Chapitre 5

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There’s a future in my life I can't foresee

Unless of course I stay on course and keep you next to me

One Direction- Ready To Run

-        Je viens de me rendre compte que l’un des gardiens de GreatCom a le même prénom que toi, dis-je à Lamine alors qu’il ouvrait la porte de mon appartement.

-        Ah oui ? répondit-il l’air pas du tout intéressé par ce que je racontais.

Il me précéda à l’intérieur et emprunta le couloir d’un pas rapide.

-        Où tu vas ?

-        Aux toilettes !

Ça ne me surprit pas qu’il connut l’emplacement de ma salle de bain. En fait, je ne crois pas que quoi que ce soit puisse encore m’étonner après ce qui s’était passé pendant ces trois dernières heures. Même maintenant, j’avais encore du mal à croire à tout ce qui venait de m’arriver.

Nous avions quitté l’Agence moins d’une heure plus tôt. Lorsque nous étions retournés dans le hall, il n’était plus vide, plusieurs personnes étaient en train de faire leur entrée. Des hommes, des femmes de tout âge, tous élégamment habillés –essentiellement en noir- et s’engouffrant dans les ascenseurs en un ballet incessant. J’avais été légèrement fascinée par la grace et la force qui semblait émaner de chacun d’eux.

J’étais également consciente de l’image que je pouvais offrir comparé à tous ces gens. Mais, aucun d’eux ne sembla faire attention à la fille terrifiée en short+t-shirt froissés, sans chaussures et à la tête à faire peur. Ni au type à la lèvre tuméfiée qui l’escortait. Je ne sus quoi en penser.

Titubant de fatigue, je me dirigeai vers ma chambre. Je stoppai net devant la porte gisant par terre. De ce coté-ci c’était encore pire. Soupirant, j’entrai en faisant attention aux échardes et m’engouffrai dans ma salle de bains.

Je faillis m’enfuir devant le reflet que me renvoya le miroir. Honnêtement, en ce moment, il n’y avait qu’un mot pour décrire mon apparence : Putain d’Affreuse. Bon d’accord, ça faisait trois mots.

C’était terrible. Mes cheveux partaient dans tous les sens, le chouchou avec lequel je les avais attachés ensemble pendouillant lamentablement à l’arrière de mon crâne. Et les coins de mes lèvres sèches retombaient légèrement me donnant l’air d’un dessin animé triste et mes yeux semblaient encore plus énormes que d’habitude, avec mes pupilles dilatées à l’extrême.

Et je n’avais même pas encore la force de regarder mes pieds. Je n’osais imaginer l’état dans lequel ils devaient se trouver en ce moment.

Me déshabillant rapidement, je roulai mes vêtements en boule. Puis, je les plaçai près de la porte avec l’intention de les jeter dès que je sortirai dans l’espoir que ça me ferait oublier le deuxième pire jour de ma vie.

L’espace d’une seconde, les souvenirs du pire jour de mon existence s’insinuèrent dans ma tête et le visage de ma mère s’infiltra sous mes paupières étroitement fermées.

Ce n’est pas le moment. Pitié, ce n’est pas le moment.

Serrant les poings, je me concentrai sur ma respiration comme le docteur Sylla me l’avait appris. Cela me prit plusieurs minutes, mais je réussis à me calmer et les battements de mon cœur ralentirent. Ça devenait de plus en plus facile avec le temps.

Après une douche rapide, je sortis un pantalon de jogging confortable et le t-shirt « I’m a potatoe » que Coco m’avait offert de ma penderie. Puis après m’être habillée, je partis à la cuisine. Je mourais de soif.

MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant