16. Place.

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/!\ Tw: Actes pouvant être reliés au suicide (expliqués de manière explicite, attention aux personnes jeunes et sensibles à ce sujet)/!\ 

Aujourd'hui les Ackerman sont censés passer devant le juge d'instruction pour connaître leur sentence. Cela fait deux jours que la famille d'assassins est retenue au cachot avant le verdict final. Deux jours que je n'ai pas pu voir Livai et ce n'est pas aujourd'hui que je pourrais venir à sa rencontre. J'ai peur, je suis terrifié. Terrifié à l'idée de le perdre. 

Au fond, c'est un homme bien, sans mauvaises pensées. Il faut simplement réussir à briser cette carapace froide et meurtrière qui l'entoure pour découvrir un autre Livai bien plus adorable. 

Je suis conscient, conscient des crimes qu'il a commis. Des nombreuses qu'ils ont enlevé, lui et le reste de sa famille. Il le faut, ils doivent payer pour leur actes. La décision du juge est irrévocable. 

Cette journée, comme les deux dernières, passe à une vitesse désagréablement lente. J'ère dans les rues de la ville en espérant tomber sur une bonne affaire pour me changer les idées. 

Les habitants vivent en bonne humeur. Échangeant, parlant, rigolant, sans se douter de ce qu'il se passe dans les sombres sous-sols de prison. Sans penser à toutes ces vies remise en jeu à chaque instant dans les bas-fonds de la ville. Je soupire.

Au bout d'un moment, je m'arrête devant une maison familière. Celle d'Hange.

Comme si mon esprit cherche un soupçon de compagnie et de réconfort, mes jambes me mènent automatiquement jusqu'à la porte d'entrée et ma main frappe trois coup sur le bois. 

Pour une fois, c'est Hange qui vient m'ouvrir. Elle affiche un air étonné en me voyant puis reprend son air habituellement agréable. 

-"Erwin?" me demande-t-elle.

-"On peut parler un instant dehors?" dis-je d'un ton sans humeur.

Elle hoche la tête et m'emmène derrière sa demeure pour que l'on prenne place dans le jardin. Le soleil, déjà bien présent dans le ciel, à sécher l'herbe humide et nous nous asseyons dans la pelouse, parsemée de petite paquettes sortant à peine de terre. 

Nous profitons un peu du calme que nous offre la nature et contemplons les fleurs naissantes sur l'herbe fraichement taillée. 

UA bout d'un temps, Hange brise le léger chants des oiseaux pour commencer la conversation.

-"Le verdict des Ackerman sort à quelle heure?" dit-elle. 

-"Aucune idée" dis-je d'une voix impassible.

-"Je suis sure qu'il y espoir que Livai s'en sorte sans trop d'encombre." dit-elle d'une voix qu'elle tente de faire convaincante. 

Je ne réponds rien, trop occupé à me morfondre intérieurement. Je m'allonge sur le sol vert et observe le ciel parfaitement bleu en écoutant les anecdotes qu'Hange me racontre pour me changer les idées.

**

Je sors de chez mon amie en fin d'après midi. Le soleil décline déjà. Je me demande si Suzanne est déjà au courant de la sentence des Ackerman. Je ne sais pas si j'ai hâte de l'entendre ou si je préfère ne jamais la connaître. 

Je passe devant le boucher, la poissonnière, les maraichers. Tous en train de crier que leurs derniers articles du jours sont en promotion pour liquider les stocks. Je marche à côté d'une étale qui vend joyeusement des pâtisseries en tout genre. L'odeur me parvient au nez. 

Je sais pertinemment que l'odeur des dernières viennoiseries sorties du four sent divinement bon mais, à cause de mon estomac tordu d'angoisse, je ne peux m'empêcher de mettre ma main devant ma bouche et accélérer le pas pour fuir cette odeur qui, étrangement, me débecte. 

Fuyant mon dégout soudain, je change de direction et me retrouve à passer par la place de la ville. Je fronce les sourcils en y voyant de nombreuse personnes rassemblées. Le marché se déroule pourtant le matin, pourquoi autant de gens sont-ils réunis ici? 

Je m'approche de la foule pour voir ce qui les rassemble ici. Je vois une grande estrade montée sur la place où deux membres des forces de l'ordre règnent dignement au dessus. 

Trois personnes se trouvent en retrait sur l'estrade. Leurs mains ligotées entre elles. 

C'est avec effroi que je reconnais parmi les trois prisonniers, Livai et James Ackerman.

Je lève les yeux un peu plus haut dans l'estrade. Mon sang se fiche, des frissons me parcours. Un hoquet de stupeur s'échoppe de ma gorge quand je remarque les trois cordes pendues qui n'attendent que d'ôter la vie des trois meurtriers. 

J'en perds tous mes mots, je voudrais crier, crier pour que Livai me voit, crier pour empêcher que cela se produise. 

Les deux policiers conduisent chacun leur tours les prisonniers pour passer leur tête à travers la corde. 

Je sens mes larmes couler à flot. J'observe le public qui a l'air d'apprécier cette scène pourtant affreuse. Ils crient, acclamant les policiers. 

Toute la foule commence un compte à rebours avant que la vie des trois meurtriers leur soit enlevées.

J'entend les gens autour de moi s'exciter quand le moment de la fin arrive. 

-"Zéro!" crie la foule.

Dans un craquement, les trappes retenant les pieds des trois homme s'ouvrent sous eux. Je ferme les yeux, ne voulant pas voir cette scène trop horrible. Ce que j'entends sont les seuls applaudissements de la masse de gens en délire. 

J'ouvre les yeux, relevant la tête vers l'estrade. 

J'y vois le corps de mon cher noiraud pendant au dessus du vide, une corde resserrée à son cou. 

Enfin, le cri qui est resté coincé dans ma gorge pendant ces longues minutes parvient à sortir. Un cri de désespoir, de tristesse, de colère.

Je suffoque, je tremble, croyant même assister à ma propre mort. Je m'effondre par terre, mon corps rempli de spasme douloureux, je peine à reprendre ma respiration.

-"Erwin?"

-"Erwin?" 

-"Erwin!"

Je me lève, le corps tremblant, la respiration haletante. Je regarde mes mains tremblantes d'effroi. Je relève la tête, contemplant l'étendue d'herbe qui m'entoure. 

Un cauchemar.

Ce n'était qu'un cauchemar.

Ma tête se tourne, remplie de sueur, vers Hange qui m'a réveillé de mon enfer. Elle pose sa main sur mon épaule  pour tenter de m'apaiser.

-"Tu t'es endormi dans l'herbe mais tu commençais à t'agiter beaucoup trop. J'ai préféré te réveiller. Suzanne à téléphoné, le procès des Ackerman est conclu." dit-elle.

Destins éloignés [Eruri] (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant