Chapitre 19

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Quand Gabriel me vit entrer, il vint au plus vite à mes côtés. Il me tendit son bras pour que je m'y accroche et m'amena vers le fond de la salle. Puis il se mit à me parler tout près de mon oreille :

_ Je suis désolée si je vous ai énervé avec cette réception.

_ Non, c'est juste que je ne m'attendais pas à ce que vous prépariez tout ça juste pour mon arrivée.

_ Les gens doivent être au courant de votre venue et surtout de votre existence, car même si des rumeurs commençaient à courir personnes n'étaient certain.

_ Comment l'avez-vous su ?

_ Vous le verrez bien assez vite. Je sais que vous vouliez m'avertir du danger que Dray représente à nouveau, Louis me l'a confié. Répliqua-t-il à la façon d'un monarque bien alerte, de chaque chose qui se produit dans son royaume.

_ Je ne suis pas venue que pour cela. Il semble que Louis ne vous ait pas tout dit. Le piquai-je en blaguant. Je voulais également en savoir plus sur une certaine prophétie et sur moi-même.

_ En tant que personne ou sur vos pouvoirs ? M'interrogea-t-il en gardant tout son sérieux.

_ Les deux je crois.

_ Je ne suis pas certain que je puisse vous aider pour tout, mais je ferai mon possible. J'ai connu votre mère et vous lui ressemblez énormément. En ce qui concerne vos pouvoirs et votre lignée j'ai quelques livres mais ceux qui vous intéressent ne sont pas ici.

_ Où sont-ils ? M'empressai-je de demander.

_ Je préfère attendre avant de vous en parler. Il faut que je vous présente à tout le monde d'abord. Déclara-t-il tout aussi impatient.

_ Euh... je ne suis pas sûre que... Baragouinai-je totalement paniquée.

Il me coupa la parole en mettant un doigt sur ma bouche, attendit quelques secondes et continua en parlant beaucoup plus fort, pour que tout le monde l'entende. Toutes les personnes présentent se turent et Gabriel continua :

_ Chère assemblée, permettez-moi de vous présenter en chair et en os, votre Déiti. Tout le monde se mit à faire une gigantesque révérence et je me sentis extrêmement mal à l'aise mais j'essayai tant bien que mal de garder mon calme. Quand tous se relevèrent, Gabriel me présenta les plus grands de ce monde, plus personnellement.

Je dois avouer que je ne m'attendais pas du tout à ça. Ce genre de chose n'existait pratiquement plus chez nous. De plus, je dus supporter cette mascarade toute la soirée. Gabriel jouait son rôle de roi à la perfection. Il avait la stature, le bagou, la subtilité, tout ce dont je n'étais pas dotée. Il démontrait une telle confiance en lui que ça en était intimidant. Heureusement, ce beau brun aux yeux verts malicieux gardait toujours un sourire des plus chaleureux, à chaque regard à mon égard, ceci me rassura quelque peu et me permit de tenir. En effet, je crus que les présentations n'allaient jamais finir, quand elles se terminèrent, je m'échappai au plus vite vers Will. Il se trouvait avec la sœur de Matt et ils rigolèrent en me voyant arriver. Will savait que je ne supportais pas d'être mise en avant. Dès que je fus à ses côtés, je le pris dans mes bras, ce qui eu l'air de perturber un peu Cathy mais je la rassurai tout de suite. Will n'était que mon meilleur ami.

Grâce à cette échappée je pus passer la soirée avec mes amis. Ce qui je dois l'avouer était plutôt agréable.

Plus le temps passait, plus les invités disparaissaient, et plus vite qu'on ne le crut on se retrouva en petit comité. Gabriel nous rejoignit alors et me demanda discrètement si je pouvais l'accompagner, ce que j'acceptai. Il m'entraina vers le jardin où nous avions pris l'apéritif quelques heures plus tôt. On s'assit tranquillement sur un petit banc en pierre. Gabriel m'observa un moment et j'en fis de même. ­— j'avais un peu abusé de l'alcool et j'étais plutôt guillerette dirons-nous. — Après quelques secondes de silence et de regards échangés, le roi de Landréis prit la parole :

_ Vous ressemblez tellement à votre mère. Lança-t-il d'un air rêveur.

_ Cela fait deux fois que vous me le dites. Je ne savais pas que vous la connaissiez si bien. Enfin, je ne la connaissais pas alors c'est difficile de savoir si je lui ressemble ou pas. En fait, je crois que c'est cela qui me déstabilise le plus lorsqu'on me parle d'elle. Finis-je par dire de but en blanc.

_ Je ne voulais pas vous déstabiliser, je suis désolé. Mais c'est vrai que vous lui ressemblez beaucoup et pas seulement physiquement. Elle aussi détestait attirer l'attention sur elle. Ajouta-t-il en rigolant de manière frivole.

_ Disons que ce genre de chose ne se fait plus vraiment dans notre monde. Dis-je simplement.

_ Oui c'est vrai, j'oublierai presque que vous n'êtes pas réellement d'ici. Louis me l'a confié un peu plus tôt mais... c'est étrange.

_ Oh je pense que vous ne l'oublierez plus si nous restons dans les environs assez longtemps. Vous savez, j'espère réellement que vous pourrez m'aider à trouver ce que je cherche.

_ Je l'espère aussi. Je tenais tout de même à vous dire que vous êtes resplendissante ce soir. Déclara-t-il en me baisant la main.

_ Vous ne me feriez pas un peu de charme, par hasard ? Plaisantai-je un grand sourire aux lèvres.

_ Peut-être bien et le fait que je vous fasse des avances n'a pas l'air de vous gêner plus que ça. Répondit-il en s'avançant un peu plus de moi.

_ Avez-vous réellement 100 ans ? Lui demandai-je en me relevant avant qu'il n'arrive quoique ce soit mais vu le regard qu'il me lançait et mon état d'ébriété, ne pas céder à la tentation n'était pas joué d'avance.

_ ... C'est Leïla je suppose? Rétorqua-t-il après un instant d'hésitation, reprenant toute contenance. Oui, c'est mon âge mais je ne suis pas si vieux que ça. Louis l'est beaucoup plus. Expliqua-t-il en se relevant à son tour.

_ Ah ? Mais vous savez ça ne me dérange pas. Je veux dire vous êtes un homme très attirant. Je ne veux pas vous vexer...

Je ne voulais plus m'arrêter de parler tellement j'étais gênée par ma remarque mais Gabriel lui semblait plutôt amusé par ma confusion. Le roi se rapprocha de plus en plus jusqu'à mettre ses mains sur mes hanches, ce qui me stoppa net dans mon monologue. Il plongea son regard d'un vert éblouissant dans le mien et se rapprocha encore. Je sentis alors mon cœur battre la chamade puis il finit par poser ses lèvres sur les miennes et la tentation fut plus forte que tout. Les pouvoirs de l'alcool me poussèrent dans mes retranchements. Je lui rendis son baiser avec fougue. Avant que je ne dise quoi que ce soit il me souleva afin que je puisse enrouler mes jambes autour de lui, ce que je fis sans plus tarder et m'agrippai à son cou. Les baisers continuèrent de fuser. Il se retourna alors et me déposa délicatement sur une table non loin de là. Il souleva alors ma robe mais lorsque ses mains glissèrent sur mes cuisses je le bloquai instantanément, l'image de Liam remontant à mon esprit comme un coup de poing en pleine figure. Gabriel s'arrêta, me regarda un peu décontenancé puis me demanda ce qui n'allait pas. Je ne dis rien pendant quelques secondes mais des larmes commencèrent à couler toutes seules. Gabriel me releva et me prit dans ses bras pour me réconforter. C'était la première fois depuis le départ de Liam que je pleurais et je me sentais horrible de faire cela maintenant mais cette image avait été de trop.

Quelques minutes plus tard le roi de Landréis me proposa de me raccompagner à ma chambre, j'acceptais. Une fois devant la porte, je le remerciai et lui demandai pardon mais il secoua la tête, me sourit et m'embrassa sur le front avant de partir. Je refermai la porte au plus vite et me précipitai alors sur mon lit le temps de me calmer. Malheureusement la crise de remise en question ne faisait que commencer. Tout ce qui me passait par l'esprit était : comment avais-je pu le laisser partir ? Comment avais-je pu embrasser quelqu'un d'autre ? Même envisager de coucher avec un inconnu ? Quelle genre de personne ferait ça ? En fait, j'avais la parfaite réponse : une sale égoïste! 

L'héritage des DéitisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant