5. Plus vite que la musique

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31 octobre 1987

Il y a dix jours, nous avons quitté le Japon pour la Chine. En ce 31 octobre 1987 je suis partie en compagnie de Michael à la rencontre des habitants de villes et villages. La tristesse et le manque de la famille sont encore là. J'essaye de noyer ces sentiments afin de les oublier pour un temps, jouer la normalité dans un monde anormal.

Tout au long de la visite, nous avons été guidés par Liu Guangzhi, un jeune chinois qui connaissait très bien les alentours. Il a expliqué de façon claire et complète ,mais ma mémoire a fini par atteindre sa capacité d'absorption.

Certaines personnes m'observaient de façon insistante, ça m'a un peu déstabilisée.

Cependant je n'y ai pas prêté attention trop longtemps .C'était peut être la première fois qu'ils voyaient une fille noire mais, j'estime que ce n'est pas une raison pour me regarder de cette façon.

Michael buvait les paroles du guide, il s'est même prêté au jeu du pêcheur à Yongmo, en s'asseyant sur les lattes en bois usées. Yongmo, un petit village paisible de pêcheurs et fermiers. La visite de ce village s'est immortalisé en un cliché magnifique de Michael coiffé d'un chapeau de paille, observant au loin, près des rizières d'un vert très vif, tout en contraste avec le ciel clair. C'est une photo que j'aime beaucoup. On nous a offert des chapeaux à nouer et des bracelets. Une vieille femme a fait une photo avec lui. Quand elle l'a vu, elle a prit de ses deux mains ridées la main droite de Michael. A ma grande surprise, elle est venue me voir également pour me dire aussi bonjour. Ses yeux dont les paupières retombaient mollement se sont écarquillés puis elle a dit : "Ooh" avant d'également saisir ma main droite. Je n'ai pas apprécié sa façon de faire, j'ai eu cette impression qu'elle m'a prise pour un animal de foire.

Après ce court passage, nous avons fait un tour à Zhongshan. Un homme tenait un stand en ayant son enfant dans les bras. Michael a prit le nourrisson et lui a glissé quelques mots attendrissants.

A la fin de la matinée, nous avons prit notre déjeuner dans un restaurant nommé Hot Spring à Zhongshan. J'ai regardé l'assiette de Michael, c'était une salade avec des haricots et agrémentée de choses translucides dont j'ignorais le nom. Je me suis demandé: comment pouvait-t-il être rassasié avec ce plat?

«-Tu penses vraiment que ton ventre ne va crier famine avec cette salade? T'aurais dû prendre des ailes de poulet à la sauce d'huitre toi aussi!

-Je suis végétarien, tu devrais le savoir.

-Bah, pourtant il y a pas longtemps t'as mangé des saucisses.

-De soja.

Pour tester son "végétarisme" j'ai passé mon assiette fumée sous ses yeux. Ses pupilles ont suivi le mouvement de l'assiette chaude, c'était assez drôle.

- Ne me dis pas que tu ne veux pas savourer ça.

-Non.

-Un peu, avoue. insistai-je en faisant danser ma fourchette devant son visage.

-Continue, tu ne m'auras pas.»

Il a piqué dans son assiette, le message était clair il ne voulait pas avaler ce qu'il y avait dans mon plat.

« -J'abandonne, t'es un végétarien endurci toi!

-La tentation n'a aucun effet sur moi.

-Tu m'étonnes! »

Après cela, j'ai eu une brève conversation avec le guide à propos des habitants.

«-Pourquoi les habitants me regardaient bizarrement?

Contraires soudésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant