L'héritage des Déitis

CHAPITRE 1

Vingt-quatre ans plus tard, Nice, France,

Le feu détruit tout sur son passage, tout comme l'eau, le vent ou tout autre élément naturel. Il y a un an de cela, j'ai tout perdu dans un incendie. Les flammes avaient tout emporté : ma maison, mes souvenirs et surtout ma famille. Il ne me restait rien. Quand tout ceci c'était produit, j'étais loin de chez moi. Les études m'y avaient forcé. Je ne m'étais jamais sentie aussi impuissante de ma vie. Le feu m'avait tout pris, ne me laissant que des cendres. Il s'agissait d'un incendie involontaire d'après les enquêtes complémentaires et être présente n'y aurait rien changé. J'aurais également péri avec les êtres que j'aimais.

Un an s'était écoulé depuis ce drame. Mes amis avaient été présents pour moi plus que je ne l'aurais cru. Ils m'avaient soutenue du mieux qu'ils pouvaient mais je ne m'étais jamais sentie aussi seule qu'à cette date d'anniversaire.

- Hey Lena ! Tu fais quoi ce soir ? Demanda William me sortant de mes pensées.

- Je bosse comme d'hab. Je n'ai pas très envie de louper mon trimestre. Déjà que je galère avec les cours de Mme Bellevie. Répondis-je agacée.

- Oh c'est une vrai sorcière celle-ci mais bon on est vendredi ma belle viens donc avec nous te détendre un peu. Tu bosseras demain, je t'aiderai même à réviser si tu veux. Répliqua mon meilleur ami en m'entraînant par le bras vers la sortir de l'université.

- Ok juste un verre alors. Abdiquai-je sans trop de conviction.

Je dois avouer qu'il est difficile de lui résister. Ce grand blond, aux yeux bleus, au visage anguleux, a toujours eu le don de convaincre tout le monde. Croyez-moi si vous lui dites non, il va tellement vous tanner avec ça que vous serez obligé de dire oui, rien que pour en être débarrassé. Will est mon meilleur ami depuis que je suis gosse, on est parti ensemble de Nouvelle-Calédonie pour poursuivre nos études. Autant vous dire qu'on n'a pas choisi Nice pour les soirées étudiantes mais bon c'est une ville sympa. Il y fait plutôt chaud, il y a la mer, la montagne pas très loin. Je pense que je n'aurais pas supporté une ville loin de la mer. Moi qui ai vécu toute ma vie sur une île, ça aurait été insupportable. Bref, on est sur la fin de nos études et  j'étais mitigée entre mon envie que ça se termine et mon envie de repartir. En effet, terminer les études signifiait retourner sur cette île qui m'a procuré tant de joie et tant de peine. La mort de mes parents était encore fraîche dans mon esprit, la blessure était loin d'être guérie. Je savais très bien pourquoi Will voulait me sortir ce soir et pourquoi j'acceptais. Je lui devais bien ça après tout ce qu'il avait enduré avec moi, pour moi et sans moi.

En plus d'être la date d'anniversaire de l'incendie qui avait ravagé ma vie, il faut bien dire que cette journée ou plutôt cette soirée m'a vraiment marqué pour d'autres choses. C'était en juin, le 1er exactement. Je venais de sortir du bar et je rentrais chez moi, tranquillement, me dirigeant vers le tramway. Il passa devant moi comme si de rien n'était. Pourtant, un regard vers lui suffit pour que mes yeux ne le quittent plus. Quiconque aurait pu remarquer sa différence, ce petit quelque chose en plus. Cependant, je semblais être la seule hypnotisée par cet homme. La seule à voir réellement qui il était. Bien trop curieuse pour le laisser filer sans rien dire, je le suivis et nous avons finalement atterri dans une petite ruelle. Croyez-moi les ruelles, ce n'est pas ce qu'il manque dans le vieux Nice.

Il est resté de dos cinq secondes puis s'est retourné. Son regard n'avait pas croisé le mien depuis que je le scrutais mais bizarrement lorsque ce fût le cas et que j'aperçus ses yeux violets, cela ne me choqua nullement. On disait bien d'Audrey Hepburn qu'elle avait la même couleur d'yeux alors pourquoi cela me perturberait ? Non, rien en lui ne me choquait, bien au contraire tout m'attirait. Cette attirance m'effrayait car elle était presque surnaturelle, comme si notre rencontre était inévitable.