9. Orage en vue

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La petite fille violente que j'étais ne m'a pas réellement quittée. Je n'ai pas changé, il a juste fallu un élément déclencheur pour que je sorte de mes gonds. Je pensais qu'avec le temps je m'étais calmé, assagie mais, j'ai faux sur toute la ligne. Cependant je me blâme pas pour ce que j'ai fait, non, elle l'a amplement mérité.

26 décembre 1987

Bill et Shanice ont passé la journée ensemble. Toute la soirée , on a eu droit à une ambiance de mort.

« -Je ne voulais pas que vous vous disputiez. Je hais la violence. Ce qu'elle a fait est mal, c'est vrai. Mais est-ce que tu te rends compte de la violence dont vous avez fait preuve?

Des jeunes filles comme vous ne devraient pas se taper dessus comme des boxers sur un ring.

-Donc pour toi, une fille ne se bat pas? lui ai-je demandé presque offensée.

-Les hommes comme les femmes ne devraient pas se comporter de cette manière. J'ai un verset de la Bible de pour toi.

-Je ne connais pas la Bible, laisse moi tranquille.

- Si l'esprit de celui qui domine s'élève contre toi, ne quitte point ta place, car le calme prévient des grands pêchés.

-Ça te dit rien de foutre la paix aux gens quand ils sont énervés?»

Je suis sortie de la pièce. Ses leçons religieuses allaient me donner mal au crâne. C'est un fervent croyant, je l'ai remarqué et je n'avais pas envie de subir un récital spirituel de paroles idiotes.

«-Médite ces paroles.

-Rien à foutre de ta Bible.» ai-je grommelé à voix basse en gravissant les marches.

Mon rapport avec la religion a toujours été étrange. Mes parents sont animistes, ils croient en une force qui animent les objets et les animaux. J'ai été élevée dans cette religion, mais je n'y crois pas parce que je m'en fiche. A vrai dire, je me fiche de toutes les religions et par conséquent de Dieu. Je pense que nous sommes les seuls responsables de ce qui nous arrive dans la vie. Je pense qu'un élément déclencheur nous amène à mener certaine action ou à faire qu'un évènement arrive. Cependant, depuis ce retour dans le passé, je commence sérieusement à douter de ma thèse.

J'ai monté la dernière marche qui permet d'accéder à l'étage. La porte de la chambre de Shanice était ouverte, Bill balayait les débris de verre.

Ma gorge s'est serré et j'ai ressenti comme de l'affliction. J'ai regardé si la folle n'étais pas dans les parages.

La porte au fond du couloir était fermée, de la lumière s'échappait au ras de celle-ci. J'en ai déduis que Shanice s'y trouvait.

Elle s'est éternisée dedans. Je suis partie donner un coup de main à son père.

« -Non Asani, ne te casse pas la tête, je vais ramasser seul. » a assuré Bill

J'ai récupéré les fragments de miroir qui étaient à ma portée.

12 ans de malheur pensai-je 1987 plus 7...1994

J'ai chassé ces pensées de mon esprit et me suis concentrée sur le rangement de cette chambre, qui n'était autre que le lieu de notre dispute.

Du fard à paupière avait tâché à la moquette et du vernis bordeaux renversé avait coagulé .

« -La coiffeuse est bonne pour la poubelle.»

J'ai levé la tête afin de faire un état des lieux. Bill dévissait les boulons.

J'ai baissé les yeux, mes traits se sont crispés. Contrairement à ce qu'on peut penser, la victime dans cette histoire n'est pas Michael, mais Bill.

Contraires soudésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant