelque chose de grave est en train de se produire sans savoir exactement quoi.

Je crois que j’étais en train d’expérimenter l’un de ces moments. Les mêmes pensées tournaient en boucle dans ma tête :

Qu’est ce qui se passe ?

Pourquoi est ce que je suis terrifiée ?

Kader et moi ressemblions à des statues de cire. Nos regards accrochés l’un à l’autre. Sauf que là, je ne ressentais pas la familière sensation de chaleur qui se propageait le long de ma colonne vertébrale chaque fois qu’il me regardait. Non.

Cette fois, j’avais plutôt l’impression que Jake Frost s’amusait à souffler une brise glacée dans ma nuque. Je voulais parler, dire quelque chose, n’importe quoi, pour faire disparaitre cet horrible silence, mais mes lèvres étaient comme scellées.

Puis Kader tourna les talons et partit.

Comme ça.

Je ressentais quelque chose de très étrange dans ma poitrine et je n’aimais pas cette sensation. J’étais comme déconnectée. Mon cerveau semblait bloqué sur une seule pensée : pourquoi Kader m’avait-il regardé de cette manière ?

-        Ana ?

Légèrement nauséeuse, je fis volte face et regardai Saliou. J’avais complètement oublié qu’il était là.

-        Dans les films, dit-il lentement, c’est le moment où l’héroine court rattraper son amoureux pour lui expliquer qu’il s’agit d’un énorme malentendu.

Un malentendu…

Un malentendu…

Non !

Tous mes membres se raidirent alors que je réalisai deux choses simultanément :

1.     Kader m’avait entendu dire à Saliou que je l’aimais et il avait mal interprété mes paroles.

2.   J’avais retenu ma respiration depuis que je m’étais retournée et l’avais aperçu debout devant la porte.

Je m’empressai de relâcher mon souffle et aspirai une grande goulée d’air. Saliou avait raison, il fallait absolument que je rattrape Kader. Je m’élançai déjà vers la porte lorsque je me rappelai la manière dont il m’avait regardée. Je stoppai net, alors que mes mains devenaient moites.

-        Viens avec moi, dis-je à Saliou.

Après tout, c’était lui le Négociateur.

-        Je t’adore, répondit-il hésitant, mais je tiens à mon visage.

Alors que je m’apprêtai à sortir une nouvelle fois, mon téléphone me signala un texto. Un autre bip m’apprit que Saliou en avait reçu un également.

Lamine : Vous fichez quoi les gens ? Kader ne vous a pas prévenus que le Chef vous attend depuis presque 5 min dans la salle de réunion ? Z’avez intérêt à rappliquer fissa !

09 : 04 AM, Nov 17

Secouant la tête, je rangeai mon portable dans la poche arrière de mon jean et sortis. De toute façon, j’en avais marre de cette pièce. Saliou m’emboita le pas et nous primes l’ascenseur.