Le Dieu de la Mer

Chapitre 52

Nous sommes restés longtemps ainsi, assis sur mon lit à ricaner et rigoler. Elle était enfin redevenue elle-même, et j'étais on ne peut pas plus heureux.

- Je pense qu'il est temps de descendre. On a un connard à terrasser.

- Oui. Il est temps que ce type disparaisse de nos vies, une bonne fois pour toute. Il a beau être mon père d'adoption sur papier, ça fait longtemps que j'ai arrêté de le considérer comme tel.

Avec l'aide de ma cousine, je sors de mon lit et m'habille rapidement. Un passage de ma main dans mes cheveux et je suis comme neuf. On se sourit une énième fois avant de descendre.

Une fois en bas, l'ambiance change totalement. En entrant dans le salon, j'ai de la peine à reconnaître les lieux. Tout a été déplacé afin de créer un véritable QG et je dois me baisser pour éviter quelques fils qui relient des photos sur les murs au tableau au milieu de la pièce.

- Hum.... Qu'est-ce qu'on a manqué ?

- Ah ! Vous tombez bien ! Nous sommes en train de mettre en place la fugue d'Eren, comme personne à part nous ne sait qu'il est ici. Nous allons devoir créer de fausses preuves pour montrer qu'il était bel et bien parti et-

- Wow, wow, doucement champi. Vous êtes à l'étape 15 mais nous, on vient d'arriver. Contexte s'il te plait.

- Oui, bien sûr. Pour la quasi-totalité de la ville, Eren a disparu il y a quelques jours. Il y a eu des recherches en ville par les élèves, mais personne n'a l'air plus inquiet que ça. La police a même arrêté de suivre les traces d'Eren. Pourquoi ? La raison est simple. Grisha a rappelé la police dès le deuxième jour, disant que son fils était revenu de lui-même à la maison, car, je cite, « sa petite aventure s'était révélée bien plus fatigante et compliquée que prévue, et je ne voulais pas décevoir encore plus mes parents ». Mensonge éhonté que la police n'a pas cherché à confirmer, car Grisha connaît les bonnes personnes et a pu jouer de ses connexions. Il avait aussi averti, avec un ton plutôt menaçant, Mikasa et Carla de ne rien dire et qu'il réglerait ça lui-même.

- Wow, okay, mais ça n'explique toujours pas pourquoi le salon est dans cet... état.

- Permets-moi de continuer, blondi. J'ai contacté le grand patron pendant que tu pionçais et lui ai expliqué la situation. Je dois vous l'avouer, la raison première du pourquoi je suis revenu, c'était pour garder un œil sur un rat particulièrement coriace. Bien qu'il ne fallait pas l'éliminer, il avait infesté la... cuisine et on m'a demandé de l'en... retirer. Sans le tuer. Car un rat mort dans une cuisine, on peut se poser des questions. Si le rat était ami avec d'autres rats, les rats pourraient vouloir se venger, tu captes ?

- Oui, oui, c'était pas clair du tout, mais j'ai capté. Viens-en au point.

- Il a accepté de falsifié des vidéos surveillances, tickets de train et autres transports, accommodations et tout le reste. Nous pourrons donc prouver que le petiot est bel et bien à l'autre bout du pays.

- Et tout ça permettra de.... Non, quand même pas ? Vous voulez que le motif de son arrestation soit mise en danger d'autrui-

- Mise en danger d'autrui, non-assistance à personne en danger, mensonges aux forces de l'ordre, menaces et torture psychologique sur mineurs et adultes et j'en passe. La liste est longue.

Je regarde ma mère avec des yeux ronds. Je savais qu'elle s'y connaissait en loi et qu'elle pourrait mettre au tapis un avocat lambdas, mais pas à ce point.

- Ne me regarde pas comme ça, Armin m'a beaucoup aidée. Il a un véritable avenir dans le droit. Et tout ça n'est que le début. Un procès avec ce genre de chefs d'accusation va certainement ruiner sa carrière et son image publique, mais également le mettre à la merci de toutes les organisations de l'ombre. Pardonnez mon honnêteté, mais c'est un petit fils de pute qui mérite amplement ce qui lui arrive. Et il a mis son nez dans pas mal d'affaires qu'il aurait mieux fait d'éviter à tous prix. Une fois le procès perdu, car il va le perdre bien sûr, il sera comme un agneau lâché au milieu des loups.

- Eh beh, j'aimerais pas être à sa place. Mais tu es sûre que Carla acceptera qu'il se fasse presque lyncher en public ? Elle est bien trop gentille pour vouloir du mal à qui que ce soit...

- Détrompe-toi Lili. Ma mère est une vraie lionne. Certes, elle se bat pour protéger sa famille, mais ça fait longtemps qu'elle a arrêté de voir mon géniteur comme une partie de cette famille. Elle n'est pas au courant de ma présence ici, et je continue à penser qu'elle ne devrait pas l'être. Si elle change de comportement, même de façon minime, il le remarquera.

- Mikasa, c'est pour cette raison que je me suis permise de téléphoner chez toi afin de dire que tu resterais quelques jours chez nous pour te changer les idées. Grisha sait que nous savons, mais il ne sait pas tout ce que nous savons. Nous avons une longueur d'avance et nous devons en profiter.

- J'ai aussi mis le grand patron au courant de notre plan, et il est a proposé d'extraire le petiot d'ici afin de l'amener véritablement à l'autre bout du pays, accompagné bien sûr de moi-même pour le protéger au besoin. D'ici demain, des journalistes vont venir interviewer des gens dans la ville par rapport à la disparition d'Eren, car plusieurs élèves n'ont toujours pas de nouvelles et les parents recommencent à s'inquiéter. Il faut dire qu'ils n'ont pas dû trouver rassurant l'accueil « chaleureux » de la secrétaire de monsieur Jaeger quand ils ont appelé pour prendre des nouvelles du fils.

- C'est vrai que dire que « Eren reviendra quand il reviendra, c'est un grand garçon. N'allez pas penser qu'il a réellement disparu, ce serait une idée farfelue et fausse. »

- Et vous avez fait tout ça en quelques heures à peine ??

- ....Non. Nous avons préparé le gros de l'opération le jour où Eren a « disparu ». Les appels, les journalistes avertis, etc. Maintenant, il ne manque plus que tous les petits détails et l'action. Et ce n'est malheureusement pas la partie la plus facile. Kenny, Eren, préparez-vous. Vous partez cette nuit. Il est temps de dire au revoir. Si tout se passe bien, on se reverra tous ensemble au procès. D'ici-là, bonne chance.