8. Lettre.

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Je bascule ma tête en arrière pour la poser contre le mur froid de la ruelle. Je me concentre sur les bruits aux alentours, bien qu'ils soient peu nombreux. J'entends les derniers paquets de neige tomber des toits des maisons les plus proches et je crois percevoir encore le bruit discret des pas de Livai dans la fine couche de poudreuse.

Je regarde la paume de ma main. J'y remarque une profonde plaie, ma foi douloureuse. Au moins, elle ne saigne déjà plus. 

Mon rythme cardiaque et ma respiration ayant reprit un tempo normal,  je me décolle du mur et m'engage dans la rue d'à côté. 

Dans la grande rue, je passe devant l'horloger et je jette un œil aux horloges pendues dans la vitrine. Elles indiquent 22h40.  Mince. Il faut que je me dépêche de prévenir Hange avant qu'elle ne lance une équipe de recherche à ma poursuite. J'accélère le pas jusqu'à commencer à trottiner. 

La neige, maintenant à moitié fondue, rentre dans les fines chaussures que je m'étais précipité à enfiler. Je ne sens plus le bout de mes pieds. Heureusement, je perçois au loin ma demeure. 

Arrivé au château, je m'engage vers l'arrière de la maison pour rentrer par la porte secondaire afin que personne ne remarque ma présence. 

Une fois rentré, je tourne le verrou de la porte et frotte mes mains entre-elles. Je me précipite à l'étage pour emprunter le téléphone de la bibliothèque et prévenir Hange de mon retour. J'encode silencieusement le numéro de mon amie et je porte le téléphone à mon oreille. Je fronce les sourcils quand l'objet rentre en contact avec ma blessure à la main. Elle décroche avant même la première sonnerie.

-"Erwin! Tu es vivant?" me dit-elle.

-"Non." dis-je en chuchotant.

Ignorant mon sarcasme, Hange continue. 

-"Et du coup, comment ça s'est passé? Tu as réussi à le convaincre?" demande-t-elle.

-"Je ne sais pas trop. On doit se revoir dans 2 jours." dis-je.

-"Tu joues avec le feu, Erwin. N'oublie pas que ça reste ton potentiel assassin." me dit-elle, d'une voix plus sérieuse. 

-"Je sais je sais. Je payerais les conséquences, si il y en a. Je te laisse, sinon toute la maison va remarquer ma présence. A la prochaine Hange!" dis-je.

-"Soit prudent, imbécile!" me dit-elle en guise d'au revoir.

Je dépose délicatement le téléphone sur son socle et me dirige à pas de loup vers la sortie de la pièce. Le plancher grince sous mon poids, je suis loin d'être discret. Je pose ma main sur la poignée et ouvre la porte. Soudain, je tombe nez à nez avec des cheveux gris. 

-"Seigneur!" 

Je reconnais le voix de Suzanne. Elle sursaute d'un bond et relève sa tête vers moi.

-"Ce n'est que vous! Me voila rassurée" dit-elle en un soupir. "Je pensais devenir folle en entendant des bruits de pas et des voix parler au beau milieu de la nuit." 

-"Désolé de vous avoir effrayé" dis-je en posant une main sur son épaule. 

-"Ne vous inquiétez pas. Mais, que faites vous à cette heure ci dans la bibliothèque? Il y fait mourant de froid!" dit-elle.

En effet, je remarque que tous les membres de mon corps sont en train de trembler de froid. Je souffle un bon coup dans le creux de mes mains pour tenter de les réchauffer. J'essaye d'éviter la question de Suzanne.

-"Je vais aller me glisser dans ma draps, je m'y réchaufferais." dis-je.

Elle me lance un regard attendrit voilé d'une légère émotion maternelle et me sourit avant de me laisser passer. Je la remercie d'un sourire et prends la direction de ma chambre.

Destins éloignés [Eruri] (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant