Promenades

Matière noire

Le voyage semblait interminable. Je la voyais juste fixer les étoiles par la fenêtre de sa chambre. Nous avancions lentement dans l'espace jusqu'à la prochaine planète habitable. Je ne la verrai jamais. Je vais mourrir dans ce vaisseau. Je fais ce voyage pour elle. Je fais ce voyage pour cet enfant qui grandit dans mon ventre. Mon mari est parti travailler quelque part dans le bâtiment. Je ne suis pas autorisée à travailler. Alors je la regarde regarder au dehors. Je lui propose des fois d'aller voir d'autres enfants, de jouer, d'aller à la piscine, d'aller faire du shopping, de manger une part de gâteau dans une pâtisserie du centre. Mais rien ne semblait lui donner le sourire. Elle observait imperturbable le dehors, assise par terre. Même sa fête d'anniversaire ne lui a pas arraché un sourire. Ses yeux constamment triste et son visage constamment fermé nous inquiétaient. 

Mais rien semblait y faire. Alors je m'assis à côté d'elle, par terre devant ce hublot d'où la matière noire était visible parmi les rares étoiles. 

Et moi aussi je contemplais à travers cette ouverture, la petitesse de mon existence.