5. Menace

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Ma respiration est saccadée et de nombreux frissons parcourent mon corps à l'entente de la voix grave de mon agresseur. Ma vision est réduite à cause de la luminosité et je ne qu'apercevoir qu'une partie du visage de l'homme en question. Comme je ne peux pas bouger, je dévie juste mon regard pour l'observer. J'écarquille les yeux quand je vois des cheveux noirs et un magnifique visage parfaitement tracé. J'ai un mouvement de recule quand je le reconnais et je sens la lame de sa dague et resserrer sur ma gorge. Je pousse un hoquet de douleur et remarque quelques gouttes de liquide rouge tomber sur le sol et briller aux reflets de la lune.


« J'ai dit de ne pas bouger. » murmure-t-il.


Je tourne ma tête en sa direction.


« Livai ? »


Ses sourcils se froncent et je comprends vite que je ne me suis pas trompé sur son identité. Je profite de son léger moment d'incompréhension et d'inattention pour m'emparer de son poignet afin de le bloquer dans son élan. Je me retourne et m'empare de ses deux mains pour les plaquer au dessus de sa tête, contre le mur. Pour éviter qu'il n'utilise ses jambes contre moi, je suis obligé de m'appuyer contre son torse pour le bloquer de tout mouvement. J'essaye de calmer mon cœur qui bat à la chamade et regarde le petit noiraud dans les yeux. Il me fixe de son regard assassin. J'en ai des sueurs froides. Je vois un petit rictus provocateur se dessiner sur son visage.


« C'est toi, Erwin Smith ? » me dit-il.


Nos visages à seulement quelques centimètres, je sens son souffle. Je nie sa question.


« Pourquoi viens-tu de me menacer au couteau ? » je lui demande.


A son tour, il décide de sauter ma question et de ne faire comme si de rien n'était.


«Tch. Il a fallut que ça tombe sur le seul gars qui est venu me parler pendant la soirée. » dit-il.


Je pousse encore plus ses mains contre le mur et me presse d'avantage contre son torse pour qu'il réponde à ma question. Je l'entends pousser vif un hoquet de surprise avant qu'il ne serre les dents. Il inspire profondément.


« Tu me saouls. » dit-il en marmonnant.


Je fronce les sourcils. Mais avant que je ne puisse en demander d'avantage, il libère ses mains de mon emprise. Surpris, je me recule. Je ne me serais pas douté qu'il possédait un corps aussi musclé ! Il me donne un coup dans mon épaule et je me retrouve dos au mur d'en face. Alors que je pense en rester là quand il s'approche avec son couteau, je vois qu'il le range dans sa poche. A la place, je remarque son genou se lever et il me donne un coup puissant dans le ventre. Mon souffle se coupe. Je toussote après son coup. Je n'ai jamais reçu un coup avec autant de force. Je me replie sur moi même en tenant mon ventre entre mes mains et en tentant de reprendre ma respiration.


Je le sens se rapprocher d'avantage de moi et il effleure mon oreille avant de murmurer.


«A la prochaine, Erwin. ».


Je le vois partir et disparaître dans les nombreuses ruelles de la ville.

Après de longues minutes, je me relève tant bien que mal, une affreuse douleur à l'estomac. En titubant légèrement à cause du choc, je reprends mon chemin vers ma demeure.


Par chance, quand je rentre dans le château, tout le monde dort déjà et je me dirige dans ma chambre sans que personne ne me pose de questions. Je me change directement en enfilant des vêtements chauds pour réchauffer mes membres engourdis et c'est en enlevant ma chemise que je remarque les nombreuses tâches de sang. Je me dirige vers ma salle de bain pour me regarder dans le miroir. Je grimace envoyant la large entaille dans ma gorge. Elle n'est pas profonde, mais juste assez pour qu'elle ne cicatrise pas en une nuit. Je passe un coup d'eau dessus et j'en profite pour me faire une légère toilette.


Enfin prêt, je tombe dans mon lit, à bout de force. Je prends tout de même le temps de me mettre dans mes draps chauds et je fixe mon plafond pendant de longues minutes en repensant à ce qu'il vient de se passer.


Il est évident que je devrais en parler à mon père et à ma mère pour les avertir du danger qui me guette. Pourtant, une partie de moine veux pas dénoncer Livai. Il agit comme ça sûrement car quelqu'un le lui a demandé ! Un si bel homme ne peux pas commettre de meurtre, ce n'est pas logique.


Je pose mes mains sur mon visage. J'essaye de trouver une raison pour le défendre mais je sais que c'est seulement parce qu'il hante mes pensées depuis deux jours. Dans tous les cas, je ne serais pas capable d'expliquer tout ça. Cela impliquerait une confrontation entre nos deux familles et je ne pourrais probablement plus jamais l'apercevoir.


Je soupire.


Je suis si pitoyable à ne penser qu'à lui. Lui qui à tenter de me tuer, il y a quelques minutes ! Pourtant, j'y crois. Je suis sur que Livai un bon fond, il suffit juste que quelqu'un le lui face découvrir. Et cette personne, ce sera moi.



Je ferme enfin les yeux et je m'endors, la tête remplie de questionnement. 

Destins éloignés [Eruri] (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant