Chapitre 36

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L'après-midi fut plutôt calme. Il faut dire qu'après cette défaite, nous nous attendions un peu à cela. Comme disait Sphen c'était « la défaite la plus épique de l'ennemi », du moins depuis que les combats avaient débuté.

Il est vrai que le calme peut être quelque chose de rassurant, toutefois sur un champ de bataille il n'en est rien. Car ce calme-là ne signifiait pas la sérénité ou ni même la quiétude. Non ! Il signifiait uniquement une réflexion stratégique de l'ennemi, une réflexion qui me faisait froid dans le dos, connaissant le personnage que l'on affrontait. Dray ne souhaitait qu'une chose : moi. Et je savais pertinemment qu'il ferait tout pour nous abattre avec plus de force et de férocité qu'auparavant. J'aurai pu croire comme à mon habitude que mon inquiétude n'était que passagère, cependant le regard de mes amis, de mon frère, de Louis, de Gabriel me menait à penser qu'elle était justifiée et qu'elle m'étreindrait tant que Dray ne serait pas mort.

En pleine réflexion avec moi-même, j'entendis à peine le rideau de ma tente s'ouvrir. Heureusement, il ne s'agissait que de Gabriel qui revenait aux nouvelles, ne m'ayant pas vu depuis notre conversation écourtée. Il faut dire que je l'avais évité car plus je le voyais et plus je pensais au mal que Dray pourrait lui faire. Il fallait donc à tout prix que je m'éloigne. Bien entendu, on n'échappait pas aussi facilement à un homme d'une centaine d'année et il avait très rapidement compris mon manège mais ne m'avait jamais fait de remontrances :

_ Alors qu'as-tu fait de ton temps libre ?

_ Etudiée des livres sur les plantes et sur l'histoire. La bibliothèque de Julian recèle réellement de petits bijoux.

_ As-tu trouvé quelque chose sur la chaîne de désespoir ?

_ Malheureusement non, mais Dray en a d'autres et crois-moi tu n'as pas envie de savoir comme cela fonctionne. M'écriai-je à bout de nerf avant de poursuivre. Gabriel ce n'est pas normal, ce silence, ce répit... Dray prépare quelque chose.

_ Je sais et nous avons tenté de mettre nos meilleurs hommes dessus. Ton frère n'est pas dupe, ni moi d'ailleurs. Nous sommes de bons guerriers et stratèges mais savoir ce qui se trame dans la tête de ce fou, c'est autre chose...

Alors que Gabriel poursuivait j'eus une illumination et le coupais :

_ Je peux savoir !

_ Quoi ? Savoir quoi Lena ? Répliqua le roi d'Ambry totalement perdu.

_ Je peux connaître ses plans. Si j'arrivais à m'immiscer dans son esprit comme il le fait avec moi ou si je le laissais entrer, je pourrais essayer de le piéger et tenter de comprendre ce qu'il compte faire.

_ Lena, tu n'es pas assez forte ! Il a eu des décennies pour s'entraîner à ce petit jeu. Ne crois-tu pas qu'il est plus expert en manipulation que toi ? Ce serait du suicide que de laisser entrer Dray dans ton esprit. Il n'y a qu'à voir ce qu'il te fait subir dans tes rêves. Un homme tel que lui ne sait pas s'arrêter, il n'a pas de limite.

_ Si, il a une limite... Moi ! Il aurait déjà pu me tuer mais il ne l'a pas fait.

_ Tu sais très bien pourquoi il te veut LENA ! S'insurgea-t-il fou d'inquiétude. Tu veux la vérité toute crue? Il veut te briser et faire de toi sa catin de luxe pour t'engrosser, te tuer et tuer ton enfant pour être plus puissant et détruire cette barrière et enfin régner sur ce monde et pourquoi pas parvenir sur Terre.

_ Tu crois que je ne le sais pas ? Hurlai-je au bord des larmes. Mais que puis-je faire d'autre ? Regarder mes amis se faire massacrer les uns après les autres, telle une lâche ? Mieux vaut agir plutôt que de rester les bras croisés et attendre que la tempête s'abatte sur nous.

L'héritage des DéitisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant