CHAPITRE 3

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Je m'approchai alors de mon lit et m'allongeai tranquillement. Des larmes s'échappèrent de mes yeux et dévalèrent les courbes rondes de mes joues, des heures durant. Je ne savais plus quoi penser. Une partie de moi croyait mes amis, une autre ne pouvait s'y résoudre. Pourtant comme Will avait pu le dire, jamais on ne s'était menti. C'était mon meilleur ami et je venais de réaliser que j'avais réagi comme il le craignait plutôt qu'essayer de comprendre et d'écouter comme une vraie amie. Ma vie n'était qu'une misérable épave à la dérive depuis un an, une épave qui s'était reconstruite pour ressembler à un radeau de sauvetage grâce à mes amis. Mais une rafale de vent venait encore s'abattre rendant la structure plus instable qu'elle ne l'était.

En me retournant face à la pièce, j'aperçus ma palette de peinture et une toile pas encore finie. Il fallait que j'évacue ma rage, ma tristesse et m'en prendre à mes amis n'était pas du tout dans mes habitudes. Je me déshabillai au plus vite, enfilai un short et un tee-shirt large puis me mis à peindre. La couleur noire prédominait mais les couches se superposaient de plus en plus vite. Quand j'eus terminé le résultat me plut énormément. Bien entendu, c'était très abstrait mais on aurait dit que ma vie était inscrite dans cette œuvre. Je partis alors prendre un verre d'eau et au moment où je me plantai devant pour l'observer à nouveau, quelqu'un sonna. Je m'approchai de la porte et ouvris en répliquant :

_ Si tu es venue pour discuter, c'est bon je comptais ...

Je ne terminai pas ma phrase car Liam se tenait face à moi.

_ Ça va ? Me demanda-t-il en plissant les yeux.

_ Euh... Qu'est-ce que tu fais là ? Comment m'as-tu trouvé ?

_ Euh... Tu as l'air occupé. Dit-il en levant un indexe vers mes cheveux.

Je me décalai alors pour m'observer dans le miroir et m'aperçus que j'étais remplie de peinture et mes cheveux bouclés bien qu'ils soient attachés par un pinceau, étaient légèrement en bataille, de multiples mèches s'échappant à droite à gauche. Je revins alors à son visage et expliquai :

_ Je peignais...c'est pour ça ... mais j'ai fini. Répondis-je dans la précipitation.

_ Je vais y aller. Je ne devrais pas être ici.

Il m'observa un moment avec un léger petit sourire en coin puis partit comme il était arrivé.

Je restai un moment plantée devant ma porte quand je réalisai que je ne pouvais pas demeurer sans réponse sur cet homme. J'enfilai au plus vite un vieux jean troué et accourus à la somptueuse villa de William. Peu importe ce qu'ils étaient, trois d'entre eux comptaient réellement beaucoup pour moi et je devais les écouter. Ils avaient été là dans les moments les plus durs de ma vie et je leur devais bien ça.


L'héritage des DéitisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant