L'héritage des Déitis

Chapitre 41

Je restai encore un moment à réfléchir et marcher dans ce jardin. Puis Illiria me rejoignit, on discuta de choses assez futiles. Je ne pouvais, bien entendu, pas lui parler avec tous ces gardes autour de nous, il faudrait que je m'assure de sa loyauté à un autre moment. Ma confidente me raccompagna jusqu'à ma chambre puis repartit aussitôt car elle avait des obligations.

Je dois avouer que cette discussion avec Dray avait été assez utile, elle me permettait d'en savoir plus sur mon ennemi. Il avait été plutôt honnête même s'il était toujours aussi méprisant et odieux. Malheureusement, son honnêteté ne m'avait nullement rassurée, bien au contraire. De plus, je ne savais absolument pas ce que me réservait la soirée de ce soir. Et avant cela, il y aurait ce fabuleux déjeuner.

Illiria arriva vers midi pour m'emmener auprès de mon tortionnaire. Heureusement, il fût plutôt bref et sans grand monologue de la part de Dray, qui était beaucoup trop préoccupé par l'organisation de la soirée. Il me congédia donc assez rapidement en n'omettant pas de préciser :

_ Lena, ce soir est une grande soirée et je ne permettrai aucun faux-pas de votre part. Mes amis sont ici pour vous rencontrer et très franchement cela m'embêterait que vous soyez aussi désinvolte qu'hier. Indiqua-t-il avant de se rapprocher et de m'empoigner le bras en le serrant  et en ajoutant. Me suis-je bien fait comprendre ?

Je serrai des dents et répondis en le regardant droit dans les yeux :

_ Oui, c'est très clair ! Maintenant lâchez-moi.

Il retira alors sa main de mon bras et deux gardes s'approchèrent pour me raccompagner dans mes appartements. Je fus plutôt surprise de ne pas voir Illiria. Jusqu'à présent, elle était toujours présente après ou pendant mes repas. Alors que l'on avançait dans le couloir en direction de ma chambre, j'entendis un bruit comme une personne qui essayait de se débattre et que l'on bâillonnait pour étouffer les cris. Plus on s'approchait d'un croisement, plus le bruit s'intensifiait. J'accélérai alors le pas puis aperçus, dans le couloir de droite, mon amie en train de se faire peloter par plusieurs gardes. Elle me vit au loin et détourna au plus vite son regard comme si elle avait honte. La rage monta en moi aussi vite qu'un étalon au galop et mes devoirs de Déiti prirent le dessus. J'arrachais l'épée d'un des gardes qui se trouvait à mes côtés, le neutralisait en lui envoyant un coup de pommeau sur la tempe. L'autre eut à peine le temps de comprendre ce qu'il se passait et ne put sortir son épée avant que j'atteigne les agresseurs de mon amie. L'art de l'épée me revint naturellement, je pensais l'avoir oublié mais les coups s'enchaînaient sans que je comprenne comment ou pourquoi, mon corps réagissait et anticipait les mouvements de mes adversaires. Le dernier coup fût porté dans les parties génitales de celui qui tenaillait Illiria. Je tirai alors la servante de Dray par le bras pour la rapprochai de moi et lançai :

_ Maintenant vous vous en prendrez à quelqu'un d'autre car si je revois vos sales faces s'approcher ne serait-ce qu'une seule fois de cette jeune fille, je vous le ferai regretter. 

_ C'est toi qui va le regretter sale garce ! S'écria un des gardes en se relevant et en s'avançant vers moi pour tenter à nouveau quelque chose.

_ Si j'étais vous je n'abimerai pas la marchandise de Dray. A ces paroles le garde se stoppa net et je poursuivis. Et d'ailleurs, je ne lui parlerai pas non plus de cet affrontement. Disons que ce serait un peu honteux. Vous vous êtes fait battre par une prisonnière, sans pouvoir en plus. Répliquai-je ironiquement avec un large sourire.

Aucun garde n'osa bouger lorsque je me dirigeai vers ma chambre en compagnie d'Illiria. Je laissai tomber l'arme du malheureux à qui je l'avais volé car si je la gardai nul doute que Dray le saurait. Toutefois, aucun d'eux n'avaient remarqué que j'avais réussi à subtiliser un petit poignard à la cheville de mon premier assaillant et ça c'était une bonne chose.