CHAPITRE 5

15 3 0
                                    



Arrivée dans le salon, tout le monde avait disparu, je me retrouvai seule. J'avais dû passer beaucoup plus de temps que prévu dans mon antre. Je pris alors les escaliers et toquai à la première porte qui me tombait sous la main. Malheureusement pour moi, ce fût celle de Léo. Il ouvrit, vêtu uniquement d'un caleçon large, qu'il mettait généralement pour traîner ou dormir, ses cheveux châtain en bataille, et légèrement gêné. Il me demanda alors ce que je voulais en sortant de la pièce, que je supposais être sa chambre, et ferma la porte derrière lui. Ses yeux noirs me scrutèrent, attendant une réponse qui ne vint pas.

Revoir ce regard pesant me fit un petit pincement au cœur. Notre relation s'était terminée il y a un an. D'un commun accord nous nous étions séparés après quatre ans de relation intense. Les raisons de notre rupture ? Je suppose qu'à l'heure actuelle je peux mieux les comprendre : l'apparition de son don. Sans compter que le décès de mes parents m'avait plus que changé. Malgré notre séparation, nous étions restés proches et le revoir en sachant ce qu'il m'avait caché pendant tant de temps me chagrinait un peu. Cependant, je n'arrivai pas à lui en vouloir, il avait fait ce qu'il fallait pour protéger ses amis, qui étaient pour la plupart les miens également. Je mis donc un petit instant à répondre puis lui demandai de m'indiquer la chambre de Will, ce qu'il fit volontiers. Il me conduisit à la toute dernière porte.

Comme d'habitude, la musique résonnait à fond dans la chambre de mon meilleur ami, pourtant il nous ouvrit aussitôt. Il m'invita à entrer pendant que Léo retournait dans son antre où je remarquais une jolie blonde passant la tête par l'entrebâillement de sa porte. Je compris alors que c'était la nouvelle copine de Léo. Me détournant de la scène, je souris intérieurement, étant heureuse pour lui. Will me proposa de m'asseoir sur son lit et on se mit à discuter. Je lui racontai pendant qu'il m'écoutait avec attention :

_ Si je venais frapper à ta porte c'était surtout pour parler à quelqu'un de mes découvertes sur mes ancêtres.

_ Tu veux dire nos ancêtres ?

_ Non, je suis différente comme l'a dit Liam. Je pense que c'est assez visible d'ailleurs car je ne connais pas vraiment l'étendue de mes « dons ». Vous, vous êtes des magus tandis que moi... je suis une Déitis. Un être à part entière. Mes ancêtres existent depuis environ vingt siècles, ce qui veut dire qu'ils ou plutôt elles, puisque ce ne sont que des femmes, sont plus vieilles que vous.

_ Impressionnant. Ont-elles toutes été « gentilles », si on peut dire ça comme ça?

_ Non, toutes, exceptées deux d'entre elles, mais nous sommes très peu. Malheureusement, l'étendu de nos pouvoirs est grand et parfois certaines sont submergées par autant de puissance. Il y en a eu seulement six en vingt siècles. Je suis donc la septième. Le livre sur lequel je me suis penchée m'a surprise, il parle des Déitis de Praeteria. Je ne suis pas très bonne en latin mais il y a des mots qui s'en rapprochent et cela pourrait vouloir dire les « déesses de l'Au-delà ». Si tu veux mon avis, j'ai le pressentiment qu'il y a une énigme à résoudre. Je n'ai que le titre du chapitre, il semble que le reste ait été arraché. J'ai également le titre du bouquin : Déesse de terre invisible. Peut-être que je pourrais trouver un livre qui s'en rapproche.

_ D'accord, on peut t'aider peut-être ?

_ Non ça ira.

_ As-tu trouvé quelque chose qui pourrait expliquer ton comportement envers Liam ?

_ Pas vraiment, je vais continuer d'étudier ce livre.

_ Tu vas trouver une réponse, j'en suis sûr. Je fais confiance à ta curiosité. Bon sans vouloir passer du coq à l'âne, ça te tenterait de prendre une chambre en ces lieux ?

_ Tu es sérieux ? M'écriai-je.

_ Plus que sérieux, de toute façon le studio te coûte une petite fortune donc autant que tu t'installes.

_ C'est d'accord alors. Répondis-je en lui tendant la main comme pour passer un contrat.

_ Viens ! Je vais te montrer les chambres qu'il nous reste.

On en visita deux premières qui ne m'enchantèrent guère, alors on continua notre avancée en s'éloignant de la chambre de Will. Puis au bout d'une allée, mon meilleur ami tourna la poignée, poussa et me fit découvrir une pièce ravissante. Un lit à baldaquin, comme je les aime, trônait dans la chambre, beau et imposant. Les couleurs plutôt neutres et sobres s'accordaient à la perfection avec le parquet, qui finit de me séduire. William ne fut pas le moins du monde surpris.

Le lendemain, on passa la journée à déménager mon misérable studio dans cette chambre, grâce aux pouvoirs d'Eli cela se fit en un clin d'œil et finalement mon tableau intégra parfaitement la pièce. À la fin de la journée, vers 19h30, Will me proposa d'aller manger chinois en tête à tête pour parler et se retrouver sans tous ces secrets.

De retour à la villa, on retrouvait tout le monde dans le salon, y compris Christina, la copine de Léo. On s'affala sur le canapé où il restait pile deux places. Ils regardaient tous un match de foot. Je m'aperçus que Christina s'ennuyait à mourir. Pour ma part, les matchs de foot ne m'ont jamais dérangé, alors je continuai de regarder. À la mi-temps, je me levais pour aller me mettre en pyjamas.

Une fois dans ma chambre, je me changeai, m'allongeai sur mon lit puis réfléchis à toute cette folie qui était en train de me tomber dessus. Je n'avais aucune idée de ce qui allait m'arriver, ni de l'étendue de mes pouvoirs mais il fallait que je le découvre assez vite. Je me replongeai alors dans les quelques livres que j'avais emportés. Une nouvelle fois mes lectures ne me menèrent nulle part. À force d'acharnement et d'épuisement, je m'endormis entourée de mes bouquins.

Il faisait sombre, la pièce était remplie de bric et de broc. Où me trouvai-je ? Je n'en avais pas la moindre idée. La seule chose que je pouvais constater c'est que rien ne bougeait. On aurait dit que le temps était suspendu, comme un film mis sur pause, pourtant tout semblait extrêmement réaliste. J'observai à ma droite et ma gauche puis remarquai Will, Léo et face à eux, Liam. Ce dernier tendait la main vers quelque chose, j'essayai de suivre la trajectoire que celle-ci indiquait et mon regard se fixa sur une sorte de pendentif muni d'une petite clé. Je m'en approchai mais avant que j'ai pu faire quoique ce soit, le temps reprit son cours, la scène s'accéléra, je pus juste apercevoir une lumière aveuglante et entendre d'une voix unie un : « Ne fais pas ça ! »

Je me réveillai en sursaut, quelqu'un venait de frapper à ma porte, je me levai tout en lorgnant ma montre, il était minuit. Lorsque j'ouvris, Will se tenait face à moi, il me demanda si tout allait bien vu que je n'étais pas venue dire bonne nuit à tout le monde et qu'il avait entendu un cri en passant devant ma chambre. Je le rassurai et repartis dormir paisiblement. Aucun autre rêve de ce genre ne vint à nouveau me perturber cette nuit. 

L'héritage des DéitisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant