13.De beaux metteurs en scène

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21h

La cérémonie des Grammy Awards 1988 a été diffusée simultanément sur la chaine CBS. Whitney Houston a ouvert la cérémonie en s'agitant sur un instrumental médiocre du type karaoke de son tube I Wanna Dance With Somebody. Sa façon de chanter était irréprochable, ce sont les musiciens qui ont tout gâché.

Le nom des invités arrivaient à l'écran dans un style grossier qui étaient encore une fois très kitsch, en étant annoncé d'une façon chaleureuse par une voix off. Quelques noms tels que Al Green, Smokey Robinson, Stevie Wonder, U2 ne m'étaient pas inconnus. D'autres m'étaient étrangers, ils n'ont pas su résister à la tempête du temps. Cette voix préenregistrée a fini par annoncer ce nom que je soupire d'irritation, j'appelle, larmoie, ce nom de deux syllabes que par dessus tout, j'aime. Mes oreilles ne voulaient que se délecter de l'entendre.

«-Michael Jackson! » a dit à la volée, la voix.

Mon ventre s'est réchauffé de joie. J'étais à la fois fière et excitée.

Je le cherchais sans arrêt des yeux, dans l'espoir de remarquer sa veste rouge flamboyante. Ma recherche oculaire n'a rien donné.

Ce n'est que lorsqu'un homme, le producteur de Whitney Houston, je suppose est venu enlacer Quincy Jones que j'ai pu le voir à la première rangée à gauche aux côtés de celui ci, contribuant au flot d'applaudissements, le sourire aux lèvres.

Des artistes venaient par pair pour annoncer les nominés de chaque catégorie. Michael n'a pas été énoncé dans les nominés à la course du titre du meilleur artiste pop. Je pensais qu'ils avaient juste omis de le rajouter dans la liste.

A croire que non, les noms ont été dit sans exception. Ce fut un premier coup dur à encaisser.

Très rapidement, la nomination des meilleurs artistes Rythmn and Blues (RnB) est venue rattraper le coup, j'étais optimiste et persuadée que Michael avait toute les chances de son côté. Un gros plan a été fait sur lui, il a secoué la tête, le regard perdu. Sur le vif, je n'ai pas compris cette réaction. Puis, il a fini par relever les yeux et fendre un sourire mais son expression n'en daignait pas du moins joyeuse. Encore une fois le trophée lui a glissé des doigts. C'était comme si des briques imaginaires alourdissaient mes épaules au fur et à mesure.

Je me suis mise à effiler le bout de réglisse à la cerise que j'avais entre les mains.

«-Il est nominé quelque part j'en suis sûre. » ai-je pensé tout haut comme pour me convaincre.

Les duos d'animateurs se sont succédés pour l'annonce du reste des nominés des différentes catégories. Elles étaient variées. Les ingénieurs du son, les directeurs artistiques et la richesse des registres musicaux sans oublier les passages sur scène des chanteurs n'ont qu'allongé la soirée.

Comme dans les règles de l'art, toute bonne chose est réservée pour la fin. Michael est apparu dans les dernières prestations. Le début acapella de ses choristes habituellement utilisé pour le début de Heartbreak Hotel pendant les concerts a commencé. Son ombre chinoise se détachait en grand, encore une fois j'ai été captivée par ses mouvements et poses. Il a superposé les paroles de The Way You Make Me Feel sur l'acapella. Les performance moroses et sans gout des artistes ont été terrassées par la mise en scène de Michael. L'écran s'est levé, il est arrivé d'un air dégingandé . Puis, notre Tatiana nationale a eu droit à ses dix minuscules secondes de gloire habituelles en marchant avant de lui souffler un baiser.

Michael a retiré son fédora et sa chemise bleu xxl avec excitation avant de partir dans une transe incontrôlable comme il le faisait en contact de la musique. Lorsque les notes rythmées de The Way You Make Me Feel se sont terminées, il s'est baissé pour saluer le public , remis ses mèches bouclées derrière les oreilles avant de saisir poliment le micro qui lui était donné.

Contraires soudésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant