Chapitre 16

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- Je savais que mon neveu était vachement bien foutu pour sa carrure, mais je pensais pas qu'un beau gosse comme toi succomberait à son charme ! Ce devrait être lui qui rougit devant le plus grand, pas le contraire ! Merde ! Ça veut dire que Kuchel avait raison..... C'est Livaï qui va la mettre, hein ? Dommage, j'aurai pas la satisfaction de voir le nain marcher comme un canard hahaha ! Ben alors ? T'as perdu ta langue ? Ce serait légèrement con, hahaha !

- Putain Kenny ! Tu peux pas fermer ta gueule ?! Laisse mon frère tranquille ! T'es pas obligé d'être autant méchant !

- Je suis méchant ? Mais non ! Ce type n'est pas un fillette, il va pas aller chialer dans son coin, pas vrai ? Quoique vu comment il regardait Minimoys, je doute qu'il soit vraiment un mec, hahaha !

- Bordel Kenny ! Arrêtes de t'en prendre à lui ! Il a pas l'habitude de tes sales piques pleines de merde ! Avec Mikasa on est dans le bain depuis longtemps, et on fait partie de ta famille, mais lui te connaît même pas !

- Roooh, mais je rigoooole ! Il peut pas être une tapette ! Il fait du surf !

- Monsieur ! L'idiot fait pas de surf, il a peur de l'eau !

- Jean ! Ferme.Ta.Putain.De.Gueule ! fit Mikasa

- Je...je vais y aller, je crois..... murmura le gamin, avant de partir en courant. Merde, il a été blessé par Kenny, bien plus que ce que je croyais.

- Livaï ! Va avec Eren, je m'occupe des deux abrutis ici !

- Ok !

Je commence à poursuivre Eren, inquiet de ce qu'il pourrait faire. Me haïr à cause de ça, par exemple. Et je veux éviter ce cas de figure à tous prix. Je veux pas encore perdre quelqu'un que j'aime.....

Je continue ma poursuite silencieuse, préférant éviter qu'Eren ne me repère, sinon il s'enfuirait encore plus vite. Et comme je suis déjà passablement fatigué, ce serait vraiment embêtant. Je le vois tourner rapidement en direction d'un chemin caché par des feuillages. Si j'avais perdu mon gamin de vue, je serais passé devant sans le voir. Une sorte de passage secret ?

Je commence à m'enfoncer dans les feuillages, essayant de faire le moins de bruits possible. Malheureusement, ça me ralentit et je le perds rapidement de vue.

Merdemerdemerde.

J'arrive enfin à me sortir de ce merdier, et la vue qui s'offre à moi me coupe le souffle. L'océan à perte de vue, avec le soleil qui commence à se coucher, c'est juste magnifique.

Je sors rapidement de ma contemplation en entendant des sanglots.

L'enfoiré ! Il l'a fait pleurer ! Il l'a jugé sans le connaître, et ça l'a mis vraiment mal....

Je m'approche doucement de la cachette où s'est réfugié mon gamin. Pour éviter de lui faire peur, je fais en sorte qu'il m'entende arriver et qu'il voie mes pieds. Il manquerait plus qu'il ne fasse une crise cardiaque en me voyant apparaître de nulle part. Et avec sa fierté, il voudra sûrement sécher ses larmes.

- Hé, gamin ? Sors, tu veux ? C'est plein de terre, tu vas être tout sale.

- Maniaque jusqu'au bout des ongles, hein ?

- Tch. Allez, sors.

- J'suis pas présentable.....

- M'en fous, je t'ai déjà vu au plus bas plusieurs fois, c'est pas un peu de terre qui va me faire vomir, tu sais ?

- Même, je veux pas sortir.....

- M'oblige pas à venir te chercher.

- .....

- Sois près à assumer toutes les conséquences de tes actes si je me salis.

- Ok, ok ! Je sors.

- Bien.

Joignant la parole au geste, je le vois sortir du trou d'arbre dans lequel il s'était réfugié.

- .... Comment tu m'as trouvé ?

- Bah je t'ai suivi. C'est vraiment beau, ici. Pas étonnant que tu viennes t'y réfugier.

- ......

- Tu sais, il voulait pas être méchant. Il est tout le temps comme ça, il se croit drôle et n'a aucun filtre.

- ......

- Arrêtes de baisser la tête, j'ai l'impression que tu m'évites.

- Mh....

- Oï, regarde-moi.

Comme seule réponse, il baisse encore plus la tête. Ça commence à m'énerver.

- Oï, je t'ai déjà vu à moitié mort, trempé, en train de bander, complètement bourré et gêné à en mourir, alors c'est pas quelques larmes qui vont me déranger. Au moins, tu montres tes sentiments, ça prouve que t'es humain et que t'es ouvert aux autres. Pas comme moi....

- ..... Comment ça ? fit-il, la tête toujours baissée.

- Bon, on va faire un deal, toi et moi. Je te raconte un truc et tu me regardes. Je t'en raconte un autre et tu m'apprends quelque chose que je ne sais pas sur toi. Deal ?

- .... Deal....

- Tu vois quand tu veux. Y a pas un endroit où s'asseoir, ici ? C'est putain de dégueu partout.

Je vois un petit sourire apparaître sur son visage, avant qu'il ne se pose peu élégamment sur le sol.

- Bon, alors je vais me lancer. Vois-tu, je n'ai pas toujours été comme ça. Renfermé, si tu préfères. Avant que Mikasa ne déménage, on formait un groupe de quatre personnes. Mikasa, Isabelle, Farlan et moi. On avait seulement dix ans, mais on transformait le monde pour qu'il soit comme celui de notre imagination. Ça a été la période la plus heureuse de ma vie. Après, Mikasa a dû partir, et on est devenu les trois mousquetaires. Un pour tous et tous pour un, hein ? Je savais aussi que Farlan était amoureux d'Isa et que c'était réciproque. Et en tant que grand frère, je voulais les voir heureux. Ils ont été adoptés très jeunes, tu vois. Et par la même famille. Mais comme dans toutes les histoires, la fin n'est pas souvent une happy End. À treize ans, ils ont disparu, et je ne les ai plus jamais revu depuis. À partir de là, j'ai perdu le sourire et me suis renfermé sur moi-même. Je ne voulais plus d'amis du tout, j'étais toujours seul. Et ça m'allait, car je ne pouvais plus perdre d'être cher si j'en avais pas, pas vrai ? Et après, j'ai déménagé. Ça m'a fait ni chaud ni froid, je n'avais personne, comme prévu. Bien ! Regardes-moi, maintenant.

Il relève la tête et je me fige.

- Bah, pourquoi tu pleures de nouveau ?

- C-ce que t-t'as vécu, c-c'est horrible !

- T'inquiète gamin. En cinq ans, on prend l'habitude.

- M-même ! sanglota-t-il plus fort.

Je devais le fixer car il me regarda, me demandant ce qu'il se passait.

- Tes yeux.... Quand tu pleures, on dirait qu'ils sont encore plus vert qu'avant..... Comme si tes larmes les lavaient et les rendaient plus pur que jamais....

- Hein ?? Tu-tu trouves que-que j'ai de beaux yeux ??

- Non. Ils sont pas beaux, ils sont...... Je crois que.... je crois que c'est devenu ma couleur préférée.....

Pendant que je disais ces mots, je me rapprochais de plus en plus, inconsciemment.

Le Dieu de la MerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant