Chapitre 35

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A l'infirmerie, je ne pus m'empêcher d'appeler Louis qui se précipita sur nous. Il me toucha la main, je lui certifiai que je n'avais rien puis pris soin de Gabriel. On installa le roi d'Ambry dans sa chambre puis Louis se mit aussitôt au travail. Il avait plusieurs côtes cassés, des bleus un peu partout et une belle entaille à la cuisse droite. Je tentai de convaincre Louis de me laisser au moins guérir sa jambe, qui saignait abondamment mais il me repoussa d'une petite claque sur les mains et déclara :

_ Tu n'as rien à faire ici ! Va plutôt aider ton frère et te reposer. Ce n'est qu'une bataille et on ne sait pas ce que Dray a prévu.

Sur ses conseils, je sortis de la tente et rejoignis mes amis et mon frère. Ils se trouvaient encore sur le champ de bataille ou plutôt de cadavres. Quand j'arrivai à hauteur de Julian, il me serra contre lui et me félicita ainsi que tout le monde autour. Très franchement, à cette heure je n'avais que faire de leurs encouragements et félicitations. Aujourd'hui, je venais de tuer des hommes et nul doute qu'ils hanteraient mes nuits jusqu'à la fin de mes jours. Arthur qui n'avait encore rien dit s'approcha, glissa discrètement un mot à Julian puis m'entraîna vers ma tente. Il me fit m'asseoir confortablement sur une chaise qui avait été disposée pour mettre mes affaires puis me fit face. Il enleva quelques parties de son armure qui le gênaient puis commença à me parler :

_ Une guerre sans mort ça n'existe pas vous savez Déiti. Toutefois, même avec le temps, les remords restent mais ils ne doivent jamais, je dis bien jamais, prendre le dessus sinon vous allez perdre l'esprit. Et croyez-moi vu les capacités que vous avez, personne même pas vous, n'aimerez que ça arrive. Il fit une pause qui me permit de fermer les yeux brièvement et de secouer la tête pour chasser les images qui défilaient puis lorsque je relevai les yeux vers lui, il reprit. Dray vient de perdre une bataille et il ne va pas apprécier. Je pense qu'il ne s'attendait pas à ce que vous soyez aussi forte. Ce que vous avez fait aujourd'hui était extraordinaire. Rien de tel ne c'était produit depuis vingt ans. Vous êtes l'espoir de tous ces soldats qui se sont battus aujourd'hui à vos côtés...

_ Et la crainte pour ceux qui sont dans le camp adverse... L'interrompis-je.

_ Oui, la crainte ! La crainte de Dray, l'une de ses plus grosses craintes. Cet homme est le mal incarné et il fera tout ce qui est en son pouvoir pour vous avoir.

_Pour accomplir la prophétie ?

_ Exactement, maintenant que vous avez démontré de quoi vous étiez capable, il va devenir de plus en plus féroce et c'est pourquoi vous ne devez pas vous perdre et reprendre vos forces pour pouvoir l'affronter. Il ne vous laissera aucun répit, vous devez vous préparer à ça et non penser aux hommes que vous avez tué pour vous défendre.

_ Qu'allez-vous faire des corps ?

_ Les brûler, c'est le meilleur moyen pour éviter les maladies.

_ Je sais mais... Rien ! laissez tomber.

_ Vous devriez aller vous laver. Il y a une rivière pas très loin d'ici, les soldats ont pour ordre de ne pas y aller mais je dirais à quelques uns de vous y emmener.

_ Non ça ira, j'irai avec mes amis. Nous serons tout autant en sécurité.

_ Laissez au moins deux de mes soldats vous accompagner. Insista le général.

_ Très bien. Seulement deux alors.

_ A vos ordres. Finit-il par dire en se dirigeant vers la sortie avant que je ne le stoppe.

_ Arthur ?

_ Oui.

_ Promettez-moi de prendre soin de mon frère comme vous venez de le faire avec moi et de l'emmener auprès de sa femme et de son enfant s'il venait à m'arriver quelque chose.

L'héritage des DéitisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant