10

324 30 7
                                    


Tous les habitants du village s'étaient réunit autour de nous. Au milieu, il y avait moi mon oncle et ma tante. Nous faisions face au chef du village et à certains anciens qui étaient présents.

- Il est là. Avait crié un jeune homme.

Ce même garçon à qui avait été confié la tâche, d'aller chercher monsieur Lamin.

Nous étions arrivés ici au premier rayon du soleil. Alors même que les coqs chantonnaient.

- Bonjour à tous. Monsieur Lamin retirait son chapeau de militaire puis s'abaissait légèrement devant les aînés. Signe de respect.

Dès notre arrivé ici, il n'avait pas fallu longtemps pour que les gens s'attroupent.

Vous savez, nous sommes une petite communauté. Et ici, les seuls problèmes auxquels sont confrontés la chefferie, sont ceux liés aux disputes entre couples ou aux travaux champêtres.

Alors, une histoire de viol était forcément bien plus "croustillante".

- C'est vous Monsieur Lamin ? Avait demandé Monsieur Njie, le chef du village.

- Oui c'est bien moi.

Sa réponse avait suscitée d'innombrables critiques des gens. Alors que certains chuchotaient dans l'ombre, d'autres ne se gênaient pour faire sortir leur ressenti.

«C'est donc lui le violeur? Un beau garçon comme ça.»
«Ce n'est pas possible ces gens mentent.»
«S'il l'a violée s'est qu'elle l'a provoquée. Les petites filles d'aujourd'hui ne savent pas se comporter devant les hommes.»
«Hum... cet homme ne ressemble pas à un violeur dèh.»
«Peut-être le monsieur l'a juste touchée et ils l'accusent déjà de viol.»

- Alors Monsieur Lamin je vous ai convoqué ici ce matin, parce que ses gens là ont déposé une plainte contre vous.

Il s'était retourné pour nous fixer. Et dès que son regard avait croisé le mien, j'avais pu lire sur ses lèvres un fin sourire.

Il savait pourquoi il était ici. Et il n'avait même pas peur...

- Est ce que vous les connaissez ?

- Hum pas vraiment. Enfaîte je connais juste la jeune file ici présente. Malhya.

«Peut-être qu'ils sont ensemble.» avais-je entendu.

- Alors vous avez une idée de pourquoi vous êtes ici?

- Non non. Je ne sais pas.

Je regardais ma tante s'asseoir près d'un groupe de dame alors que mon oncle se trouvait désormais sur une chaise près des anciens.

Et seul Monsieur Lamin et moi, étions toujours debout. Face à tout le monde. Je croisais mes bras sous ma poitrine et fixais le sol.

J'attendais juste la fin avec impatience. Espérant qu'il puisse reconnaître sa faute.

- Monsieur Hassan qui est là; il pointait du doigt à mon oncle avant de poursuivre; est venu me voir très tôt avec sa famille. Ils disent, que tu as abusé de leur nièce hier alors qu'elle se rendait au champ.

Après ces mots, les gens s'étaient mis à parler tellement fort, que Monsieur Njie avait intervenu. Ils semblaient pour certains choqués et pour d'autres, c'était un commérage de plus à leur liste.

INDÉCENCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant