INDÉCENCE

18

Ce matin là, je m'étais réveillée très lourdement comme les jours qui avaient suivis l'annonce.

Ça faisait un peu plus d'un mois que j'avais appris pour ma grossesse et franchement, je ne savais vraiment pas comment prendre la chose.

J'avais beau me dire que ce n'était rien de grave mais, je savais pertinemment qu'une grossesse n'était pas une chose à prendre à la légère.

Surtout, que je ne savais pas qui était l'auteur de cette dernière.

Ni d'ailleurs comment cela c'était produit

Ma tante m'avait pourtant dit de ne pas m'approcher des hommes quand j'avais mes règles que cela pourrait avoir d'affreuse conséquences.

Je ne l'avais pas fait. J'avais même obéit à tout ce qu'elle m'avait dit concernant mes règles. Mais, voilà que je m'étais retrouvé dans cet état.

J'avais cru comprendre qu'il fallait entretenir certains rapports avec des hommes pour pouvoir tomber enceinte, c'est Sarah qui me l'avait dit lorsque la nouvelle avait parcouru le village.

Alors, entre mon oncle, Mr Lamin et ses collègues, je ne savais vraiment pas de qui ça pouvait être.

A vrai dire, ça m'était bien égal.

Tout ce que je savais, c'est que quelque chose grandissait en moi et rien que pour ça, j'étais encore plus pointée du doigt qu'avant.

Les gens du village n'avaient pas tardé à avoir l'information. Hum, il faut dire que ma tante s'était arrangée à partager " la bonne nouvelle" à qui le voulait entendre dans le village.

Et là, c'était bien pire qu'avant. Si avant j'étais pointée du doigt pour tout ce que j'avais bien pu faire jusqu'ici, maintenant, plus personne n'osait s'approcher de moi.

Ma vie était détruite. Je ne méritais pas de vivre disaient-ils, d'ailleurs moi même je n'en ressentais plus le besoin.

"Ils m'avaient tous détruite" du plus grand, au plus petit.

- Madame réveille toi!

Elle me bousculait sans ménagement et avec insistance. Jusqu'à ce que je puisse enfin ouvrir les yeux.

- Bonjour ma tante.

Je me redressais sur la natte où je me couchais avant de lui faire face. Elle semblait comme toujours en colère et prête à rougir.

Si je ne la connaissais pas si bien j'allais prendre peur, mais heureusement j'étais déjà bien habituée.

- Pardon garde ton bonjour pour toi et va te dépêcher de préparer le repas, il est presque que 6 heures du matin.

J'hochais simplement la tête et me relevais sans parler. Après tout que pouvais-je bien ajouter à cela. L'ordre était très clair.

Je me dépêchais pour faire ce qu'elle m'avait ordonnée de faire. Il fallait donc que je fasse de la sauce d'arachide et du riz.

Je pressais le pas car je ne voulais pas être en retard au cours une énième fois. Il fallait donc que je me dépêche.

J'avais passé près de deux heures à tout faire pour que la nourriture soit prête. J'avais aussi nettoyé la maison, la cours et la cuisine pour ne pas que ma tante trouve le moyen de me blâmer.

- Malhya!?

Je me retournais et faisait face à mon oncle. Prêt à aller diriger la prière de ce matin.

- Bonjour mon oncle. Je m'abaissais légèrement en signe de respect pour lui.

- Comment vas-tu ma fille? Et qu'est ce que tu fais encore? Les autres ont déjà pris le chemin de l'école depuis.

- Je vais bien tonton, je m'occupe juste de la maison avant d'y aller.

- Non non laisse tout ça et vas te préparer pour l'école, sinon tu vas être en retard.

- Mais tantine m'a demandée de le faire.

Il m'avait arraché le balais des mains et s'était mis à nettoyer la cours.

- Vas te préparer je vais le faire pour toi, tu es enceinte et tu dois te reposer.

- Non tonton je vais le faire moi même, c'est pas la peine de m'aider.

- J'ai dit d'aller t'apprêter pour l'école et ne discute plus avec moi.

J'avais juste lancé un d'accord et l'instant d'après, je me trouvais dans la petite douche en tôle qui se situait dans un coin de notre cours.

Je m'étais déshabillée aussi vite que je pouvais et sans m'en rendre compte, je passais une main délicatement sur mon ventre.

Il prenait peu à peu forme mais n'était toujours pas distinguable par dessus mes vêtements.

Et ça, ça me convenait.

Je me lavais au plus vite et retournais près de notre case. Je décidais de me diriger au plus vite vers la chambre et me changer.

Mais alors que je traversais la cours, j'avais surpris une discussion entre mon oncle et sa femme.

- Non non Hassan je ne suis pas d'accord, tu ne peux pas faire les tâches domestiques alors que nous avons une fille dans la maison.

Je la fixais et ne pouvait m'empêcher de penser qu'elle était vraiment une femme horrible. Mais bon, c'était tante Isatou dans toute sa splendeur.

- Isatou elle est enceinte elle a besoin de repos, de plus elle était en retard pour l'école. Je ne vois pas en quoi l'aider est un problème.

- Et ça fait quoi? C'est nous qui l'avons donc mise enceinte? Ou bien tu t'y reconnais dans cette his...

Je les regardais parler alors que ma tante avait déjà remarqué ma présence.

Elle m'avait juste toisée puis s'était à nouveau concentrée sur leur échange.

- Tais-toi!! Femme stupide, c'est ma maison et c'est à moi de décider. Si j'estime qu'elle devrait se reposer ça ne te concerne pas.

- Mais...

- Il n'ya pas de mais qui tienne. D'ailleurs prends ça et termine le travail.

Il lui avait comme jeté le balai et c'était ensuite retourné vers moi.

Bien fait pour elle, disais-je au bout de mes lèvres.

- Toi! Dépêche toi de t'apprêter et d'aller à l'école au plus vite.

- D'accord mon oncle

Je l'avais écouté et j'étais allée enfiler mon uniforme. Mes sandales aux pieds et mon cahier dans mon sachet, je décidais de prendre la route de l'école avant de croiser tantine Isatou.

Juste là, assise sur un tabouret à me fixer étrangement.

- Bonne journée tantie. Disais-je le plus poliment possible.

Et ensuite, je commençais la marche.

- Oh madame!? Reviens ici!

Je rebroussais chemin et la vis toujours à la même place. Alors d'une voix à peine audible j'osais parler.

- Oui ma tante?

- Ce n'est pas parce que Hassan m'a réprimandée devant toi que tu vas croire que nous sommes des égales. La prochaine fois que je te demande de faire la moindre chose et tu oses te plaindre tu ne vas pas croire à ce qui va t'arriver. Tu as compris ?

- Oui tantie.

- Maintenant dégage devant moi, idiote!

******

[INDECENCE]~Rendez-moi mon innocence!