Mortel

Chapitre 10

Daydreamer
With eyes that make you melt
He lends his coat for shelter
Plus he's there for you
When he shouldn't be

Adele- Daydreamer

Kader me jeta un regard sévère. Mais je le remarquai à peine, j'étais trop subjuguée par son tablier. Comment se faisait-il qu'il soit si sexy avec un simple tablier noué autour de la taille ? Etait-ce le contraste que cela formait avec le noir de ses vêtements ?

- Tu crois que si je ne peux pas te gérer toi, dit-il, m'arrachant à ma rêverie, je serai en mesure de m'occuper de trois amateurs à la fois ?

- Si je peux me permettre, intervint Lamine, je ne suis pas un amateur.

- Moi non plus, ajouta Saliou.

Comment ça ce ne sont pas des amateurs ? Ils ne peuvent pas me faire ça. De quoi je vais avoir l'air moi, si tout le monde sait cuisiner dans la bande sauf moi ?

Kader les étudia tour à tour puis croisa les bras.

- Ah oui ? Et qu'est ce que vous savez faire ?

- Moi, je sais faire des beignets et des cakes, répondit Saliou.

- Et moi, je fais les meilleurs pains perdus de la Terre, fanfaronna Lamine.

- Désolé, je ne vends pas de pains perdus.

- Ben, tu devrais.

Kader regarda Lamine comme s'il avait une sérieuse envie de l'assommer. Je me décidai d'intervenir et m'avançai jusqu'à me retrouver pile en face de lui :

- Ecoute, dis-je, il est presque 22 heures maintenant et nous sommes venus t'aider que tu le veuilles ou non, alors tu ferais mieux d'arrêter de discuter et nous laisser entrer, parce que nous ne bougerons pas d'ici.

- Elle a raison, dit Saliou.

- Ouais, renchérit Lamine, alors pousse toi de là l'Assassin avant qu'on ne perde patience.

- S'il te plait, ajoutai-je, après avoir donné un coup de coude à Lamine.

Sérieux, il faudrait penser à museler ce garçon de temps en temps.

Kader nous jeta un dernier regard irrité, puis serrant les lèvres, il s'effaça pour nous laisser passer. Lamine et Saliou me précédèrent à l'intérieur et alors que je m'apprêtai à les suivre, Kader m'agrippa la main pour me retenir et sortis en refermant la porte derrière lui.

Le cœur battant, je levai les yeux vers lui. Il me fixait intensément avec une expression que je ne pus complètement déchiffrer. Je décelai de la colère dans son regard, je m'y étais préparée, je savais que ça ne lui plairait pas des masses qu'on débarque ainsi sans prévenir. Mais il y'avait également autre chose, une émotion enfouie derrière son agacement...

Il se pencha lentement vers moi.

- Je sais que tu es derrière tout ça, dit-il doucement, ses yeux toujours plongés dans les miens.

Je déglutis, incapable de parler. Son visage était si proche du mien que j'arrivais à distinguer les différentes nuances de brun de ses yeux.

- Ça m'énerve un peu que tu aies décidé d'intervenir malgré que je te l'aie empêché, reprit-il, mais ça me touche que tu t'aies donné autant de mal pour m'aider. Merci.

Je souris de toutes mes dents, sur le point d'exploser de joie.

- Pas de quoi, répondis-je. Après tout, nous sommes une équipe.