Chapitre 8

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There’s two kinds of people, those who try and those who don’t
And only time will tell which one you were

The Fray- Keep On Wanting

Mon père m’appela alors qu’on était en train de déjeuner. Je n’avais pas spécialement envie de lui parler mais ça me servirait au moins de distraction. Sérieusement, tous ces regards fixés sur moi depuis presque une heure commençaient à me donner la chair de poule.

Lorsqu’on était arrivés au Self, toutes les personnes présentes avaient tourné leurs têtes vers nous comme un seul homme. C’était impressionnant. Surtout lorsqu’on prenait en compte le fait qu’il y’avait au moins deux cents personnes présentes dans l’immense pièce, le spectacle avait de quoi donner des frissons. Et pour ne rien arranger, les volumes des conversations s’étaient mis à baisser progressivement, jusqu’à ce que bientôt on entendît plus rien.

Le pire c’est que Saliou et Lamine étant déjà connus, la majorité des regards s’étaient focalisés sur moi. L’Intruse.

J’avais l’impression d’être une bête de foire.

C’est Lamine qui, comme à son habitude avait détendu l’atmosphère. Levant la main, il avait écarté son majeur de son annulaire et dit en imitant –assez mal- une voix d’extraterrestre :

-        Bonjour, peuple de la Terre, nous venons en paix.

Tout le monde avait éclaté de rire et bientôt les conversations avaient repris leurs cours.

N’empêche, même si j’avais obstinément gardé mes yeux fixés sur ma nourriture, je sentais toujours plusieurs regards me scruter.

Alors lorsque mon téléphone s’était mis à sonner, j’avais été extrêmement soulagée.

-        Je reviens, dis-je à mes amis, même si, entre nous, je n’avais pas du tout l’intention de revenir.

Me levant précipitamment, en manquant de peu de faire tomber Saliou de sa chaise, je décampai aussi vite que je pus. Je décrochai après avoir trouvé un coin tranquille, près des toilettes des hommes.

-        Salut papa !

-        Bonjour, chérie, fit-il d’une voix soulagée.

-        Ça va ?

-        Oui, merci. J’ai essayé de te joindre plusieurs fois, n’as-tu pas vu mes appels ?

-        Euh… non, mentis-je.

-        J’ai même appelé à ton bureau, mais on m’a dit que tu n’étais pas là-bas. Tout va bien ? Tu n’es pas malade au moins ?

-        Non, je vais bien, le rassurai-je.

-        Alors pourquoi, n’es-tu pas allé travailler ? s’enquit-il.

J’étais face à un dilemme. Devais-je lui parler de mon renvoi-démission ? Je n’en avais pas envie, mais il le découvrirait tôt ou tard de toute façon…

-        En fait… il se pourrait que je me sois fait renvoyer, répondis-je d’une petite voix.

-        Quoi ? s’étrangla mon père.

-        Je ne travaille plus à GreatCom depuis mardi dernier, expliquai-je.

-        Que s’est-il passé ?

Ce qui s’était passé ? On m’avait accusé d’avoir sali la réputation de mon boss après  avoir retrouvé des images compromettantes de lui dans mon ordinateur…

MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant