Chapitre 9

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If we’re gonna feel alive

Let’s feel it now

The Script- The Energy Never Dies

Lorsque je fantasmais sur le jour où Kader sonnerait à ma porte, je m’imaginais toujours lui ouvrir d’un mouvement gracieux et tout en lui jetant un regard de braise puis, l’inviter à entrer avec une voix suave.

Dans la vraie vie, ça ne s’est pas du tout passé comme ça. Oh non, loin de là. Tout ce que j’ai fait, c’est le regarder avec des yeux exorbités et m’écrier d’une voix ahurie :

-        Tu n’es pas Lamine !

Il y’a des moments où j’ai envie de me donner des baffes.

Sur le visage.

Avec un banc.

Kader m’a regardé comme s’il se demandait s’il y’avait quelque chose qui clochait chez moi.

-        Je suis au courant merci, se contenta-t-il de répondre.

Puis comme je continuai à le dévisager en silence, il s’éclaircit la gorge :

-        Tu es prête ?

-        Oui… enfin presque. Donne moi une seconde, répondis-je.

Puis, je lui claquai la porte au nez.

Oui ! je venais de lui claquer la porte au nez !

Qu’est ce qui m’a pris de faire ça ? Qu’en était-il de l’invitation à entrer d’une voix suave ? Dois-je rouvrir et lui demander d’entrer ? Non, ce serait trop bizarre !

Debout face à la porte fermée, je me sentais de plus en plus idiote à chaque seconde qui passait.

Furieuse contre moi-même, je me précipitai dans ma chambre pour vérifier mon apparence.  Je faillis me casser la figure sur la porte qui gisait toujours par terre et jurant, je claudiquai jusque devant ma coiffeuse.

Agrippant un peigne, je me coiffai du mieux que je pus et attachai mes cheveux au sommet de ma tête. Ce n’était même pas la peine de penser à me maquiller, ce serait un véritable désastre comme à chaque fois que je m’y étais risquée. Je me contentai donc d’étaler une couche de gloss à la framboise sur mes lèvres et quittai la pièce aussi vite que je pus, après avoir saisi mon sac et mes clés dans un même mouvement.

-        Je suis désolée, dis-je dès que je rouvris la porte d’entrée.

Kader qui se tenait appuyé contre le mur d’en face, me regardait d’un air impassible.

-        De quoi ? demanda-t-il d’un ton neutre. De m’avoir fait attendre devant chez toi comme un malpropre ou de ne pas m’avoir dit bonjour ?

Il n’y a que moi pour traiter de façon aussi barbare mon futur petit ami.

Alors que j’étais à deux doigts de me laisser envahir par la panique à l’idée de l’avoir vexé, je le vis esquisser un sourire. Oh, ce n’était pas grand-chose, un soulèvement d’à peine un millimètre du coin de ses lèvres. Mais venant de lui, cela équivalait à un éclat de rire de Collé.

-        Des deux, répondis-je.

Je sortis et fermai derrière moi. Tandis que je faisais tourner la clé dans la serrure, je me surpris à penser à Lamine. Qui aurait cru que j’en arriverais à avoir la nostalgie de ce sale enquiquineur ?

-        Allons-y, dis-je à Kader qui m’attendait en silence.

Il me précéda et je profitai de ce qu’il avait le dos tourné pour sourire de toutes mes dents. Kader était venu chez moi. Bon d’accord, c’était juste pour venir me chercher et qu’on se rende au boulot ensemble, mais je m’en fichais.

MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant