OCTOBRE~1992.
CAMP N.8
J'ai 12 ans, je suis au cours élémentaire première année.
Depuis ma tendre enfance, je n'ai jamais dépassé les frontières de mon modeste village.
Ma famille et moi vivons tous ici, en Gambie. Au bord du fleuve, près de la Casamance.
Ici, nous sommes tous des réfugiés. La guerre à fait de nous des personnes apeurées dans notre propre village.
Nous vivons en harmonie avec d'autres personnes venus de la capitale. Et cela, depuis déjà 3 longues années.
Ça fait 3 ans déjà que ces guerres politiques durent et pourtant, c'est comme si les tirs avaient seulement éclater hier.
Ils ont alors transformé nos villages, en camp pour ses personnes aisées. Nos terres en espace festif. Nous, en servants. Lamentable.
Tout ceci est lamentable. Mais bon, que pourrions-nous faire de plus ? Simplement observer et obéir.
Car même dans ce moment de crise, l'argent avait toujours su faire de l'ombre à l'humanité.
C'est comme ça. C'est ainsi.
Ici encore, notre quotidien a été boulversé par l'arrivée des troupes anglaises. Nous sommes surveillés par ces gens armés, ou du moins "protégés".
Nous vivons à l'égard même des armes et du feu. Mais que pouvons-nous faire ?
Il y a 3 ans, ils ont enrôlés de force les hommes les plus solides et prêts à l'affront. A cet époque, je n'avais que mon père dans ma vie.
N'ayant jamais connu ma génitrice. Papa disait toujours, elle s'était en allée mais que nos âmes se retrouveront un jour.
Moi, je ne pouvais qu'y croire. De toute façon, qu'allais je faire ou dire à mon si jeune âge.
Et malheureusement, mon papa avait lui aussi été enrôlé avec d'autres hommes du village. Plus d'une centaine environ.
Sans même leur laisser le libre choix. Par cela, papa m'avait ensuite confiée à son frère Hassan avant son départ.
La boule au ventre, je m'étais résiliée à accepter cette décision. Mais de toute façon, avais-je vraiment le choix ?
Non.
À 9 ans, j'avais du apprendre à tenir correctement un foyer. Je faisais la cuisine, le ménage et même les besoins et services de toute la famille.
Et pourtant, je n'étais que la nièce de mon oncle. Pas sa femme. Mais tante Isatou, disait que c'était ma formation pour mon propre foyer.
Je ne pouvais pas me plaindre. Ils avaient déjà été assez reconnaissants en me gardant chez eux. C'était le minimum que je pouvais apporter.
Là-bas, je dormais à même le sol. Sur un vieux pagne dans la petite cuisine que nous avions. Je n'avais pas le droit de partager la chambre avec les enfants. Après tout, qui étais je?
De toute façon, cela ne me déplaisait pas. Mais, lorsque la saison se faisait ressentir, je n'avais que mes maigres bras comme couverture.
Néanmoins, je fréquentais. Même si cela n'était pas très facile pour moi, je pouvais au moins m'épanouir.
Un bien grand mot.
Dans notre village transformé en camp, l'armée avait reçu l'ordre d'agrandir l'école locale. L'état, ne voulait pas voir sa jeunesse périr.
Sans doute.
En classe, nous étions une bonne quarantaine selon les niveaux. Ici, la majorité des enfants avaient mon âge. Nous étions tous amis.
Enfin. Eux, étaient amis. Moi, j'étais celle qui avait juste été associée à leur parfait tableau. Cette tâche sombre, au milieu du blanc.
Ils disaient tous. Adultes et enfants, que je n'étais qu'une traite. Que j'étais, de l'autre côté de la raison. Parce que, j'étais chrétienne et eux musulmans.
Ne me demandez pas pourquoi je ne saurais vous répondre. Toute notre famille était musulmane. Du moins, ceux que je connaissais.
Mais papa et moi étions de la religion chrétienne. Et ça, sans que je sache comment ni pourquoi.
Papa disait qu'il n'y avait pas de différence. Que nous prions toujours Dieu. Mais s'il voyait les regards des gens ici, lui même ne serait plus convaincu de ses dires.
Dans cette école, j'étais la risée de tous. Et pas que pour ça. Pour bien pire...
Vous me demanderiez sans doute ce que j'avais commis. Mais, la réponse était rien. Rien. J'avais simplement eut tort, de vouloir parler.
Mais de quoi même ? À 12 ans que pouvais je oser dire sans l'autorisation d'un adulte ?
De surcroît, la jeune femme en devenir que j'étais n'avait pas à parler là où les aînés mettaient leurs bouches. Là où, les hommes parlaient.
Ah, j'oubliais. Des instituteurs venus de Banjul se joignaient à cette pièce de théâtre. Les règles étaient simples pour accéder à l'école.
Être âgée d'au moins 10 ans. A cet air où nous vivons, les chefs du village avaient décidé que les enfants de moins de 10 ans ne soient scolarisés.
Il fallait qu'ils grandissent encore. Parce que selon eux, apprendre était quelque chose d'important. Il fallait être responsable pour y trouver de l'intérêt.
Encore heureuse, que les femmes avaient été admises dans cette école.
Quelle joie même. Bien fade tout au plus.
De toutes les façons, même pour les enseignants je n'étais pas la bienvenue. Il suffisait de voir leurs regards sur moi.
Notre institutrice même me qualifiait de diable. D'enfant perverse et insolente. Plus loin encore, de cuisses légères.
Avec le temps j'avais bien pu cerner ses mots. J'avais même pu mettre une signification à l'étiquette qu'elle m'avait collé.
Mais, je ne savais toujours pas pourquoi elle dissipait d'aussi horribles mots à une jeune fille.
Sans doute, parce que j'avais essayé de me confier. D'ouvrir ma bouche au gré de mes maux. J'avais probablement eu tort de le faire.
Il ne fallait pas parler. Sous peine, d'être rejeté. C'est ce que la société m'avait apprise.
Mais peut-être que ça n'était pas si mal au final. Peut-être, que ça devait être ainsi.
Tonton avait à coup sûr raison. Ses mains ne pouvait pas me faire du mal. Au contraire, elles devaient me procurer satisfaction.
Si cela ne pouvait me tuer, alors ce n'était pas quelque chose de mal.
S'il le faisait, c'est que c'était normal. Après tout, il ne pouvait pas me faire de mal.
Il m'aimait, il le disait. Bien plus que sa femme encore.
Mais, je savais que c'était mal. Que c'était indécent.
Mais surtout, j'avais besoin d'aide. Besoin de retrouver mon innocence. Retrouver ma vie volée.
J'avais besoin de mon père...
******
[INDECENCE]~Rendez-moi mon innocence!
J'espère que cette nouvelle histoire vous plaira.
Bonne lecture.
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INDÉCENCE
General Fiction- Malhya, j'ai besoin de toi dans ma chambre! - J'arrive mon oncle. Disait-elle la tête baissée. - Ne fais pas attendre ton oncle. Vas tout de suite! La fillette observa longuement l'épouse de son oncle. Laissant échapper un filet de larmes, avant...