Chapitre 31 : Concours d'Alliances

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Les récits modernes tendent à prétendre que les mariages arrangés furent une abomination de tous temps. Certes, nul ne peut cautionner la vente d'une petite fille par sa propre famille à un homme plus âgé, pervers frustré car incapable de séduire proprement la moindre femme de son âge, pour des raisons "culturelles et religieuses". Il s'agit d'une traite d'humains basique et cruelle, encore en cours dans de nombreux pays, étrangement totalement hors du spectre des associations féministes.

Toutefois, que feriez-vous si vous aviez le pouvoir d'apaiser votre plus grand rival pour en faire un allié ? Si par une union symbolique et sérieuse, vous aviez l'occasion de changer l'équilibre des forces, de vous lier à un adversaire valeureux parce qu'il deviendrait votre parent et partagerait alors vos intérêts. Certes, le pari demeure risqué, et n'exclut pas toute possibilité de trahison. Les aristocrates des siècles passés ont pourtant démontré la valeur et la solidité des liens du sang, entraînant parfois des conflits d'accession, mais permettant néanmoins de longues périodes de paix et de prospérité.

J'entends déjà certains s'offusquer : "On ne peut pas marier une princesse de force ! Elle mérite de trouver l'amour et le bonheur comme tout le monde, et non d'être traitée comme un simple outil diplomatique.". Hélas ceci n'est qu'illusion renforcée par les adaptations hollywoodiennes déformées des contes de nos sages aînés ! Régner ne doit jamais devenir un privilège, sinon la classe dirigeante se comporte automatiquement comme une anomalie parasitaire à la société établie. Régner est une lourde responsabilité, un sacrifice courageux du bonheur individuel au profit de la prospérité de sa nation. David répétait souvent qu'un tyran se contente de dominer la plèbe par la terreur et la force, tandis qu'un véritable roi sait se gagner l'amour et le respect de ses sujets, car il se place constamment à leur service et non l'inverse. Après-tout, qu'est-ce qu'un ministre ? Sinon un simple fonctionnaire à notre service, exactement comme n'importe quel professeur, agent de police, ou facteur de village ! Il nous arrive trop souvent d'oublier que le pouvoir n'appartient qu'à ceux qui s'en montrent dignes, sans donc jamais chercher à savoir si nous le sommes.

Il incombe à chacun d'agir en fonction de ses responsabilités, même lorsque cela nous demande une abnégation totale de nos ambitions personnelles. En tant que servante dévouée, j'ai depuis appris la signification et les implications de ce long discours. Cependant, la jeune Lucy de 15 ans refusait d'être privée de vacances. Égoïste et colérique, confondant bonheur et divertissement, elle décida que nul ne la contraindrait à renoncer à la moindre minute d'amusement en compagnie de ses amis.

David avait prétendu être venu me parler après une forme de concertation générale. Bien que très déçue d'apprendre que nos amis avaient pu tenir de tels propos à mon insu, je refusais d'y croire naïvement sans aucune preuve ! J'ai donc mis au point une stratégie de riposte, même s'il ne restait à peine que quelques jours avant le départ. Si mon ex-chevalier s'imaginait pouvoir m'éloigner du groupe, même seulement temporairement, j'allais entrer dans son propre jeu et me débrouiller pour l'en faire lui-même définitivement exclure !

J'ai réellement passé plusieurs heures à réfléchir à mes prochaines actions, à organiser et préparer ma riposte. David connaissait certains garçons depuis très longtemps, leur amitié semblait donc complètement inébranlable. Il avait l'avantage de l'ancienneté, mais aussi probablement de la fiabilité puisqu'il se montrait toujours serviable et à l'écoute, tel un ange gardien silencieux qui veille constamment sur ses proches. Si je voulais remporter cette bataille, je devais me trouver un puissant allié, capable de prendre mon parti sans que notre adversaire ne puisse être pris en pitié. Pour cela, je devais inverser les rôles, faire passer David pour l'égoïste et le méchant. L'ange tomberait de son nuage, et tous le prendraient pour un démon !

Parmi les garçons de la bande déjà présentés au cours des chapitres précédents, vous n'en connaissez que 4, David inclus. Marco, grand-frère de Marie, obsédé par une version fantasmée de la culture japonaise car uniquement observée au travers du prisme des mangas. Jérôme, une espèce de brute au cœur d'or, un peu fanfaron et maladroit, mais toujours partant quelle que soit l'activité proposée. Et Alexandre, le gentil poète efféminé que tout le monde croyait gay. Il serait hypocrite de ma part de ne pas remarquer que j'avais déjà eu des rapports sexuels avec 3 d'entre eux. Sur un groupe de douze apôtres réguliers, cela représente déjà 25% du total, mais à ce moment-là je restais en dessous du score de Marie. Précisons toutefois que cette dernière avait flirté avec la moitié du groupe, été plus ou moins en couple à chaque fois, mais qu'elle prétendait être restée chaste avec la majorité d'entre eux. Information virtuellement invérifiable, évidemment.

La Laisse et le BaiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant