Chapitre 20

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Il me fallut presque une heure avant que je ne cesse totalement de pleurer et de me blâmer. J'eus le temps de prendre une douche et de me changer, quand j'entendis quelqu'un toquer à ma porte. Je l'ouvris et vis, planté devant moi, Léo :

_ Je suis désolé mais je ne trouve pas cette chambre de malheur. M'expliqua-t-il d'un air désespéré avant de voir mes yeux bouffis par le flot de larmes déversés un peu plutôt.

_ Viens tu n'as qu'à rester. Comment ça se fait que tu sois tout seul ? Demandai-je pendant qu'il entrait et que je me retournais au plus vite pour qu'il ne s'attarde pas encore sur mes yeux.

_ J'en avais marre, j'étais fatigué mais personne ne voulait partir. Ils sont tous trop bourrés alors je suis parti en me disant que je trouverai bien tout seul mais quelle erreur ! Ce château est un vrai labyrinthe !

Je me mise à rire et lui fis face, il m'observa un petit moment puis continua :

_ J'en connais une qui a pleuré.

_ Oh c'est rien. Je t'expliquerai un autre jour. Pour le moment, je vais me coucher. Je suis très fatiguée.

_ Je vais dormir par terre.

_ N'importe quoi ! Dors avec moi, ce n'est pas comme si c'était la première fois et puis on est assez grand pour savoir se contrôler. Sans compter que je n'ai vraiment aucune arrière pensée te concernant.

_ Oh merci...rétorqua-t-il comme piqué par ma remarque avant d'ajouter. Ok je dormirai sans couverture alors.

Je secouai la tête à cette réponse et souris mais j'étais trop épuisée pour polémiquer, alors je m'allongeai, plongeai la tête dans l'oreiller, fermai les yeux et m'endormis en quelques minutes.

Durant la nuit, je fis une sorte de rêve ou plutôt de cauchemar. Liam se trouvait face à moi et me menaçait de ne jamais sortir de cet endroit. Quand il me dit cela, j'observai la pièce et nul doute, je me retrouvai enfermée dans un cachot. Mes yeux s'arrêtèrent sur mes poignets attachés comme au moyen-âge. Je lui demandai alors ce qu'il faisait mais aucune réponse ne vint, juste des injures plus cruelles les unes que les autres puis un coup de poing en pleine figure que je ne vis pas venir, puis un autre. La scène changea tout à coup. Je n'étais plus attachée à un mur mais à moitié nue toujours dans le cachot, tenue par deux hommes. Et un premier coup de fouet vint s'abattre sur mon dos. Je lâchai un cri. Hurlai.

Léo me réveilla. Il me serra dans ses bras. Je n'arrivai pas à reprendre ma respiration. Je ne savais plus où je me trouvai. La porte de ma chambre s'ouvrit brutalement. Gabriel était là mais quand il me vit dans les bras de Léo, il comprit tout à fait autre chose et s'excusa d'être rentré. Malheureusement, je n'avais pas la force de me lever pour lui expliquer quoique ce soit. Léo comprit et partit à sa poursuite. Quand il revint ce fut juste pour s'assurer que j'allais bien et m'avertir qu'il allait essayer de trouver son chemin jusqu'à sa chambre pour se laver et se changer.

Lorsque je fus remise de mes émotions, je compris qu'il devait être très tôt et me décidai à prendre un bon bain. Après ce moment de relaxation, je voulus m'habiller avec la robe de Liam mais quand je la pris dans mes mains je ne pus me résoudre à l'enfiler. Quelqu'un toqua alors à ma porte. C'était Leïla, elle m'amenait justement une autre tenue. Elle ne me demanda absolument rien sur ce qu'il s'était passé et je l'en remerciai mentalement. Elle me conduisit ensuite vers la salle de réception d'hier où un petit déjeuner attendait patiemment sur une longue table. J'aperçus Gabriel au bout de cette table majestueuse. Personne ne se trouvait encore ici à part lui et quelques serveurs. Je décidai donc de m'approcher pour lui expliquer ce qu'il s'était passé même si Léo avait dû le faire, mais avant que je n'y arrive Louis entra dans la pièce. Je m'immobilisai et choisis un siège non loin. Louis vint s'asseoir à mes côtés et entama la conversation. Je suppose qu'il n'avait pas encore eu vent de ce qu'il s'était passé.

Quand le vieil homme eut fini, il repartit mais bien sûr mes amis entrèrent à leur tour. Aucun d'eux n'aborda le sujet de ce matin mais j'étais tellement gênée que je sortis au plus vite et découvris Leïla qui m'attendait devant la porte. J'en profitai pour lui demander de m'amener dans un endroit tranquille. Elle m'emmena alors visiter les jardins du palais, et je dois avouer une nouvelle fois que cette balade me ravit. L'endroit resplendissait, la rosée du matin embellissait les fleurs déjà merveilleuses et rendait ces jardins féériques. Alors que nous marchions tranquillement avec Leila sans qu'aucune de nous n'engage la conversation, une voix me héla et en quelques secondes Gabriel se retrouva à mes côtés. Leïla prit alors congés. Le roi d'Ambry et moi nous retrouvâmes enfin seuls. Au début, le souverain de Landréis resta discret et poli, il n'aborda pas le sujet fâcheux. Il se contentait de me parler de ce jardin qu'il avait lui même construit et façonné à son image car un de ses pouvoirs consistait à manipuler l'élément de la terre. Lorsqu'il aborda le sujet de ses pouvoirs, je ne pus m'empêcher de l'assommer de questions, auxquelles il répondit avec plaisir. Puis on en vint à mon cauchemar :

_ Léo m'a parlé de ce qu'il s'était produit, enfin sa version. Marmonna-t-il le regard fuyant.

_ Oui, je suis navrée si j'ai réveillé tout le monde. Je...ça semblait si réel...Dis-je d'un air pensif.

_ De quoi s'agissait-il exactement ? Si ce n'est pas trop indiscret.

_ L'homme que je côtoyais avant de venir ici était en train de me torturer et rien de ce que je ne pouvais dire ne l'arrêtait. J'étais piégée, effrayée. Répondis-je le regard dans le vide.

À cet instant, Gabriel souleva mon menton pour que je le regarde droit dans les yeux et déclara avec force :

_ Jamais je ne laisserai une chose pareille arriver.

Je souris et m'assis sur un banc non loin de là pour échapper à son regard qui m'envoutait littéralement. Il s'assit à mes côtés puis nous continuâmes notre conversation sur toutes sortes de sujets avant d'en revenir à ma mère. Gabriel me promit de trouver une peinture d'elle pour me montrer à quel point on pouvait se ressembler. Après ces longues discutions, le roi me raccompagna à ma chambre. Il me proposa également de le rejoindre à la bibliothèque une fois que je me serais reposée car une petite surprise m'y attendait et certainement quelques réponses à mes questions. Je réfléchis quelques secondes à cette proposition et acceptai bien vite. 

L'héritage des DéitisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant