Chapitre 32

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- C'est Eren qui nous a abordé dans la rue. Il nous a demandé si on habitait ici avant et si on ne connaissait pas par hasard un dénommé Livaï Ackerman.

- Mais, tu, vous parlez anglais, en plus ! Vous étiez passés où, bordel de merde ! J'ai attendu de vos nouvelles pendant toutes ces années ! Je vous ai même cru morts !

- On le sait très bien.... Je pense qu'il va falloir que tu t'assieds, tu risques d'être surpris. Isabelle, je commence, ça te va ?

- Oui. Tu racontes mieux que moi de toute façon.

- Bien. Comme tu le sais, on a été adopté par la même famille, parce qu'elle pensait qu'on était du même sang. La directrice s'était bien gardée de dire la vérité, trop contente de se débarrasser de nous. Bref, ça tu sais. La suite aussi. On s'est rencontré dans ce parc et on est devenu amis. Le jour où on a disparu, c'est parce que notre famille d'accueil avait découvert que nous n'étions pas du même sang, alors ils voulaient mettre les choses au clair avec la dirlo.

- Le truc, c'est que cette vieille peau était morte entre-temps, et que c'est son assistante tout autant horrible qu'elle qui avait pris le relai.

- Elle avait dû décider de nous pourrir la vie parce qu'elle a déclaré que l'adoption n'avait pas été faite de manière légale, et que nos parents du moment pourraient avoir des problèmes s'ils ne repayaient pas pour l'adoption. Prix qui était bien plus élevé que le premier, puisque nous n'étions pas de la même famille avec Isa et qu'ils font des sortes de réductions pour ne pas séparer un frère et une soeur.

- Tu vois un peu la merde dans laquelle on était, Farlan et moi ? Nos parents n'étaient pas bien riches et nous savions les quatre qu'ils n'avaient pas l'argent pour pouvoir nous reprendre. Et porter plainte contre l'ancienne directrice était inutile puisqu'elle avait clamsé.

- Bref. C'est à partir de là que tout a dégénéré. Nos anciens parents sont rentrés sans nous et ont dû ramener nos affaires. Ils s'en voulaient tellement qu'on leur a écrit une lettre pendant leur aller-retour pour les remercier de tout ce qu'ils avaient fait pour nous, et on espérait les revoir un jour. En retour, ils nous ont donné leur numéro fixe pour les appeler à tous moments en cas de besoin.

- Comme des vrais parents.

- Wouah.... c'est pour ça que je ne vous ai pas revu ce jour-là.... Mais quand les recherches ont commencé, pourquoi vos parents n'ont rien dit ?

- Chantage. La directrice était une pute jusque dans la moelle.

- Isa, fais gaffe à comment tu parles.

- Pardon, vieille habitude.

- Qu'est-ce qui s'est passé après ? Pourquoi vous m'avez jamais écrit ?

- Oh, on l'a fait. Tous les jours même. Mais on a rapidement compris qu'elle déchirait les lettres sans même les poster. Ce qui fait que tu n'as jamais reçu nos lettres.

- Pourquoi elle vous détestait autant ?

- Eh bien.... Farlan, on lui dit ?

- C'est parce qu'elle était jalouse de notre.... proximité ?

- Elle vous détestait juste parce que vous vous aimez ? En même temps, avec un caractère pareil, tu m'étonnes que personne ne veux d'elle.

- Ça se voit tant que ça ? Qu'on s'aime, je veux dire.

- Je vous ai cramé depuis vos 10 ans.

- Merde. Bah, ça fait moins à dire, comme ça. Bien, je reprends. À peine un mois après notre retour, cette sorcière a fait en sorte que Farlan se fasse adopter par une famille dans le Nord, alors que moi c'était une famille dans le Sud. On avait pas notre mot à dire, du haut de nos treize ans. Le soir avant de partir, j'avais réussi à m'introduire dans le bureau pour trouver l'adresse de la famille de Farl'. On a pu s'écrire souvent, c'était au moins ça. À nos seize ans, on a chacun eu le droit à un portable, donc les lettres se sont transformées en message et en appel vidéo.

- Vous auriez pu m'écrire, à ce moment-là....

- On a essayé, mais l'adresse qu'on avait écrite avait été changée par la directrice. On s'en est rendu compte quand la lettre est revenue chez Isabelle avec le message comme quoi cette adresse n'existe pas.

- Une vraie pute, cette dame, pas vrai Lili ?

- Ouais. Elle faisait seulement avec vous ou avec tous les enfants ?

- Seulement nous. Et elle a pu terminer de se venger le jour où on a décidé de se revoir à Paris, et qu'elle nous a croisé. On avait eu l'accord de nos parents, de l'argent pour payer le train, et on avait prévu de passer la nuit chez toi, pour te faire une surprise. Sauf qu'on l'a croisée dans la gare, quand on venait juste de se retrouver.

- Elle a averti la police que deux jeunes avaient essayé de la pousser sur les rails, parce qu'elle nous connaissait de l'orphelinat.

- Si tu savais le nombre de truc qu'elle a inventé ! Même les conneries !

- Isa, arrête de me couper tout le temps, on va perdre Livaï sinon.

- Oh, je, pas de soucis, j'arrive à suivre.

- Donc, on se fait arrêter, et la police contacte nos familles. Elles les croient facilement, puisque c'est la police.

- Et on se fait placer dans une sorte d'institution en Angleterre pour les jeunes en difficulté. On a fait un an là-bas, avant que la police ne découvre le chantage de la directrice à notre première famille, qu'elle reçoive un appel anonyme qui parlait de maltraitance morale à l'orphelinat.

- La sorcière s'est faite arrêter et elle pourrit en prison, cette pute.

- Oh.... Vous avez eu une adolescence bien... remplie ?

- Ça tu peux le dire !

- Et maintenant ? Vous vivez où ?

- Comme on a dix-huit ans, on a pu faire une demande d'indépendance et vivre ensemble. On habite pas très loin et on voulait revenir au parc, puisqu'on était passé chez toi et qu'on a découvert que tu avais déménagé en Australie. On passe tous les jours devant, en espérant croiser quelqu'un qui saurait nous dire comment te contacter.

- Vous avez jamais pensé à me chercher sur Insta ?

- .....

- .....

- .....

- Je savais qu'on avait oublié un truc, Farlan !

- Je pensais pas que tu l'aurais installé, puisque t'aimait pas tout ce qui incluait du contact social....

- Ah.....

On se regarde fixement avant d'éclater de rire. Qu'est-ce qu'ils sont incroyables, ils ont pas changé !

Je me calme au bout d'un moment et décide d'appeler Mikasa, parce que ce sont ces amis aussi, mais qu'elle voulait me laisser un moment avec eux. Elle arrive rapidement avec ses deux acolytes et mes amis d'enfance recommencent leur histoire.

L'heure du rendez-vous arrive bien trop rapidement, mais je quitte les deux tourtereaux le coeur léger et avec deux nouveaux abonnés. Juste avant de voir le groupe, je retiens un instant la main de mon gamin.

- Eh, 'Ren....

- Oui ?

- Euh.. je.. je voulais te... te dire merci... de... de les avoir reconnus.

Je me redresse ensuite sur la pointe des pieds pour lui claquer un bisou sur la joue, avant de partir rapidement, les miennes complètement rouges. C'était idiot comme impulsion, mais vu sa tête, je suis pas le seul à avoir apprécié.

C'est décidé, quand on sera dans l'avion pour rentrer, on sera déjà ensemble. Je ferai tout pour.

Le Dieu de la MerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant