Destins éloignés [Eruri] (TERMINÉ)

3. Nom.

« Erwin, ça va? » me chuchote Hange.

Je hoche la tête, mes yeux encore perdus dans la vague. Mon esprit est encore concentré sur le visage si parfait que je viens de découvrir. Je me demande de quelle ville il vient et de quelle descendance fait-il partie pour avoir hériter de cette beauté.

Un des domestiques me sort de mes pensées quand il pose une assiettes bien garnie devant moi. Je jette un coup d'œil un peu partout dans la salle et remarque que toutes les tables sont servies. Je fais attention d'éviter de croiser la silhouette du bel homme pour ne pas me reperdre dans ses yeux gris.

Mon père tapote sur son verre en cristal à l'aide de sa cuillère et se lève pour que l'attention soit sur lui.

« Merci à tous d'être venu ! Au repas, rôti de porc accompagnés de ses légumes de saisons, tout droit récolter de mes réserves privée, évidemment. » dit-il. « Bon appétit ! »

Les invités plongent tous sur leur assiettes comme si ils n'avaient pas mangé depuis des jours. Je n'ai pas vraiment l'appétit. Je me contente de jouer avec les petits pois dans mon plat. Je sens des regards se planter sur moi et je remarque le regard sévère de mon père, rempli d'indignation. C'est ma mère qui prend la parole, discrètement, pour ne pas avertir les invités de mon manque de politesse.

« Erwin, ta viande va refroidir. Et ne joue pas avec la nourriture enfin ! » me dit-elle.

Je soupire. Je n'ai vraiment pas envie de manger. Voyant ma mine décomposée, Hange me donne un coup de pied dans le tibia et me montre son assiette des yeux. Elle a déjà tout mangé. D'un mouvement rapide et discret, elle échange nos plats et commence déguster sa deuxième portion.

Occupés à débattre sur l'éducation des jeunes, les adultes n'y ont vu que du feu. Je souris à mon amie et je la regarde se régaler. Je ris presque intérieurement quand je remarque qu'elle a déjà terminé sa deuxième assiette alors que les autres n'ont même pas encore finit leur première.

Hange s'adosse contre le dossier de sa chaise et pose ses mains sur son ventre, signe qu'elle a trop mangé. D'un geste furtif, elle passe ses mains derrière son dos avant de défaire le nœud de son corset afin de desserrer un peu celui-ci. Je la vois soupirer d'aise et inspirer une grande bouffée d'air. Elle se tourne vers moi.

« Tu mangeras ma part du dessert ! Je n'en peux plus, j'ai l'impression que je vais exploser. » me chuchote-t-elle.

« Compte sur moi ! Merci, Hange. » dis-je.

« Pas de problème. Par contre, en échange, je veux que tu me dises ce qui te tracasse, tu n'arrêtes pas de fixer ton assiette depuis tantôt ! Et ne me fais pas croire que tu as un béguin pour de la porcelaine. » me dit-elle.

Je rigole à sa touche d'humour et j'acquiesce. Elle m'aide déjà assez comme ça, il est normal qu'elle sache ce qui trotte dans ma tête.

De longues minutes plus tard, tous les invités semblent avoir terminé leur plat et les serveurs commencent à débarrasser les tables. Je remarque quelques chanteurs, violonistes, accordéonistes et un pianiste débarquer dans la salle. C'est vrai que, selon la coutume, les invités dansent entre le plat et le dessert.